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Première partie: EXAMEN DES PETITES ENTREPRISES DE TRAITEMENT DES PRODUITS FORESTIERS


LES PETITES ENTREPRISES DE TRAITEMENT DES PRODUITS FORESTIERS: UNE VISION D'ENSEMBLE

LES PETITES ENTREPRISES DE TRAITEMENT DES PRODUITS FORESTIERS: UNE VISION D'ENSEMBLE


Caractéristiques fondamentales
Perspectives de croissance
Les problèmes
Marchés et commercialisation
Accès aux matières premières
Accès aux financements
Développement et transfert de technologie10/
Capacités de gestion12/
Cadre institutionnel
Conclusions et suivi

Caractéristiques fondamentales

Les petites entreprises rurales constituent globalement une source de revenus pour les pays en développement qu'on ne peut souvent comparer qu'à l'agriculture en termes d'importance de l'emploi rural actuel. A mesure que décroît la capacité du secteur agricole de créer de nouveaux moyens d'existence, de plus en plus de ruraux devront à l'avenir se tourner vers les petites entreprises pour trouver un emploi.

Dans l'ensemble de ces petites entreprises, les petites industries de fabrication et de transformation forment la composante la plus importante. Dans les six pays examinés1/ les petites entreprises de transformation représentaient de 37 à 80 pour cent du nombre total d'entreprises et de 42 à 63 pour cent de tout l'emploi créé par ces petites entreprises.

1/ Fisseha. Y. Aspects fondamentaux des petites entreprises rurales de traitement des produits forestiers dans les pays en développement. (Dans cette publication).

Les six pays examinés sont: le Bangladesh (1978/80), l'Egypte (1981/82), le Honduras (1979/80), la Jamaïque (1978/80), la Sierra Leone (1974/75) et la Zambie (1985).

En ce qui concerne le nombre total des petites entreprises de transformation rurales, les petites entreprises de traitement des produits forestiers représentaient de 13 à 37 pour cent du chiffre total des entreprises de fabrication et procuraient de 16 à 35 pour cent de l'emploi du groupe industriel dans son ensemble, se plaçant en général immédiatement après les fabriques de vêtements dans l'échelle des activités rurales de fabrication.2/ Dans de nombreux pays en développement, ces petites entreprises représentent une part importante du secteur rural et des activités relatives à la forêt et aux industries forestières. Le Tableau 1 résume les informations concernant l'importance des petites industries forestières et certaines de leurs caractéristiques.

2/ Dans cinq des pays examinés, il n'a pas été tenu compte de la production de bois de feu et d'autres activités propres aux petites entreprises n'ayant pas de base fixe. Etant donné que la production de bois de feu met en jeu un grand nombre de personnes, le volume total des activités de production des petites entreprises forestières pourrait par conséquent être de beaucoup supérieur à celui des simples entreprises de transformation.

Outre l'emploi, les petites industries forestières offrent des revenus aux entrepreneurs et à leurs familles et des salaires aux employés supérieurs à la moyenne (quand bien même ils se situeraient parfois quelque peu en deçà du minimum), permettent le transfert de compétences à travers une formation sur le tas et, d'une manière générale, contribuent à l'économie locale et nationale et, parfois, aux exportations. Il est important de noter que les gains provenant des petites industries forestières rurales ont un effet stabilisant sur les revenus des agriculteurs, réduisant de ce fait les pressions qui mènent inévitablement à la surexploitation des terres agricoles. En outre, les paysans sans terre, les femmes et certains autres groupes défavorisés au plan agricole sont bien représentés parmi les bénéficiaires des revenus et de l'emploi engendrés par les petites industries forestières.

Les petites industries forestières sont caractérisées par a) des opérations techniquement simples qui n'exigent que des compétences limitées et un capital modeste; b) une concentration en zones rurales; c) une dépendance vis-à-vis de l'entrepreneur et de sa famille pour une part significative de la main-d'œuvre; d) une taille très réduite.

Tableau 1: Composition et choix de caractéristiques propres aux entreprises de traitement des produits forestiers dans un certain nombre de pays

Activité caractéristique

Bangladesh

Egypte

Honduras

Jamaïque

Sierra
Leone

Zambie

Année de l'enquête:

1978/80

1981/2

1979/80

1978/80

1974/5

1985

Pourcentages

Apport des petites industries forestières à l'emploi total dans les petites entreprises de transformation

13

24

16

35

20

33

Activités exigeant un seul individu

36

69

59

58

n.a

69

Production axée sur le ménage

n.a

76

72

52

n.a

81

Pourcentage de l'emploi dans le zones rurales

n.a

65

100

79

96

95

Pourcentage de femmes entrepreneurs

3

65

10

32

n.a

12

Pourcentage d'ouvrières

21

31

6

30

n.a

12

Apport de la famille de l'entrepreneur à la main-d'oeuvre totale

73

89

51

82

41

86

Composition

(Nombre de petites industries forestières en pourcentage du total)







Scieries/sciages de long

0.9

-

3.2

0.9

0.1

5.6

Menuiserie/mobilier

27.2

23.8

71.4

23.1

66.8

14.3

Sculpture sur bois/vannerie

11.6

-

0.2

12.5

5.9

11.9

Tressage de paniers/nattes/chapeaux

32.4

70.4

10.6

63.5

23.8

60.3

Autres

27.9

5.8

14.6

0.1

3.4

7.9

Total

100

100

100

100

100

100

Valeurs moyennes

Nombre d'ouvriers par entreprise

3.8

1.9

2.2

2.2

1.8

1.7

Investissement total
($ E.U.)

255

n.a

1 055

3 030

431

n.a

Production annuelle par entreprise ($ E.U.)

2 362

1 501

2 536

4 979

1 384

n.a

Heures de travail annuelles
(en % d'une année entière de 2 200 heures de travail)

38

78

57

45

91

55


Source: Adapté de Y. Fisseha, op. cit.
Note: n.d. non disponible; - négligeable

Leur association étroite avec l'agriculture se traduit en une cadence saisonnière des opérations et une dépendance vis-à-vis des revenus agricoles pour l'écoulement d'une grande partie de leurs produits. La plupart des entrepreneurs des petites industries forestières mènent, en même temps que leur production basée sur la forêt, d'autres activités portant sur la transformation, les services ou l'agriculture de sorte que l'entreprise représente rarement leur seule occupation.

La majorité des petites industries forestières produisent soit des meubles, des éléments de charpenterie, des outils agricoles, des pièces détachées pour véhicules et autres produits tirés du bois, soit des paniers, des nattes et des articles divers tirés du bambou, des joncs, des lianes, des herbes et d'autres matériaux analogues. Ces deux groupes de produits alimentent avant tout les ménages ruraux et les marchés agricoles et représentent normalement les sources principales d'approvisionnement de ces derniers. L'autre groupe important de produits des petites industries forestières tels que les produits non utilitaires de l'artisanat trouvent, en revanche, leurs débouchés principaux en dehors des zones rurales.

S'il est vrai que la plupart des activités des petites industries forestières sont partie d'un continuum industriel plus étendu qui comprend les grandes scieries, les fabriques de meubles, etc., il n'en demeure pas moins qu'elles sont en réalité très petites. Dans la plupart des enquêtes de terrain cette catégorie englobait toutes les entreprises employant un maximum de 50 personnes, mais en pratique le nombre moyen d'ouvriers variait entre deux et quatre par entreprise. Plus de la moitié des unités était constituée d'une seule persone, les opérations étaient axées sur le ménage et moins de un pour cent employait 10 ouvriers ou davantage. Ainsi, les petites industries forestières forment un groupe serré au bas de l'échelle de leur catégorie et pourraient être définies de manière plus appropriée comme des "micro" unités employant moins de cinq ouvriers.

Cette petitesse extrême est le plus accentuée chez les petites industries forestières qui transforment des matières premières autres que le bois telles que les joncs et les herbes; des activités comme la fabrication de nattes et de paniers sont effectuées principalement au sein du ménage et n'utilisent d'ordinaire aucun équipement à moteur. Les entreprises de menuiserie sont en général plus vastes et tendent à s'organiser en atelier disposant d'une ou de plusieurs machines ou équipement à moteur. Il existe également des entreprises en "phase de transition" qui, d'un côté dépendent du ménage; et de l'autre fonctionnent en tant qu'atelier.

Les petites menuiseries des centres urbains présentent les mêmes caractéristiques: taille réduite, dépendance vis-à-vis du ménage et grande simplicité technologique. Les études menées dans cinq pays par Strehlke3/ mettent également en évidence l'importante contribution à l'emploi et aux revenus des petites industries forestières qui fournissent parfois jusqu'à la moitié ou plus des emplois urbains. Les entreprises urbaines sont étroitement liées au secteur de la grande industrie et absorbent souvent la main-d'œuvre que cette dernière a écartée.

3/ Strehlke. B. L'emploi dans le secteur urbain informel des industries du bois: résumé d'études OIT. (Dans la présente publication).

