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Annexe 2 - Etudes de cas

La présente annexe est un résume des études de cas présentées à la deuxième Consultation d’experts sur le rôle des forêts dans le développement des collectivités locales tenue les 21 et 22 juin 1977. Six études ont été soumises par les participants (les documents concernant le Sahel et le Sénégal sont traités ensemble) et douze autres études ont été compilées dans l’étude FAO. Les dix-sept documents sont présentés dans l’ordre alphabétique par pays et sont énumérés ci-après:

1. Chine

- Forêts intégrées de village

2. Colombie

- Les forêts dans le développement des collectivités locales

3. Equateur

- Législation et organisation du système de reboisement à caractère social

4. Ethiopie

- Les forêts et le développement des collectivités locales dans le Tiro

5. Inde

- Les forêts et le développement des collectivités locales (Forêts de village)

6. Indonésie

- Système de forêt d’altitude et de pâturage sur les terres privées

7. Indonésie

- Programme de développement des collectivités locales implantées dans la forêt domaniale de l’est du centre de Java

8. Kenya

- Le système Shamba

9. République de Corée

- Système de plantations villageoises pour la production de bois de chauffage

10. Népal

- Systèmes avec arbres fourragers dans un projet de développement rural intégré

11. Nigéria

- Fermes forestières

12. Philippines

- Culture d’arbres par les petits exploitants

13. Sahel

- Systèmes forêt/bétail

14. Soudan

- Système de jachère forestière avec acacia senegal

15. Tanzanie

- Bois de village, district de Dodoma

16. Thaïlande

- Système de villages forestiers

17. Thaïlande

- Une façon d’aborder l’aménagement intégré des bassins versants, Mae Sa


1. Chine - Forêts intégrées de village

En Chine, la planification agricole est pleinement intégrée à la foresterie, à l’élevage et aux pêches de façon à tirer le maximum de profit des ressources en terre et en eau. Le développement de l’agriculture vise à renforcer l’économie collective des communes qui jouissent d’un degré élevé d’autonomie financière et administrative et sont responsables de nombreux aspects de la vie économique et sociale.

La main-d’oeuvre est l’une des ressources que la Chine possède en abondance. Des efforts massifs appuyés par des millions de paysans ont été faits pour le boisement de protection et de production, la fixation des dunes, l’établissement de rideaux-abris, le boisement des bassins versants, la consolidation des digues, la mise en place de bois de ferme et la plantation d’arbres clairsemés. L’approche collective est adoptée même au niveau de la recherche.

L’éducation généralisée jointe à l’accumulation constante d’avantages concrets ont favorisé le développement d’un esprit de participation massive de la population. C’est là en effet la manifestation d’un esprit d’autodépendance et d’une volonté d’action. L’activité de masse fait aussi partie de la lutte des classes, témoigne des avantages d’une société communale et correspond au sentiment d’intérêt partagé, car les profits ne vont pas seulement au petit nombre, mais à l’ensemble de la communauté. Telle est la principale motivation de cette forme de participation.

En Chine, le principe technique fondamental est l’utilisation rationnelle de la terre en faveur de l’agriculture, de la foresterie et des activités connexes pour obtenir une productivité maximale. Les systèmes suivants sont utilisés:

- “plantations taungya” avec cultures intercalaires, par exemple de melons, manioc, arachide, gingembre et soja;

- fourrage et pâturage sous couvert forestier;

- exploitation de forêts à des fins autres que le bois: produits alimentaires, fourrage, produits médicinaux, huile ainsi que d’autres cultures d’importance économique comme le noyer, le châtaignier, le figuier, le camphrier, le théier à huile, l’aleurite et le bambou;

- quatre schémas de foresterie autour des maisons et des villages et le long des routes et des cours d’eau plantés d’essences à croissance rapide comme le peuplier, le saule, le pin, le sapin, l’eucalyptus et d’autres types de végétation comme le bambou;

- fermes forestières dont l’objectif principal est la production de bois et qui pratiquent souvent d’autres cultures secondaires - plantes médicinales, champignons, ou plantes à fibres pour la fabrication des paniers.

