A gauche: retour de la corvée de bois au Nepal
En principe, les activités forestières communautaires sont celles qui:
reconnaissent la relation étroite existant entre les femmes, les hommes et les arbres qui les entourent;
se basent sur le savoir local des femmes et des hommes concernant la gestion et l'utilisation des ressources forestières;
prennent en considération les besoins en ressources forestières des divers membres de la communauté et aident à accroître les avantages que hommes et femmes ruraux, surtout les plus pauvres, tirent de la forêt;
font participer hommes et femmes ruraux à la définition, à la conception, à l'exécution, au suivi et à l'évaluation des projets.
La foresterie communautaire a incité les forestiers, de même que les écoles et les services forestiers, à repenser leur rôle et à élargir leur conception de la foresterie afin de viser des objectifs dans lesquels l'arbre est envisagé comme une ressource destinée à satisfaire des besoins locaux. Pour de nombreux forestiers, c'est là une perspective nouvelle qui leur permet de concevoir des programmes tenant davantage compte des priorités globales de développement de leur pays.
La foresterie communautaire repose sur deux critères fondamentaux:
La foresterie communautaire est une approche systémique et multidisciplinaire qui fait intervenir l'anthropologie, l'agriculture, la nutrition, le droit, etc.
La foresterie communautaire est axée sur les interactions entre l'homme, les arbres et la forêt.
Les liens entre les arbres et les facteurs économiques, culturels et de milieu naturel qui conditionnent la vie des populations, sont de trois types principaux:
Les arbres exercent une influence sur l'existence des femmes et des hommes ruraux en fournissant des produits qui satisfont les besoins élémentaires de la famille;
Les arbres affectent la vie économique des populations rurales en créant revenus et emplois;
Les arbres jouent un rôle important en protégeant et en enrichissant le milieu naturel ambiant.
La manière dont les arbres exercent ces trois influences peut varier selon la situation socio-économique, l'âge et le milieu socio-culturel d'une personne donnée. Il existe en outre un certain nombre de différences qui, dans une large mesure, sont attribuables au sexe. Dans certaines cultures, par exemple, il y a des arbres d'homme et des arbres de femme. Souvent, hommes et femmes ne considèrent pas de la même façon la valeur des diverses ressources forestières. La femme peut se préoccuper avant tout de trouver assez de produits des arbres et de la forêt pour satisfaire les besoins immédiats de sa famille, tandis que l'homme se soucie avant tout des produits forestiers marchands qui peuvent rapporter de l'argent.
Bien que beaucoup de femmes s'intéressent aux revenus en espèces dans certaines régions, on ne leur permet pas de participer à des activités forestières génératrices de revenus. Même lorsque hommes et femmes peuvent tirer un profit financier des produits de la forêt, les produits vendus par les hommes et ceux vendus par les femmes sont souvent différents. En fait aucune généralisation n'est possible et les données valables dans une zone ne sont pas applicables ailleurs, même quand il s'agit de savoir lequel des deux sexes se charge de récolter ou de vendre un certain type de produit.
Arrosage de jeunes plants en Thaïlande
Dans certaines zones de l'Indonésie, par exemple, le rotin est récolté seulement par les femmes, dans d'autres par les hommes seulement, dans d'autres encore par les hommes et les femmes. De même, ce sont les femmes qui, en général, ramassent le bois de feu pour la maison, et pourtant dans certaines régions les hommes participent à cette tâche. Des études ont démontré que d'habitude les hommes jouent un rôle moins actif dans la cueillette et utilisent les produits tertiaires des arbres moins fréquemment que les femmes. Les différences qui existent entre l'utilisation faite par les hommes et par les femmes des ressources de la forêt, et le fait que les femmes participent rarement aux projets soulignent la nécessité de soumettre les besoins des femmes à un examen spécifique. Ces besoins nécessitent une attention particulière parce que:
bien que les femmes soient des utilisatrices et gestionnaires actives des ressources forestières, la foresterie reste le domaine des hommes, et le rôle des femmes demeure souvent ignoré par les décideurs et par ceux qui élaborent les projets;
les femmes et les hommes utilisent de manière différente les ressources forestières, ce qui influe sur leurs motivations à participer aux diverses activités forestières;
les femmes peuvent subir des contraintes culturelles particulières à l'égard de la terre et des ressources naturelles, qui les empêchent de participer aux décisions et aux activités projets forestiers;
pour de simples questions de justice et d'équité.
Les femmes jamaïcaines ont convaincu le hommes d'appuyer le reboisement
Le présent guide s'adresse à des personnes connaissant les méthodes de collecte des données et de la planification des projets et ne prétend pas être un manuel ni d'évaluation rapide ni de formulation des projets. Il se propose d'indiquer à ceux qui conçoivent et exécutent des projets forestiers communautaires comment améliorer leur travail en tenant compte, d'une manière plus active, du rôle de la femme.
Le succès des programmes et des activités de foresterie communautaire dépend de la prise en compte des besoins des femmes. Afin de s'assurer que tant les objectifs immédiats des projets que leurs buts socio-économiques plus globaux soient atteints, et en vue de maximiser la rentabilité économique des investissements, ceux qui conçoivent et exécutent les projets devront:
s'intéresser aux femmes;
poser aux femmes les questions appropriées;
mettre en oeuvre un processus d'insertion des femmes.