Perspectives de croissance

Les situations qui favorisent la compétivité des activités de transformation à petite échelle comprennent: a) l'existence de facteurs qui encouragent la production locale, telle la présence de matières premières disséminées; b) des coûts de transport élevés; c) les cas où la petite production présente des avantages spécifiques, par exemple pour desservir de petits marchés; d) ceux où la sous-traitance produit de meilleurs résultats que les opérations intégrées; e) les circonstances où la nature du produit ne favorise pas la production en série. L'importance de ces petites industries dans le secteur forestier reflète l'envergure de la demande rurale pour leurs produits et la dissémination des marchés sur de vastes zones dépourvues d'une infrastructure de transport adéquate.

A mesure que ces conditions se modifient, grâce par exemple à l'amélioration du réseau routier rural, il est à prévoir que la compétivité d'au moins quelques-unes de ces petites industries forestières en sera affectée. Toutefois, l'absence d'une série chronologique de données rend difficile l'analyse des succès et des échecs de ces entreprises en un temps donné. Les indicateurs, tirés d'évaluations statiques basées sur une coupe statistique, des taux de rentabilité du capital, de la main-d'œuvre familiale ou de l'entreprise, malgré leur utilité, ne fournissent pas de renseignements suffisants pour cerner les changements dynamiques passés ou potentiels au sein des petites entreprises. Il semble toutefois que l'accroissement net de l'emploi ou du nombre des entreprises varie entre deux et cinq pour cent par an.

Il faut également reconnaître que la petite taille des petites industries forestières complique encore l'analyse.4/ Il est difficile d'obtenir des données fiables sur les coûts réels de production, notamment pour les plus petites de ces entreprises, car la plupart d'entre elles ne tiennent pas de comptabilité. Comparer et analyser les résultats d'unités individuelles comporteraient également une série de problèmes. Ainsi, l'intégration des diverses activités menées par l'entrepreneur fait qu'il est difficile d'en isoler la composante forestière. L'enquête fondée sur des entreprises individuelles devra dès lors être complétée d'informations prises au niveau du produit et de l'industrie, à savoir une analyse des différents stages de la production allant de la matière première à l'utilisation finale, aux fins d'identifier les goulets d'étranglement du système et, partant, les domaines d'intervention prioritaire. De telles études pourraient être complétées par un examen plus approfondi d'une série d'entreprises apparentées dans un domaine spécifique. En tout état de cause, la difficulté d'obtenir des renseignements concrets et objectifs impose l'usage de techniques d'évaluation informelles fondées sur les impressions et la situation des producteurs.

4/ Chuta. E. Croissance et dynamisme des petites entreprises rurales: les carences de l'information. (Dans cette publication).

En vue d'identifier les activités forestières qui sont non seulement viables et compétitives au niveau de la petite entreprises mais encore susceptibles d'une croissance soutenue, il a été proposé d'avoir recours aux critères suivants: a) des perspectives de croissance prometteuses de la demande d'un produit; b) la présence d'une technologie permettant de maintenir les coûts moyens de production de l'industrie à un faible niveau; c) une productivité croissante ou susceptible de l'être de la main-d'œuvre; d) des capacités de gestion et des techniques satisfaisantes; e) la garantie d'un volume de matières premières suffisant pour planifier l'avenir. De tous ces critères les perspectives de marché représentent d'ordinaire le facteur dominant et le seul qui soit extérieur à l'entreprise. Ce n'est que si ces perspectives sont satisfaisantes et susceptibles d'améliorations qu'une évaluation des autres critères devient utile.

Toutes autres conditions étant égales, la capacité de maintenir à un faible niveau les coûts de production est sans doute le deuxième facteur par ordre d'importance potentielle. Ce facteur dépend entre autres choses d'une bonne gestion et d'une main-d'œuvre hautement productive. Toutefois on ne peut exclure que des améliorations de la productivité puissent entraîner une perte temporaire d'emploi. En effet, pour assurer la viabilité du secteur, la productivité pourrait devoir croître plus rapidement que la main d'oeuvre. Des pertes à court terme d'emploi pourraient donc représenter le prix qu'il faudra payer pour obtenir des gains majeurs à long terme.

Les problèmes

Les petites industries doivent affronter une gamme étendue de problèmes. Les entrepreneurs des petites industries forestières eux-mêmes reconnaissent dans les contraintes financières le problème principal auquel ils se heurtent s'ils veulent être à même de soutenir la concurrence. En deuxième lieu viennent les pénuries de matière première.5/ Les contraintes financières, tout en représentant un problème réel, peuvent également être le symptôme d'autres difficultés. Celles que les petites industries forestières pourraient rencontrer se résument comme suit:

a) des marchés étroits et instables dus à de faibles revenus ruraux, au rythme saisonnier de la production, à un accès limité aux grands marchés et à une forte concurrence;

b) des pénuries de matières premières souvent associées à des gaspillages dans la transformation, des lois restrictives, une distribution inadéquate et l'absence d'un capital d'exploitation;

c) le manque de financement, notamment de capital d'exploitation, aggravé par des difficultés d'accès aux ressources disponibles et par leur prix;

d) l'absence d'une technologie appropriée sous la forme d'outils et de matériels adaptés:

e) une gestion faible qui accentue tous les autres problèmes car les entrepreneurs des petites industries forestières ne sont pas toujours capables d'analyser la situation et d'identifier les moyens de minimiser les effets fâcheux causés par ces problèmes;

f) le manque d'une organisation de l'entreprise qui leur permet de tirer utilement parti des services de soutien disponibles.

5/ Fisseha. op.cit.

En outre, les petites entreprises sont souvent confrontées à des mesures écologiques qui aggravent un grand nombre de leurs problèmes notamment parce que ces mesures s'adressent à la grande industrie et négligent de ce fait les caractéristiques et les besoins spécifiques des petites entreprises de transformation au point de restreindre et d'inhiber sérieusement leur activité.

Il importe que l'appui donné aux petites entreprises se fixe avant tout l'objectif d'identifier les activités qui, d'une part jouissent de débouchés, et de l'autre ont le potentiel nécessaire pour augmenter leur productivité. Les sections qui suivent analysent les moyens de réaliser cet objectif moyennant des informations plus précises sur le marché, une meilleure évaluation des produits, l'accès facilité aux matières premières, le renforcement de la gestion et des compétences techniques, l'introduction d'outils et de machines appropriés et l'octroi de crédits et autres intrants de première nécessité.

Ce faisant, il sera indispensable de tenir compte du fait que l'aide doit être proportionnelle à la petitesse extrême des petites industries forestières et aux contraintes liées aux ressources, aux aptitudes, etc. qui en sont la conséquence. Les activités de soutien devront faire la distinction entre les "micro" ménages qui utilisent souvent des matières premières non ligneuses et le groupe des entreprises de transformation du bois, plus grandes et technologiquement plus avancées, qui fonctionnent au niveau de l'atelier; alors que ces dernières pourront bénéficier de certaines des structures d'appui existantes, les premiers auront en général plus de difficultés à obtenir de l'aide et exigeront, de ce fait, des approches différentes. En outre, les entreprises qui évoluent de l'échelle du ménage à celle de l'atelier auront sans nul doute besoin de plus d'attention; en effet, elles risquent de ne pouvoir tirer parti ni de l'appui offert aux "micro" unités ni de celui fourni aux unités-ateliers.

Marchés et commercialisation

Les marchés où s'écoulent la plupart des produits des petites industries forestières sont situés en zones rurales et en présentent les caractéristiques. Ils sont alimentés principalement en produits à faible coût dont la demande varie d'une saison à l'autre en fonction des fluctuations des revenus et des activités. Les marchés individuels tendent à être étroits et localisés (à cause de routes médiocres et de coûts de transport élevés) et sont constitués essentiellement par quelques rares articles (quelquefois un seul) fabriqués sur commande. Les spécifications des produits sont susceptibles de changer d'une commande à l'autre.

C'est pourquoi la majorité des petites industries forestières doivent affronter des problèmes de commercialisation qui les empêchent d'atteindre tant un volume de production compatible avec les exigences du marché qu'une haute qualité du produit. En outre, ces problèmes sont normalement accentués par la forte concurrence qui s'établit entre petites entreprises servant un même marché. En effet, le faible niveau de capital et de compétences nécessaires pour amorcer maintes activités propres aux petites industries forestières pourrait attirer un nombre exagéré d'entreprises, ce qui réduirait les gains au point qu'il serait difficile de réaliser des excédents à réinvestir au profit d'une productivité et d'une croissance accrues.