Pour tous les systèmes forestiers, la politique du gouvernement et la pénurie du bois font que les ressources forestières sont intégralement utilisées: le bois d’oeuvre, le bois à pâte, le bois de chauffage et même les produits d’élevage qui servent de combustible pour faire du compost. Cette utilisation multiple est étendue aux pépinières forestières où on associe l’élevage porcin ou la culture maraîchère à la culture des plants d’arbres issus de semences (dans la pépinière de Chanku Tai, des choux alimentaires ont été semés sur les rebords des planches de semis).

La participation massive des communes dans les activités forestières est fondamentale pour les forêts locales. L’article 3 des Règlements forestiers de 1963 stipule:

“Les comités révolutionnaires de tous niveaux doivent accentuer la propagande et renforcer l’éducation en vue de sensibiliser l’opinion à l’égard des forêts, de promouvoir l’éducation forestière et de mobiliser les masses pour protéger de façon adéquate les forêts et les arbres”.

La plupart des techniques de plantation suivies exigent un fort apport de main-d’oeuvre. Les forestiers et techniciens fournissent des directives aux hommes et femmes qui réalisent les opérations de boisement et d’exploitation. La recherche forestière constitue également un service de soutien. Des “équipes de praticiens” sont chargées des divers aspects de l’aménagement sylvicole.

Les bureaux forestiers régionaux sont directement associes aux activités forestières communales. Ainsi, le bureau forestier régional de Tailin contrôle 31 unités de production dans 11 fermes sylvicoles et une infrastructure complète. Le bureau est charge de fournir des services à caractère social touchant la santé, l’éducation, les loisirs, les achats, etc.

L’une des 11 fermes sylvicoles, qui s’étend sur quelque 3 000 hectares, fournit du travail à environ 48 personnes parmi lesquelles des enseignants, des médecins et un personnel d’entretien. Les bâtiments regroupent des logements, des salles de classe, des douches, un dispensaire et un dortoir pour les diplômes de l’enseignement secondaire, employés à la ferme.

Des rapports sur les forêts en Chine se dégage une vue généralement favorable de développement forestier rapide et dynamique et d’engagement enthousiaste des habitants et des notables des villages ou communes.

L’intégration de la forêt et de l’agriculture réalisée en Chine à tous les niveaux a eu une incidence positive. Citons, par exemple, un projet de rideaux-abris de 1 500 km de long sur 12 m de large, exécuté dans le nord-ouest en deux saisons par quelque 700 000 paysans des communes avoisinantes. Dans le compté de Fu Kou, entre 1958 et 1975, 74 millions d’arbres, soit quelque 140 par habitant, ont été plantés et 10 000 hectares environ de brise-vent mis en place. De 1970 à 1975, le bois des coupes d’éclaircie a contribué à la construction de 80 000 logements dans le comté. Dans le comté de Min Chin, la plantation de 30 000 hectares de rideaux-abris sur des dunes a permis de doubler la production de bois par unité de surface sur une zone protégée de 150 000 hectares. Dans le comté de Chouchou, d’importants programmes forestiers comportant la plantation de 16 millions d’arbres autour des maisons et des villages et le long des routes et cours d’eau ont fortement contribué au doublement en dix ans des rendements agricoles.

Facteurs clés

- La pleine intégration de la foresterie à l’agriculture au sens le plus large;

- la capacité de motiver la population et de susciter un profond engagement national et communal pour mettre en place et conserver des forêts dans le cadre d’un programme agricole intégré;

- l’engagement de l’Etat à l’égard du développement forestier agricole;

- la motivation et l’enthousiasme des personnes sont tels qu’en dépit de résultats initiaux de plantation décevants, le recours à des techniques améliorées a permis de poursuivre l’exécution des programmes de plantation sans échec majeur.

2. Colombie - Les forêts dans le développement des collectivités locales

Les activités forestières pourraient devenir l’une des plus importantes sources d’emplois directs en zone rurale et d’aide à l’emploi en zone urbaine. Jusqu’à présent, les principales activités forestières n’ont pas été intégrées au processus de développement rural bien que les collectivités aient parfois participé aux travaux forestiers à la fois sur les terres à dominance agricole et dans les régions forestières.