Les améliorations de l'infrastructure routière en zones rurales font que les petites industries forestières doivent soutenir une concurrence croissante vis-à-vis des produits d'entreprises de dimensions supérieures situées souvent dans les centres urbains. En même temps, l'accroissement des revenus ruraux et la diffusion d'informations à l'intention des consommateurs tendent à modifier les goûts de la clientèle et à les orienter vers les produits de ces grosses entreprises. Ainsi les meubles fabriqués à l'usine risque de supplanter progressivement ceux produits à l'échelle artisanale, de même que les sacs et les chapeaux en matière synthétique pourraient remplacer définitifement ceux réalisés avec des matières premières naturelles. Ces mêmes tendances pourraient se manifester également dans les marchés de produits agricoles des petites industries forestières, par exemple si les charrues en métal prenaient la place de celles en bois.

Plusieurs types de stratégies permettraient aux petites industries forestières de s'adapter aux conditions changeantes du marché. D'une part, elles pourraient se concentrer sur des domaines où les produits manufacturés n'exercent pas leur concurrence, à savoir la fabrication de mobilier de base à faible prix ou de meubles rustiques mais de bonne qualité. D'autre part, elles pourraient se consacrer à des articles qui ne craignent pas la compétition de la production à grande échelle ou mécanisée, tels les objets artisanaux de culte. Une autre approche encore serait de se spécialiser dans la fabrication d'un seul article ou d'une composante de ce dernier, afin de prolonger les périodes de production. Enfin, elles pourraient profiter elles-mêmes du réseau routier amélioré pour pénétrer d'autres marchés et accroître de ce fait leur activité. Très souvent, cet objectif ne pourra être atteint que si plusieurs petites industries forestières s'unissent pour partager les frais généraux.

Il existe de nombreux exemples de petites industries forestières qui ont suivi avec succès l'une ou plusieurs de ces stratégies. Cependant, les contraintes que la plupart d'entre elles doivent surmonter pour évaluer, surveiller et développer leurs propres marchés signifient qu'elles auront souvent besoin d'aide. Compte tenu du fait que la présence d'un marché et de perspectives de commercialisation continues constituent le point de départ du développement de toute entreprise, il faudra accorder à ces deux facteurs la priorité dans la formulation des programmes d'appui.

Dans de nombreux pays les programmes d'aide à la commercialisation offerts par le gouvernement foisonnent.6/ Cependant beaucoup d'entre eux sont conçus principalement pour les plus grandes des petites entreprises et pour les industries moyennes qu'ils finissent sans le vouloir par privilégier. En outre, ils ne tiennent pas compte des besoins particuliers des sous-secteurs tels que les petites industries forestières. Les études montrent que les entreprises qui tirent des avantages de ces programmes sont en premier lieu celles situées en zones urbaines ou orientées vers l'exportation, même si une minorité seulement de petites entreprises de transformation en font partie. Il semblerait que l'incidence de ces programmes d'aide à la commercialisation n'ait pas été significative en zones rurales. De nombreuses petites industries forestières ne sont même pas au courant du type d'aide qui leur est offert. Il importe donc d'orienter certains programmes vers des sous-secteurs spécifiques et sourtout vers les petites entreprises de transformation rurales afin de leur fournir une aide appropriée.

6/ Pour un examen des programmes d'aide à la commercialisation cf.
Salazar. M.S. Les petites entreprises vis-à-vis du marché et de son développement: l'expérience des Philippines. (Dans cette publication).

Les petites industries forestières rurales, notamment les "micro" unités, sont désavantagées par rapport aux industries urbaines à cause de leur manque d'information sur les marchés. On pourrait améliorer quelque peu la situation en ayant recours à la radio, à la presse populaire ou à des séminaires organisés dans les campagnes pour familiariser les utilisateurs au marché. Offrir des informations sur les produits des petites industries forestières à des consommateurs urbains potentiels serait également important. Ces informations compléteraient efficacement le système actuellement adopté par la majorité des petites entreprises de transformation, à savoir la publicité faite de vive voix.

Il pourrait être nécessaire d'aider les petites industries forestières qui essaient de pénétrer des marchés éloignés à préparer des programmes ou des brochures publicitaires. Lorsqu'un marché se développe, l'ignorance des renseignements nécessaires, l'absence d'accès aux informations existantes et le manque de moyens financiers pour lancer leurs produits empêchent les petites industries forestières d'exploiter utilement les occasions offertes. Ainsi qu'il a été souligné plus haut, une stratégie de commercialisation fondamentale devrait porter sur l'identification de nouvelles lignes de produits ayant des débouchés "sûrs" et plus prometteurs, ou pour lesquelles les petites industries forestières sont avantagées par rapport à la grande industrie.

Si les petites entreprises forestières veulent étendre leur part du marché ou en pénétrer de nouveaux, il leur faudra perfectionner leurs produits car les marchés urbains ou industriels ont tendance à exiger une fabrication standardisée et une qualité uniforme. Même lorsqu'il s'agit d'objets d'artisanat "culturel" ou touristique, qui ne sont pas facilement remplaçables par les articles de production en série, il leur faudra veiller à améliorer les modèles, la qualité, l'étiquetage et la présentation en fonction de la concurrence.

Après leurs produits, les entrepreneurs des petites industries forestières devront également améliorer leur système de commercialisation. En général, aucun d'eux n'a reçu une formation dans ce domaine et la petite taille de leur entreprise ne leur permet pas d'apporter des variations internes au processus de commercialisation. Souvent aussi, ils ne disposent pas des capacités techniques et financières nécessaires pour s'imposer sur les grands marchés et finissent par vendre leurs produits au comptant pour financer leurs opérations. Cette limitation des ressources financières les empêchent d'une part de posséder un capital d'exploitation leur permettant de stimuler les ventes à crédit qui pourraient accroître le marché, et de l'autre de détenir les actions nécessaires. Parmi les problèmes qui restreignent leurs chances d'introduire leurs produits sur le marché à des prix acceptables, il faut compter la médiocrité du réseau routier et des moyens inadéquats de camionnage, d'entreposage, de collecte et de livraison, et de manutention.

Des organisations gouvernementales et non gouvernementales pourraient aider les petites industries forestières à établir des liens avec des marchés plus étendus et plus actifs, tout d'abord en leur fournissant des informations pertinentes et ensuite en favorisant des mouvements proprement dits de produits et d'intrants. A mesure qu'elles perfectionnenent leur performance, les petites industries forestières devront passer du stade de la récolte et de la transformation initiale de la matière première à celui d'une production accrue. Pour ce faire, compte tenu de leurs ressources et de leurs capacités limitées, les petites industries forestières auront besoin initialement d'une infrastructure de soutien, on pourrait dire d'un "cocon", pour satisfaire leurs besoins d'information, de formation, de conseils techniques, de conception et de test du produit, de commercialisation et d'appui financier.

Tressage de nattes en jonc

Dans la plupart des pays, les petites entreprises forestières tout comme les autres petites entreprises de transformation, doivent affronter des problèmes spécifiques si elles veulent faire partie des fournisseurs de marchés institutionnels officiels tels ceux gouvernementaux. Ces problèmes sont souvent dus à la centralisation des achats, aux complexes procédures de soumission ou aux achats minimaux qui vont bien au-delà des moyens des petites entreprises. Une décentralisation des achats gouvernementaux en faveur des petits centres ruraux pourrait sans nul doute améliorer cette situation. En outre, les petites industries forestières pourraient s'unir et présenter des soumissions collectives de manière à pouvoir satisfaire des commandes plus importantes. Certains pays adoptent des systèmes de sélection qui permettent aux petites entreprises de transformation d'accéder aux marchés officiels et semi-officiels par le biais de l'exclusivité accordée à certains produits et de la concession de prix préférentiels. Il faut toutefois recourir à ces mesures avec prudence: des marchés trop protégés risquent d'étouffer l'originalité tant de la gamme que de la conception du produit.

Accès aux matières premières

Les ressources forestières mondiales se font de plus en plus rares, notamment en ce qui concerne les essences, les qualités et les dimensions recherchées. La pénurie de bois et d'autres matières premières forestières constitue presque partout un obstacle grandissant à la viabilité des petites industries forestières.

A cause de leur petite taille et de la modicité de leurs excédents financiers, les entrepreneurs des petites industries forestières n'ont pas les moyens d'investir dans le développement à long terme des ressources forestières. Toute tentative dans cette voie est normalement découragée par le fait que la majorité des gains réalisés grâce à l'exploitation des ressources, au lieu de bénéficier l'entreprise de transformation, profitent à ceux qui sont engagés dans la distribution et la commercialisation. De ce fait, les petites industries forestières ne peuvent à elles seules résoudre le problème de leur approvisionnement en matières premières; les difficultés portant sur l'accès aux ressources ou sur leur production ne pourront être applanies qu'avec la participation d'autrui.

Transport d'un chargement de bois au marché

Outre les pénuries totales de matières premières, les petites entreprises éprouvent souvent des difficultés à accéder à ces dernières, tant à cause des distances qu'en raison de barrières juridiques, administratives, de prix ou infrastructurelles. Parmi celles-ci figurent le contrôle sur les coupes, les concessions réservées aux grandes industries, les complexes procédures d'obtention de permis ou de vente aux enchères, outre l'exigence de dépôts et d'autres conditions insurmontables, des prix élevés dus à des monopoles d'Etat, des forêts trop éloignées ou desservies par des routes ou des moyens de transport inadéquats, et des systèmes de distribution monopolistiques. A cet égard, les codes forestiers sont souvent considérés comme l'un des obstacles majeurs au fonctionnement des petites industries forestières.

En outre, les approvisionnements en matières premières forestières sont souvent instables, affectés par des facteurs saisonniers ou une application inégale ou peu rigoureuse du code forestier. En tant que petits consommateurs, les petites industries forestières n'exercent qu'une influence limitée sur les propriétaires des ressources, qu'il s'agisse de l'Etat ou de privés. De plus, le manque de capital d'exploitation restreint leurs capacités d'acheter les matériaux quand ils sont disponibles et d'accumuler des réserves pour les périodes de pénurie.

Si l'on veut tenter de résoudre le problème d'approvisionnement en matières premières des petites industries forestières, il faudra adopter de nouvelles méthodes d'aménagement des ressources forestières qui reconnaissent en ces entreprises une pan importante du secteur des forêts et des produits forestiers, et une source majeure de gains pour les populations rurales. En vue d'appuyer les petites entreprises de transformation, on devra mettre en place des systèmes d'aménagement durables qui tiennent compte du fait que ces entreprises opèrent souvent en deçà du seuil requis pour exploiter le potentiel de production offert par les programmes de vulgarisation et d'appui. Il faudra intégrer l'investissement dans la régénération des ressources au développement de l'esprit d'entreprise, des produits et des marchés.7/

7/ Joshi. D. La pénurie de matières premières forestières et le développement des petites entreprises en Inde. (Dans cette publication).

De toute évidence, la priorité accordée par les gouvernements à la création de revenus à partir des forêts est l'un des principaux motifs pour lesquels ils préfèrent traiter avec les grosses industries, concentrer leurs intérêts sur le bois à l'exclusion des autres produits forestiers et entraver l'accès aux forêts des populations rurales. En vue de changer ces pratiques, les services forestiers devront être mieux informés de l'importance du rôle des petites entreprises et des bénéfices potentiels qu'elles peuvent apporter à la valorisation des forêts. Il faudrait que les décideurs évaluent plus attentivement les contributions réelles et potentielles des petites industries forestières afin de modifier en conséquence leur politique et instituer de nouveaux systèmes d'exploitation des produits forestiers.

En outre, les forêts devront être aménagées de manière à fournir davantage de composantes non ligneuses. Cet objectif pourra être réalisé si l'aménagement des ressources forestières et les procédures de concession sont amendés de façon à couvrir également les produits autres que le bois et à les rendre accessibles aux petites industries forestières.

Il ne fait pas de doute que, dans de nombreux cas, l'accès aux terres boisées devra être soumis à un contrôle afin d'instaurer un équilibre harmonieux entre le rôle écologique des forêts et la production. Cependant, ce contrôle devra être appliqué équitablement à tous ceux concernés, qu'il s'agisse des populations locales ou des grandes ou petites entreprises. Les tendances à la destruction inhérentes à toutes les industries, qu'elles soient petites ou grandes, et aux populations rurales exigent une surveillance efficace. Néanmoins, en assurant des bénéfices majeurs aux communautés locales, grâce à l'accès aux forêts, et une participation accrue à la sélection des concessionnaires ainsi qu'à la transformation elle-même, les services forestiers pourront susciter un appui local majeur en faveur de l'aménagement forestier. Il serait utile de procéder à une révision des pratiques d'octroi des concessions aux fins d'encourager une collaboration salutaire entre grandes et petites industries; on pourrait par exemple accorder aux petites unités le droit d'utiliser les résidus des grandes opérations d'exploitation.

S'il est vrai qu'il serait difficile de faire des petites entreprises de transformation des organismes préposés à l'aménagement des ressources forestières, il existe cependant d'autres formes de contrôle et de gestion locaux qui pourraient être utilement examinées. Dans bien des zones subsistent des systèmes traditionnels d'aménagement forestier collectif dont on pourrait s'inspirer, et ailleurs de nouvelles formes sont en cours d'application ou pourraient être introduites. L'approvisionnement en matières premières des petites industries forestières pourrait ainsi devenir une source importante de revenus et d'emploi pour d'autres secteurs de la communauté rurale, reforçant de ce fait l'engagement local à conserver les ressources forestières. Ce qu'il faudrait, en définitive, c'est identifier le modèle le plus performant de régime de propriété et de gestion des ressources forestières et le faire appliquer par des individus, des compagnies privées, des communautés ou l'Etat.

Les problèmes d'approvisionnement en produits autres que les matières premières forestières découlent souvent de faiblesses de distribution qui en rendent l'accès particulièrement difficile. Dans de nombreux pays, les matériaux non forestiers sont très souvent des produits d'importation qui doivent être transportés des villes jusqu'aux zones rurales. D'où une hausse des prix et une diminution de la fiabilité des approvisionnements. En outre pour les nombreux pays souffrant de graves pénuries de devises, les systèmes de rationnement ignorent presque sans exception les petites entreprises en termes tant de quote-part de matière première que d'allocation de devises.

Un autre problème qui se pose est l'organisation des moyens de distribution des matériaux non forestiers. Prenons un exemple. Pour satisfaire les besoins de chaque petite entreprise en quincaillerie et autres intrants, il faut souvent s'adresser à une multitude de fournisseurs dont la plupart n'opère pas dans la zone. Ainsi, une enquête menée en Zambie a révélé que 16 matériels dont se sert un menuisier proviennent de 14 fournisseurs différents.

Accès aux financements

Le crédit accordé normalement à des taux d'intérêt très avantageux représente un volet important de maints programmes visant la croissance et le développement des petites entreprises. Toutefois, puisqu'il ne représente qu'un seul facteur parmi les milliers d'autres formant l'environnement des petites entreprises de transformation, il ne pourra susciter isolément le type et le niveau d'impact désirés. Le manque de fonds peut tout aussi bien être le symptôme d'autres difficultés qu'une question d'argent.

Ainsi les problèmes financiers des petites industries forestières peuvent découler soit de l'instabilité du marché qui pousse les entreprises à immobiliser leurs fonds dans des stocks, soit de politiques qui excluent les petites entreprises des réductions de prix ou des exemptions d'impôts sur les intrants dont jouissent leurs concurrents industriels plus importants. Toutes les politiques nationales touchant les prix, le développement agricole, les encouragements industriels et le développement et la législation forestiers affectent la bonne santé financière de ces entreprises.

Il convient de faire la distinction dans ce contexte entre le besoin de capital d'investissement et de capital d'exploitation. Jusqu'à très récemment l'analyse des problèmes financiers des petites entreprises de transformation mettait l'accent sur le capital d'investissement. Il paraît de plus en plus évident aujourd'hui que le besoin de capital d'exploitation des petits entrepreneurs est tout aussi important sinon plus.8/

8/ Fisseha. Y. op. cit.

Le développement des petites entreprises de transformation souffre d'une forte pénurie de moyens financiers. Le problème fondamental pour ces petites industries rurales est l'accès aux fonds limités qu'offrent les institutions formelles de prêts, quand bien même les programmes de crédit seraient conçus précisément pour cette catégorie d'entreprises. La plupart des petites entreprises de transformation rurales n'ont d'autre choix que de faire appel pour leurs besoins financiers à l'épargne personnelle ou de la famille, ou encore au secteur informel des "prêteurs sur gages". Ces sources sont tout à fait inadéquates et la nécessité s'impose d'améliorer l'accès des petites entreprises rurales au crédit. Il ne s'agira pas d'insister sur la préparation de projets spécifiques à cette fin, ainsi qu'il a été fait dans le passé, mais bien plutôt d'adopter une optique plus holistique et chercher à rendre plus performant le marché financier rural qui est l'une des clés de l'accès au crédit.9/

9/ Brunton. P.D. Le financement des petites entreprises rurales de fabrication. (Dans cette publication).

Pour réaliser cet objectif, il faudra mettre au point des mesures visant à améliorer la mobilisation de l'épargne, à augmenter la compétitivité et la diversité institutionnelle du marché financier et à stimuler l'emploi d'une technologie financière innovatrice convenant au milieu rural. En particulier, il faudra encourager le secteur financier formel à assimiler certaines des caractéristiques les plus positives du secteur informel telles que des transactions à faibles coût, l'exigence limitée de biens de garantie, l'octroi de prêts à court terme et moins de formalisme bureaucratique. La diminution des procédures formelles permettrait de surmonter l'une des barrières les plus contraignantes auxquelles se heurtent les petits entrepreneurs. Des services rendus plus accessibles par l'instauration de rapports moins formels, des horaires de service plus souples, l'abaissement des minimums sur les dépôts et les emprunts sont autant de facteurs qui faciliteraient l'accès au financement des petits entrepreneurs.