Pour les zones agricoles, citons par exemple:

a) la plantation d’Inga spp. comme ombrage pour le café, depuis plus d’un siècle, source essentielle de revenus de nombreux petits exploitants. Cette essence fournit également du bois de chauffage, accroît la fertilité du sol et contribue à empêcher l’érosion des zone à pente abrupte. Dans les régions productrices de café, la diversification des cultures par la plantation de cyprès, de pins et de Cordia spp, soit dans les zones non adaptées au café, soit comme ombrage pour le café. Quelque 3 100 hectares ont ainsi été plantés en vertu d’un fonds spécial de diversification basée sur le café, dont l’un des objectifs est de répondre aux besoins en bois de chauffage et en charbon de bois des communautés rurales. Un bon exemple de diversification des cultures dans le dessein de protéger les bassins versants est donné par le bassin versant du Rio Blanco où des plantations d’Alnus jorullensis sont associées aux graminées Kikuyu.

b) Une forme d’agrosylviculture dans la région de la côte du Pacifique où des exploitants privés plantent des arbres dans les pâturages et les plantations de cacaoyers et de bananiers. Les principaux arbres sont le cèdre et Cordia spp. établis à raison de quelque 200 arbres par hectare. Les plants d’arbres issus de semences et l’aide technique sont fournis gratuitement par une société de bois privée qui exige une mise en place et un entretien corrects. Les arbres appartiennent à l’exploitant qui vraisemblablement les vendra à la société de bois.

c) Le projet de reboisement dans l’Ayapel de l’INDERENA (Institut national des ressources naturelles renouvelables et de l’environnement)/PAM (Programme alimentaire mondial) a pour objet la plantation d’essences à croissance rapide comme l’eucalyptus. Les travailleurs reçoivent des produits alimentaires en sus de leurs salaires. En 5 ans, quelque 1 860 hectares ont été plantés, ce qui ne représente que 20 pour cent de la superficie visée. Les disponibilités en terres ont constitué le principal obstacle car la demande de pâturage est grande.

d) Un programme de développement rural intégré (IRD) a été élaboré pour augmenter les revenus ruraux grâce à une agriculture améliorée, à de meilleures possibilités de commercialisation et à une infrastructure renforcée. Les éléments forestiers sont peu importants, intéressent des terres appartenant à des particuliers et comportent le reboisement sur les petites exploitations. Les exploitants reçoivent des crédits pour ces opérations. Citons parmi les autres éléments forestiers: la création de forêts de protection et l’établissement de plantations forestières productives. Le programme fournit également une aide technique aux plantations, sous forme de contributions à la recherche, aux enquêtes et à la création de parcelles de démonstration. Le programme a pour objectif la plantation de 10 000 hectares dans sept régions au cours des cinq prochaines années.

Exemples de participation des collectivités dans l’aménagement des zones forestières:

e) Un projet intégré de développement de forêts communautaires (PRIBOCO), commencé en 1976, qui repose sur une tradition d’activité communale et a une base juridique reconnue. Le projet s’efforce d’intéresser activement les communautés rurales à la conservation et au développement des ressources de la forêt, de la faune et de la pêche. INDERENA fournit des services techniques et un concours matériel principalement en vue: i) d’accroître les revenus de la famille par l’emploi; ii) de réduire la pression agricole sur les réserves forestières; iii) de veiller à l’aménagement intégré des ressources en attribuant une importance particulière aux zones marginales. Les programmes sont réalisés par l’intermédiaire des communautés qui reçoivent d’INDERENA des subventions pour les opérations de plantation et d’entretien. Pour ce qui est des forêts, les communautés apportent leur travail, leurs outils et leurs terres, l’organisme fournit les pépinières, les plants d’arbres issus de semences, l’aide technique, et des encouragements financiers et contrôle les travaux. Les bénéfices de l’exploitation sont partagés à part égale entre la collectivité et l’organisme. La part d’INDERENA sert à réaliser d’autres programmes. Les projets sont choisis en fonction des possibilités matérielles et sociales d’exécution et un certain nombre sont implantés dans des régions où les activités agricoles sont en train de détruire les forêts.

f) Le développement de systèmes agrosylvicoles dans les régions humides par CONIF (Société nationale de recherche et de développement forestiers) et l’institut Matía Mulumba avec cinq projets communautaires. Les activités agricoles/forestières associées ont pour object de fournir des revenus annuels réguliers, provenant principalement de la production des arbres à bois, des arbres fruitiers, des palmiers et des bambous. Des enquêtes à caractère social et portant sur les ressources sont effectuées et les activités de recherche constituent un élément essentiel de chaque projet.