Les taux d'intérêts réels négatifs sont très répandus sur les marchés financiers ruraux et ont grandement influencé l'efficacité de la répartition des ressources. La suppression des contrôles sur les taux d'intérêt ne portera pas forcément à une disponibilité de fonds majeure pour les petites entreprises de transformation rurales, étant donné le niveau auquel il faudrait hausser les taux d'intérêt pour compenser les risques perçus. Si des taux d'intérêt privilégiés continuent d'être appliqués dans les programmes financiers en faveur des petites entreprises, il faudrait au moins qu'ils soient positifs en termes réels et équivalents à ceux demandés aux emprunteurs établis et à faible risque. Cela aidera en outre les instituts de crédit à reconstituer leurs propres réserves en vue de desbours successifs.

En outre, il sera nécessaire de mettre au point un système de garantie du crédit pour inciter les instituts financiers privés à octroyer des prêts aux petites entreprises de transformation compte tenu des risques que l'opération comporte à leurs yeux. Des facilités de réescompte et d'autres formes de contrôle du crédit, si elles sont appliquées dans le contexte du marché financier rural spécifique et appuyées par des plans de garantie du crédit, peuvent également représenter des encouragements à prêtrer aux petites entreprises de transformation.

Les crédits octroyés par les organismes de financement sont, en général, soit uniquement à moyen et long terme, soit seulement à court terme. Les entreprises n'ont dès lors d'autre choix que de recourir à deux sources de financement pour satisfaire leur besoin tant de capital d'investissement que de capital d'exploitation. Cependant, emprunter de l'argent à l'une de ces sources signifie souvent immobiliser tous les biens de garantie dont elles disposent et compromettre les chances d'obtenir d'autres crédit. Il serait donc souhaitable pour les petites entreprises de transformation que les instituts de crédit se montrent plus souples vis-à-vis des délais de remboursement dans leur portefeuille de crédits afin de couvrir toute la gamme des besoins financiers des petites entreprises.

En raison de la lenteur de leurs procédés de production, la rotation des stocks des petites industries forestières pourrait être plus longue que pour les autres petites entreprises rurales. Dans ce cas, elles auront besoin de davantage de capital d'exploitation et devront rechercher des solutions technologiques et de gestion à plus long terme afin de réduire les stocks.

Dans l'ensemble du groupe des petites industries forestières, les "micro" unités axées sur le ménage et les entreprises majeures opérant à partir d'ateliers ont normalement des exigences financières très différentes. Les premières ont besoin, proportionnellement, d'un capital d'exploitation plus élevé alors que les deuxièmes nécessitent un investissement fixe majeur pour couvrir les frais de premier établissement. Les plans et les programmes de financement devront tenir compte de ces différences et évaluer les petites entreprises de transformation en fonction du degré de participation du ménage. Par exemple, les programmes conçus pour les "micro" entreprises pourraient être élaborés en fonction d'un groupe dont les membres accepteraient une responsabilité collective afin d'abaisser les risques perçus à un niveau acceptable.

Il est probable que de nombreuses petites industries forestières se trouvent dans la phase de transition entre le ménage et l'atelier. Elles auront besoin d'une attention particulière car elles courent le risque de n'obtenir des services adéquats ni des prêteurs institutionnels (un grand nombre desquels préfèrent les prêts à long terme octroyés généralement à de grosses industries) ni des prêteurs sur gages (qui eux se limitent au crédit à court terme accordé aux "micro" unités).

L'observation semble indiquer que, quand bien même les instituts de crédit octroieraient théoriquement des fonds pour la réalisation d'un objectif spécifique tel que le traitement des produits forestiers, en pratique il n'en est pas ainsi. En effet les problèmes naissent du fait que la destination de ces fonds est fortement diversifiée car les entrepreneurs doivent affronter les besoins souvent contrastants de l'agriculture, du ménage et d'autres activités. En accordant des crédits il faudrait donc encourager les entrepreneurs, notamment ceux qui disposent de petites unités, à insister sur une gestion globale de leurs avoirs liquides plutôt que sur la promotion de certains secteurs particuliers de leur activité. Cet objectif se réalise mieux en démontrant la supériorité financière ou l'intérêt en tant qu'investissement de l'activité que l'on souhaite appuyer. Ceci met en cause la nécessité ou la faisabilité des plans de crédit conçus uniquement pour aider les petites industries forestières.

Les biens de garantie exigés par les bailleurs de fonds institutionnels peuvent représenter un important obstacle à l'accès au crédit des petites entreprises de transformation. Du fait que ces biens sont exigés pour protéger les institutions de crédit contre des risques qu'elles estiment excessifs (attitude qui naît d'une méconnaissance du secteur de la petite entreprise), il conviendra d'adopter une double approche vis-à-vis du problème, à savoir:

a) assurer un appui technique aux instituts de crédit pour les aider à mieux connaître les petites entreprises de transformation et encourager chez ces dernières la tenue d'une comptabilité permettant une évaluation plus réaliste;

b) promouvoir des formes de garanties autres que celles traditionnelles, à savoir la location à long ou court terme de biens immobiliers (réduisant de ce fait les besoins de capital fixe), les ventes à crédit, le financement de projets. Toutes ces formules s'appliquent mieux aux grosses entreprises qu'aux "micro" petites industries forestières qui peuvent profiter davantage des programmes d'aide technique lorsqu'elles sont organisées en associations.

Pour que l'appui financier puisse réaliser ses objectifs, il devrait être étayé d'une aide technique adéquate à deux niveaux:

a) assistance à la tenue des registres et à la comptabilité, deux aspects qui font partie de l'évaluation et du contrôle des prêts et devraient donc être pris en charge par l'organisme de financement;

b) intensification de l'aide dans les domaines technique, organisationnel et de la commercialisation, tâche qu'il conviendrait de confier à une organisation d'assistance technique.

En vue d'augmenter la totalité des disponibilités financières il faudra prendre en considération l'emploi du capital risque. Cette formule est plus adaptée aux petites industries forestières de plus grande taille et pourrait donner de meilleurs résultats si elle est appliquée à travers des organismes de développement plutôt que par le biais de banques commerciales. Les ressources provenant d'organisations volontaires privées et d'autres institutions non gouvernementales peuvent venir s'ajouter aux sources traditionnelles, à condition toutefois que ces organisations et institutions soient compétentes en la matière; il pourrait être nécessaire de les faire contrôler par une banque proprement dite ou une institution gouvernementale locale.

Développement et transfert de technologie10/

10/ El Namaki. M.S.S. Développer et promouvoir la technologie et les aptitudes techniques dans les petites entreprises rurales de fabrication (Dans cette publication).

Un élément clé dans l'amélioration de la productivité est l'accès à une technologie appropriée et la possibilité de l'appliquer. Cependant, les petites industries en général et celles rurales en particulier possèdent des caractéristiques distinctives qui compliquent le processus de développement de la technologie et d'amélioration de la productivité au sein du secteur. Il faudra tout d'abord s'assurer qu'un secteur donné d'une industrie se prête à la fabrication à petite échelle. On devra également tenir compte du fait que l'apport technologique est une fonction d'une multitude de variables comprenant l'accès à l'information et l'échelle de l'investissement. On verra ainsi qu'un certain degré de diversité technologique existe chez tous les différents types de petites industries que l'on voudra examiner.

Comme nous venons de le voir, les petites entreprises rurales opèrent en général dans un milieu caractérisé par des marchés faibles ou d'accès difficile, une pénurie de matières premières et l'absence d'appui, au sein du secteur des petites industries forestières ce processus est compliqué davantage par l'exiguïté de ce "micro" groupe d'entreprises. De plus, comme il a également été noté, ces opérations artisanales axées principalement sur la famille n'utilisent souvent aucun type de machine.11/

11/ Fisseha. Y. op. cit.

Au travail dans un atelier de menuiserie

Les problèmes de développement et de transfert de technologie au sein du groupe des petites entreprises de transformation n'offrent guère de solutions faciles. A cause de leur capacité très limitée de développer leur propre technologie, il a été à maintes reprises tenté de leur transférer des technologies existantes. L'une de ces méthodes a été celle des "industries sœurs", approche selon laquelle une entreprise d'un pays développé "adopte" une "sœur" cadette dans un pays en développement pour lui passer sa technologie. Cette méthode n'a pas donné de résultats très encourageants dans les quelques cas examinés et la collaboration avec des partenaires étrangers sur un pied d'égalité n'a pas jusqu'ici fourni de réponse satisfaisante. Des accords de "parenté" entre industries d'un même pays ou entre pays en développement pourraient avoir plus de succès et méritent d'être mis à l'épreuve.

Il existe quelques exemples réussis de développement technologique réalisé dans un même pays grâce à des initiatives personnelles et des expériences menées au sein de l'entreprise. Les initiatives institutionnelles visant plusieurs objectifs sont également prometteuses, la plus concrète de celles-ci étant constituée par les organisations orientées vers la vulgarisation. Les organisations de recherche et développement ont montré leur efficacité dans un certain nombre de pays mais pas dans tous. La formation s'est également avérée utile comme instrument de diffusion de la technologie mais de nombreux problèmes se posent en ce qui concerne l'identification des groupes cibles appropriés, la mise au point du matériel de formation adapté et le choix judicieux de l'objet de la formation.

Tout en tenant compte des différents besoins des "micro" petites entreprises de transformation et de petites entreprises de transformation plus développées, l'action correctrice pourrait suivre deux voies. Au macro niveau, plusieurs interventions pourraient s'avérer efficaces:

- mettre en œuvre une coopération technologique régionale préparée et coordonnée par une organisation régionale telle que "Technonet Asia";

- s'assurer que les méthodes de formation professionnelle prévoient l'adhésion obligatoire ou des possibilités d'internat;

- promouvoir une éducation technique de base au niveau du village où l'accent porterait sur les aptitudes techniques et les aspects essentiels de la technique de transformation des produits forestiers;

- encourager des vulgarisateurs agricoles et forestiers à fournir un service consultatif technologique aux petites industries forestières non agricoles en complément de leurs autres tâches. (Leur rôle pourrait se borner à renseigner les entrepreneurs sur les sources d'appui technologique spécialisé disponibles);

- adopter une approche au problème du développement axée sur des services de conseil continus;

- étendre les programmes de complexes industriels aux zones rurales et les adapter à leurs besoins;

- chercher à réintroduire ou a poursuivre la production d'outils et de matériel technologiquement démodés dont ont besoin les petites industries forestières dans les pays en développement;

- améliorer le transfert de technologie en améliorant le processus d'identification de la demande et en appuyant les liaisons avec les coopératives;

- encourager l'emploi de capital risque dans la commercialisation de la technologie locale.

Au micro niveau, les progrès devront être réalisés à la fois par une action collective et en améliorant la performance individuelle. L'action collective appelle une collaboration étroite entre les entrepreneurs des petites industries forestières, par exemple à travers la création de coopératives et le développement d'industries sœurs aux niveaux national ou régional. Au niveau individuel, l'objectif sera d'améliorer les qualifications personnelles de l'entrepreneur et l'équipement de son entreprise. Ses qualifications pourraient être perfectionnées grâce à une comparaison continue entre ses propres méthodes et d'autres plus efficaces, c'est-à-dire à travers la formation et les services de conseil.

On peut approcher les problèmes spécifiques du "micro" entrepreneur de la manière suivante. Tout d'abord en encourageant les associations de fabricants au niveau du village. Ils pourraient collaborer à l'achat et à l'utilisation de machines et d'équipement, échanger des conseils techniques et rendre complémentaires leurs opérations de transformation. En deuxième lieu, en instituant des unités itinérantes d'appui technique qui se rendraient dans les villages pour prêter leur concours à la solution de problèmes techniques spécifiques. En troisième lieu, en établissant des structures collectives pour les industries villageoises où du matériel de production spécial serait mis à la disposition des petits entrepreneurs. Ceci assurerait aux petites unités la disponibilité de matériel dont la capacité minimale est trop grande ou le coût trop élevé pour chacun de ces entrepreneurs pris individuellement. Quelle que soit la nature exacte de l'assistance dispensée, la décentralisation des installations et des services d'appui vers les zones rurales est indispensable pour consentir aux petites industries forestières et aux autres petites entreprises de transformation de tirer parti plus pleinement des plans d'aide.

Compte tenu des différentes exigences technologiques tant des "micro" petites industries forestières que de celles de dimensions majeures, il conviendra de grouper les secteurs de l'industrie en vue de cerner ces besoins et d'identifier les domaines de force ou de faiblesse. Souvent le problème de la technologie de production n'est autre que la non-disponibilité ou le manque d'outils et de matériel simple utilisés dans les procédés et les techniques de production existants. Il en est ainsi notamment dans le cas des "micro" entreprises et il conviendra de s'assurer que, là où existent des contrôles sur les importations, ces besoins soient pris en considération dans la préparation des bordereaux d'importation. Pour les "micro" petites industries forestières, améliorer les méthodes actuelles d'extraction et de transformation des matières premières est bien plus vital que le recours à de nouvelles techniques de transformation. L'accent devra toutefois porter sur la réduction des gaspillages et des coûts.

Aux fins de combattre la tendance à équiper les petites industries forestières sans tenir suffisamment compte de leur capacité d'absorption, il faudra en premier lieu insister davantage sur l'amélioration de la capacité de gestion et d'organisation des propriétaires et sur les compétences techniques des opérateurs. Il conviendra donc de faire en sorte que les politiques subventionnant les investissement de premier établissement évitent de préconiser l'emploi de machines inappropriées, et ce, en raison tant des compétences techniques limitées que de l'incapacité de la gestion d'"absorber" une production à intensité de capital plus élevée.

Compte tenu des différences qui caractérisent les pays et les industries, l'étendue des liaisons existant au niveau de la production entre les petites entreprises de transformation et le sous-secteur de la grande industrie semble plutôt limitée. Par conséquent, le transfert technologique entre les grandes et les petites industries n'est souvent guère supérieur à celui entre ouvriers salariés des petites entreprises de transformation, lesquels représentent un réservoir commun de compétences techniques ouvert aux entrepreneurs potentiels qui peuvent y puiser pour implanter leurs entreprises. Cependant, dans le cas des contrats de sous-traitance, il faudra s'efforcer d'exploiter pleinement le potentiel de ces liens aux fins d'amorcer le processus de transfert de technologie.

Les vulgarisateurs agricoles et forestiers devront agir autant que faire se peut en qualité d'agents de vulgarisation industriels. Etant donné leur absence de formation technologique, leur fonction devrait être celle d'identifier des sources possibles d'information et d'aide spécialisées à l'intention des petites industries forestières. On pourrait à ces fins utiliser les réseaux de vulgarisation existants et permettre ainsi aux institutions spécialisées appuyant les industries rurales de se consacrer à leur domaine et de ne dispenser qu'un minimum de vulgarisation générale. En outre, de nombreuses activités propres aux petites industries forestières étant étroitement liées à l'agriculture ou la sylviculture, on pourrait de la sorte leur offrir des services combinés.

Capacités de gestion12/

12/Sahlin. A. Améliorer la gestion et les aptitudes à la gestion des petites entreprises. (Dans cette publication).

Jusqu'à 80 pour cent des petites entreprises font faillite au bout de cinq ans et ce, en grande partie à cause d'une administration médiocre. La gestion des petites entreprises de transformation comprend des fonctions qui vont de la mise en place de l'entreprise, à l'identification et à l'achat en temps voulu des facteurs de production, à l'organisation de la production, à l'identification des débouchés, à la commercialisation, et à la planification de leur développement futur et de la diversification de leur produits. Les problèmes principaux auxquels se heurte la gestion des grosses entreprises sont: a) le fait que dans les petites entreprises de transformation toutes ou presque toutes les tâches sont accomplies par une seule personne, à savoir le propriétaire/entrepreneur qui doit dès lors associer la gestion à son propre travail; b) tandis que des systèmes appropriés ont été mis au point pour les grandes industries, les entrepreneurs des petites entreprises de transformation, privés d'informations détaillées, ne peuvent compter que sur leur propre intuition. Une fonction en elle-même déjà très difficile le devient encore davantage dans leur cas.

Les caractéristiques des petites entreprises de transformation qui compliquent encore les problèmes de gestion sont les suivantes: a) une responsabilité administrative incombant personnellement à l'entrepreneur qui ne jouit d'aucun appui spécialisé; b) le caractère informel de l'organisation qui ne peut tolérer que des perturbations superficielles; c) une forte dépendance vis-à-vis de la main-d'œuvre familiale; d) l'absence de formation à la gestion; e) des conditions de travail inadéquates qui n'attirent que dés ouvriers de qualité médiocre. Il faudra donc mettre au point en ensemble de mesures adaptées à ces besoins et à ces caractéristiques spécifiques; diluer tout simplement les pratiques de gestion propres aux grandes industries pour les appliquer aux petites entreprises de transformation ne résoudra pas les problèmes.

Comme on vient de le voir, le type d'aide que requièrent les petites entreprises varie énormément en fonction de leur taille. Les petites unités familiales ont besoin de pratiques plus simples que les entreprises-ateliers de taille supérieure. Celles qui sont situées à l'interface entre les unités familiales et les entreprises-ateliers de taille supérieure. Celles qui sont situées à l'interface entre les unités familiales et les entreprises-ateliers sont confrontées à des problèmes particulièrement épineux car toutes les pratiques, quel qu'en soit le type, risquent d'être inappropriées. L'expérience montre également que des différences sensibles existent entre les pays, différences dues en partie au bagage culturel et aux traditions commerciales. D'où l'importance vitale d'adapter les programmes de formation et de vulgarisation au public qui les reçoit. Dans tous les cas, l'accent devra porter sur la préparation de matériel simple et pratique qui ne demandera qu'un temps minimal, compte tenu des nombreuses autres tâches auxquelles l'entrepreneur devra se consacrer.

Des programmes d'amélioration de la gestion qui tentent d'inculquer toutes les qualifications à chaque entrepreneur risquent de le surcharger de responsabilités et de compétences qu'il pourrait fort acquérir par le biais des services de vulgarisation. Ce principe s'applique notamment à la planification, à la conception du produit et à toute forme, quelle qu'elle soit, de recherche et développement. D'autres caractéristiques dont il convient de tenir compte en dispensant l'aide sont les suivantes:

a) l'absence de politiques appropriées d'enseignement et de formation pour le secteur des petites entreprises de transformation;

b) le manque de coordination et de compatibilité entre les programmes d'aide/formation, notamment s'ils sont financés par différentes organisations;

c) la durée exagérée de la formation qui empêche les entrepreneurs les plus actifs de lui consacrer le temps nécessaire;

d) les problèmes de compréhension que posent les méthodes d'enseignement conventionnelles.

Les communications entre entrepreneurs paraissent donner de bons résultats et "l'apprentissage par l'action", à coût modéré, a été testé pour des groupes uniformes d'entrepreneurs. Cependant, la dispersion géographique des petites entreprises rurales et la gamme étendue de leurs activités compliquent la formation de groupes homogènes réunis pour la même cause.

Il a été proposé, pour réduire le nombre de faillites parmi les entreprises, de recourir à des systèmes de sélection et de formation rigoureux. Toutefois, en ce qui concerne les nouveaux entrepreneurs au seuil de la carrière, il est difficile de faire une évaluation objective de leurs qualités et de leur capacité de gérer efficacement une entreprise. Il faudra mettre au point de nouvelles méthodes de sélection capables d'identifier les entrepreneurs au talent inné, y compris les illettrés ou les très petits producteurs dont le rôle est important dans le secteur forestier, et des groupes spéciaux tels que les femmes, les réfugiés, etc. Là où manquent des procédures de sélection appropriées, aux fins d'identifier les candidats qualifiés pour les programmes d'aide, on pourra avoir recours à des critères simples tels que: a) une intuition fiable des possibilités de risque; b) une forte motivation et une volonté de réussir; c) une capacité évidente de gestion d'une entreprise.

Les compétences en matière de gestion qui s'appliquent à toutes les petites entreprises de transformation devront probablement être transférées par le biais d'institutions de formation/vulgarisation générale. Les aspects typiquement industriels des activités forestières qui pourraient exiger des conseils spécialisés comprennent la matière première, la technologie, des considérations relatives au marché ou à l'administration et aux permis.

Pour la catégorie des "micro" petites industries forestières, l'accès aux programmes d'aide et la rentabilité des actions nécessaires pour les étendre à ces petites entreprises constituent de gros problèmes. Dès lors, une organisation efficace des petites entreprises de transformation s'avère indispensable. De nombreuses institutions centrales de promotion de la petite industrie se sont montrées incapables non seulement d'atteindre la plupart des entreprises mais encore d'améliorer les capacités de gestion et les qualités des entrepreneurs. En vue d'étendre la portée de ces efforts, Il pourrait être utile d'avoir recours à des organisations volontaires privées ou à d'autres institutions de vulgarisation qui disposent déjà de réseaux ruraux développés.

Magasin de meubles au Bangladesh - même les petites entreprises doivent avoir recours à la commercialisation

Cadre institutionnel

Il existe une gamme étendue de mesures d'appui que pourraient adopter les organisations officielles en vue de promouvoir le développement des petites entreprises de transformation. Les plus importantes sont les suivantes: a) identifier des occasions de croissance des petites entreprises de transformation et leur réserver des produits à fabriquer; b) effectuer des évaluations sectorielles du marché; c) promouvoir le développement technologique; d) octroyer des crédits à des taux d'intérêts de faveur et, le cas échéant, sans besoin de biens de garantie; e) accorder l'exclusivité aux petites entreprises de transformation dans les achats gouvernementaux/paraétatiques; f) appliquer des prix préférentiels dans les enchères publiques; g) assurer la fourniture prioritaire de matières premières à des prix avantageux; h) fournir du matériel à des conditions privilégiées; i) développer les aptitudes grâce à la formation à toutes les disciplines nécessaires aux opérations des petites entreprises; j) dispenser des services consultatifs continus.13/

13/ On trouvera un compte rendu de l'expérience qu'un pays a tiré d'un certain nombre de ces mesures dans: Parameshwaran. K.P., Support institutionnel en faveur des petites entreprises rurales de transformation: le cas de l'Inde. (Dans cette publication).

Les systèmes d'appui paraissent en général convenir mieux aux petites entreprises de transformation de dimensions majeures. Dans le sous-secteur forestier cela voudrait dire qu'il serait plus facile d'aider les entreprises-ateliers de transformation que les unités à l'échelon du ménage qui n'utilisent souvent que des joncs, des bambous, etc. et dont la taille est normalement beaucoup plus petite.

Il serait souhaitable de décentraliser autant que faire se peut les services d'appui, en vue d'en faciliter l'accès aux entrepreneurs.14/ Cependant, cette décentralisation pourrait à son tour entraîner des risques d'ingérence politique, de dispersion des compétences et de perte de coordination dont on devra se garder.

14/ Chuta. E., Décentraliser l'appui institutionnel aux petites entreprises.

Pour les petites entreprises une aide efficace ne pourra normalement être dispensée qu'à des groupes bien organisés et fortement motivés. Dès lors, la formation d'associations d'entrepreneurs devrait constituer une fonction prioritaire et les organisations gouvernementales et non gouvernementales devront l'appuyer. Les expériences de terrain enseignent qu'il faudra prouver que ces associations sont porteuses d'avantages tangibles tant à la communauté qu'aux individus pour obtenir une adhésion communautaire soutenue.

La variété et la complexité des organisations gouvernementales appuyant les petites entreprises de transformation, de même que leur multiplicité, méritent qu'on leur attache une attention particulière. S'il est vrai que dispenser l'aide à travers une seule organisation est normalement impraticable, voire déconseillable, il n'en demeure pas moins qu'il faudra diminuer le nombre d'unités organisationnelles non coordonnées. Le cadre actuel est souvent trop complexe pour les petites unités et il est improbable qu'il puisse convenir parfaitement à leurs besoins. Il faudra donc éviter d'entreprendre à la légère la création de nouvelles institutions d'appui pour les petites entreprises de transformation.

La question de la rentabilité de l'appui est importante car les fonds investis dans l'évaluation de projet, le développement des aptitudes ou les méthodes de vulgarisation continue sont souvent disproportionnés à la valeur du rendement des entreprises. Dans certains cas, l'intervention s'effectue à un niveau qui met en jeu la possibilité des petites entreprises de transformation d'être autosuffisantes après le retrait de l'aide. Il y a également lieu de douter de la capacité des gouvernements de continuer à subventionner lourdement et indéfinement les opérations des petites entreprises. En outre, des incitations trop généreuses ont porté à la création ou la perpétuation onéreuse de petites industries non viables, situation qui va de pair avec celle qu'on rencontre parmi le grosses industries officiellement subventionnées.

Il existe également des cas où le montant de l'aide risque d'étouffer l'initiative de l'entrepreneur et de transférer le rôle décisionnel du bénéficiaire à l'organisme d'aide ou de conseil. En cherchant les moyens d'améliorer le système, il faudra offrir à l'entrepreneur davantage d'informations utiles, l'inciter à en faire la base de ses décisions et lui fournir les intrants nécessaires, tout en lui laissant le soin d'opérer ses propres choix.

Le danger existe aussi que des organisations d'aide à fonctions multiples ne soient pas en mesure de suivre de près le développement de certains secteurs ou entreprises. Pour certains intérêts sectoriels ou individuels des points de repère spécifiques pourraient être nécessaires. Dans le cas des petites industries forestières, des banques de développement rural ou des services forestiers pourraient remplir cette fonction.

On pourrait souvent tirer un meilleur parti des organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant en milieur rural. Elles pourraient agir en qualité de courtiers pour présenter les intérêts locaux aux services institutionnels appropriés, ou encore pour atteindre les petites entreprises dispersées que les organisations gouvernementales ne parviennent pas à aider. Certaines ONG se sont spécialisées en matière d'organisation de groupe, gestion financière ou organisation des affaires et peuvent être interpellées pour offrir ces services à travers la formation et/ou l'appui technique. Il faudra toutefois procéder avec beaucoup de prudence au choix des ONG qui sont parfois elles-même affectées par des problèmes de mauvaise gestion, d'incompétence technique et d'inexpérience tout comme les petites entreprises qu'elles sont censées aider.

Son temps est-il utilisé efficacement?

Conclusions et suivi


Résumé des conclusions principales
Suivi dans le secteur forestier

Résumé des conclusions principales

1. Un certain nombre de résultats empiriques montrent que les petites industries forestières représentent une pan importante tant du secteur forestier que de celui des entreprises rurales dans les pays en développement; il importe d'accepter ce fait et d'adapter en conséquence les stratégies du secteur forestier.

2. Des études plus approfondies s'imposent aux fins d'identifier les activités forestières qui ont le potentiel de viabilité majeur en tant que petites entreprises; cette information devra être circulée largement à l'intention des décideurs et des chefs de secteurs.

3. L'aide octroyée aux petites industries forestières devrait porter sur leur extrême petitesse et sur les contraintes qui s'exercent de ce fait sur les ressources et les aptitudes qui leur sont disponibles. Dans ce contexte, les activités d'appui devront faire la différence entre les micro unités axées sur le ménage, qui utilisent des matériaux non ligneux, et les entreprises de transformation du bois, de dimension supérieure et plus avancées, opérant au niveau de l'atelier; alors que ces dernières pourraient bénéficier de certains services d'aide existants, les premières ne seront normalement pas à même de le faire et auront besoin d'autres moyens de soutien. Une autre catégorie susceptible de demander une attention spéciale est celle des entreprises dont les opérations évoluent du niveau du ménage à celui de l'atelier.

4. Les activités forestières de nombreuses petites entreprises sont étroitement associées à d'autres activités de transformation, agricoles et ménagères, et ne peuvent donc être traitées isolément.

5. L'aide aux petites industries forestières ne devrait pas insister exagérément sur l'encouragement et la perpétuation de la petite entreprise en tant qu'objectif en soi; la croissance et le développement de maintes activités des petites industries forestières les contraindront par la suite à augmenter leurs dimensions.

6. Il faudra veiller à ce que l'appui soit rentable et compatible avec la capacité d'absorption de l'entreprise et qu'il n'inhibe pas l'entrepreneur au point de suffoquer son indépendance et d'affaiblir son pouvoir décisionnel.

7. Aux fins d'accéder aux services d'appui et de les utiliser avec profit, les petites industries forestières, notamment les micro entreprises, auront souvent besoin de se grouper en associations.

8. Des structures informelles, telles que les organisation non gouvernementales, peuvent s'avérer très utiles aux fins de faciliter aux petites industries forestières l'accès à l'aide et en augmenter l'efficacité.

9. Les marchés étant indispensables à la viabilité et à la croissance des petites industries forestières, il faudra accorder la priorité à l'aide dispensée aux entrepreneurs en matière d'informations de marché, développement du produit, accès aux débouchés et commercialisation.

10. Eu égard à la nature de la ressource forestière, les petites industries forestières ne peuvent en aucune façon s'approvisionner d'elles-mêmes en matière première. Les mesures qu'il faudrait prendre pour faciliter cet approvisionnement sont les suivantes:

- améliorer l'aménagement des matières premières et les procédures de concession pour satisfaire tant les petites que les grandes industries;

- étendre l'aménagement forestier de manière à englober les matériaux non ligneux utiles aux petites industries forestières;

- modifier la législation et les règlements qui imposent des restrictions injustifiées à des opérations de petites industries forestières utiles à la communauté;

- aider les populations rurales à mettre au point des systèmes d'aménagement des ressources forestières locales aux fins d'approvisionner des petites industries forestières viables.

11. Les petites industries forestières ont besoin qu'on leur facilite l'accès au crédit octroyé par des sources formelles. Il conviendra d'adapter cette aide aux diverses situations propres aux micro entreprises, aux entreprises-ateliers et aux moyennes entreprises; pour que l'aide soit efficace elle devra être associée à un appui technique aux entrepreneurs en matière d'organisation, de tenue des registres et de comptabilité, et aux bailleurs de fonds institutionnels afin de renforcer leur capacité de servir les petites entreprises.

12. Les activités des petites industries forestières qui continueront à être rentables et qui se développeront seront celles susceptibles d'améliorer leur productivité; les difficultés inhérentes à l'identification des technologies appropriées et à leur transfert efficace, de même qu'aux aptitudes nécessaires, affectent le plus directement les petites entreprises.

13. Les actions destinées à améliorer la capacité de gestion des petites industries forestières devront partir du principe que les entrepreneurs ont une préparation technique mais ne sont pas formés à la gestion, et tenir compte des difficultés spécifiques auxquelles ils se heurtent lorsqu'ils ajoutent l'élément gestion à leurs autres responsabilités. Pour être efficaces, les matériels et les méthodes de formation devront être parfaitement compatibles avec les besoins et les capacités des entrepreneurs.

14. L'organisation des petites industries forestières et des institutions d'appui devra être conforme aux conclusions 3 et 8 ci-dessus.

Suivi dans le secteur forestier

Les recommandations suivantes ont été formulées durant la Consultation d'experts au sujet des mesures de suivi qu'il conviendra de prendre au sein du secteur forestier:

1. Sensibiliser et influencer les politiques

a) Rassembler toutes les informations utiles disponibles sur les caractéristiques et les besoins fondamentaux des petites industries forestières et les porter à l'attention des services forestiers et des décideurs et ce, en vue de les inciter à accorder aux intérêts des petites entreprises forestières une place plus importante dans les politiques et les programmes du secteur forestier.

b) A l'appui de cette action de sensibilisation, continuer à recueillir des informations sur des situations représentatives dans les pays en développement. Il faudra à l'avenir s'efforcer de fragmenter les données de manière à isoler des différences significatives, par exemple entre "micro" entreprises basées sur le ménage et entreprises-ateliers, ou encore entre les petites entreprises de transformation axées sur les produits ligneux et celles qui utilisent des produits autres que le bois.

c) Commencer à identifier dans des situations typiques des produits ayant un fort potentiel et pouvant être commercialisés à travers les petites industries forestières (là où la production à petite échelle est clairement préférable) et diffuser l'information relative.

d) Organiser des séminaires pour des auditoires régionaux, ou à d'autres niveaux appropriés, pour le personnel d'organisations forestières, de politique économique, de financement et de développement rural en vue d'examiner la contribution potentielle et le développement des petites entreprises forestières dans le contexte de programmes élargis.

2. Mise au point d'information ou de méthodes de base:

a) Collaborer avec des universités et d'autres organismes intéressés aux fins de combler les lacunes existant dans les domaines suivants:

- aménagement forestier à usages multiples, y compris les produits non ligneux pouvant intéresser les petites industries forestières;

- potentiels de rendement et méthodes d'inventaire des produits forestiers autres que le bois;

- mise au point de profils d'industries forestières soulignant les activités des petites industries forestières ayant un fort potentiel commercial (y compris les besoins de marché, de ressources et de technologie);

- méthodes permettant d'évaluer le potentiel de croissance et la viabilité des petites entreprises de transformation.

b) Encourager des institutions appropriées dans les pays en développement à:

- examiner le cadre juridique et institutionnel en vue du développement des industries forestières et identifier les barrières qui freinent l'accroissement des petites industries forestières;

- mettre au point des méthodes d'évaluation rapides et économiques pour apprécier les besoins d'aide des "micro" petites industries forestières dans le contexte d'un projet;

- entreprendre des études approfondies du sous-secteur pour identifier des produits hautement commercialisables pouvant être fabriqués par les petites industries forestières (notamment dans le cadre d'un projet) avant de formuler des programmes d'aide;

- préparer, notamment pour un certain nombre de pays choisis, une liste facile à consulter d'institutions œuvrant en faveur des petites industries forestières et indiquer leurs activités et leur expérience;

- analyser les possibilités d'introduire des notions de transformation à petite échelle dans la formation du personnel forestier à tous les niveaux;

- réviser les aspects des politiques gouvernementales en matière d'aménagement forestier et de cession des produits forestiers qui favorisent injustement les grandes industries et pénalisent les intérêts des petites.

3. Promouvoir la composante petites industries forestières dans les projets de terrain

Dans les projets de foresterie associative et autres situations où des ressources sont disponibles pour les petites opérations de transformation (tels les programmes de développement rural intégré), il existe déjà des possibilités d'introduire les petites industries forestières en tant que composante des activités de mise en valeur rurale. La FAO devrait examiner les actions suivantes:

a) Analyser les projets forestiers pour identifier ceux qui comportent déjà des activités de petites industries forestières et étudier leur envergure, leurs problèmes et l'aide qui leur est dispensée actuellement.

b) Indiquer des activités de soutien améliorées, dans le cadre d'un projet complet, et démarrer des programmes d'appui adéquatement liés à des organismes de promotion de la petite industrie dans les différents pays.

c) Préparer et diffuser des directives de projet montrant comment identifier des opportunités de développement pour les petites industries forestières, évaluer leurs besoins et les aider dans le cadre d'un projet forestier.

d) Développer des paquets pédagogiques pour le personnel du projet en matière d'appui technologique, consultatif et de gestion aux activités des petites entreprises forestières.

Artisan sculptant des statuettes de bois traditionnelles son commerce aussi devra trouver des débouchés


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