g) Le projet de colonisation dans le bassin versant de l’Amazone s’efforce de réduire les conséquences néfastes d’une colonisation incontrôlée. La phase 1 du projet vise à établir 4 500 exploitants en leur accordant des titres de propriété des terres, un crédit contrôlé, des réseaux routiers, des écoles, des services sanitaires, et une vulgarisation technique. La phase II, qui a débuté en 1975, tend, en particulier, à réaliser un programme d’utilisation et de conservation des ressources naturelles. Le bassin versant forme trois zones principales: les montagnes où la protection est nécessaire, les contreforts alloués pour le pâturage mais qui exigent une certaine protection et la jungle de Caquéta où l’agriculture itinérante détruit le couvert forestier. D’importants programmes forestiers et travaux de recherche sont nécessaires dans le cadre d’un programme intégré afin d’atténuer les problèmes dans les diverses zones.

3. Equateur - Législation et organisation du système de reboisement à caractère social

Avec le système de reboisement à caractère social, l’Equateur vise à développer les forêts, autant que possible, avec la participation des communautés locales. On ne possède que très peu d’informations sur le programme au titre duquel 6 000 à 8 000 hectares ont été plantés entre 1965 et 1974. Le programme a été élaboré principalement pour protéger les ressources naturelles, créer des occasions d’emplois permanents et saisonniers, et fournir des sources de revenus additionnels aux populations rurales.

Le “système de reboisement à caractère social” a été établi par décret présidentiel en 1964. Le décret contient, entre autres, les articles suivants:

“Article 1 Le reboisement des terres en friche à vocation forestière est d’intérêt national. Le reboisement se fera par l’intermédiaire du système de reboisement à caractère social, c’est-à-dire que les ouvriers participeront à la création des forêts en qualité de propriétaires collectifs.

Article 3 Les terres jugées à vocation forestière sont:

a) les terres qui devraient avoir un couvert forestier pour protéger les ressources naturelles;

b) les terres en friche qui ne sont pas adaptées à l’agriculture ou au pâturage artificiel, mais peuvent accroître considérablement la production grâce à l’établissement de plantations forestières.

Article 5 Les propriétaires de terres à vocation forestière seront tenus de les reboiser en utilisant les systèmes suivants, selon cet ordre de priorité:
a) Système de reboisement à caractère social.

b) Par leurs propres moyens, conformément aux modalités et conditions spécifiées par le Ministère de développement.

c) Aux frais du Ministère de développement.”

La loi se réfère implicitement à différents contrats possibles et désigne les responsabilités des parties contractantes ainsi que les avantages qu’elles peuvent en tirer. Après promulgation de la loi, le Service forestier a réalisé le reboisement en ayant recours aux “contratos”, “consorcios” ou “coopératives” dont les modalités sont:

“Contratos” - Le propriétaire fournit la terre et paie au Service forestier les frais de plantation. Toute l’opération de plantation est assumée par le Service forestier, mais la plantation et ses produits appartiennent au propriétaire.

“Consorcios” - La plantation est faite par le Service forestier, le propriétaire ne fournissant que la terre mais non les fonds. Les rendements appartiennent pour 30 pour cent au propriétaire, et pour 70 pour cent au Service forestier.

“Coopératives” - La plantation est effectuée sur une terre privée appartenant soit à un particulier, soit à une coopérative. Tout le travail est réalisé par les membres de la coopérative, le Service forestier assurant l’encadrement et fournissant le matériel de plantation. Les rendements appartiennent pour 25 pour cent au propriétaire de la terre, pour 65 pour cent à la coopérative et 10 pour cent au Service forestier. Si la coopérative est également propriétaire de la terre, elle recevra 90 pour cent.

Certains signes récents indiquent que le programme, après des succès initiaux, a quelque peu perdu son dynamisme, en raison du manque de personnel qualifié et de dirigeants pour l’organisation et l’administration du système, de problèmes logistiques dus à l’éparpillement des petites propriétés et de l’ampleur trop ambitieuse des activités que le Service forestier a voulu promouvoir à l’échelle nationale et enfin de la limitation des ressources financières destinées à stimuler la participation des collectivités.

Malgré ces difficultés, 6 000 à 8 000 hectares de plantations forestières ont été établis avec quelques éléments d’aide étrangère. On peut, jusqu’à un certain point, attribuer les réalisations aux facteurs suivants:

- législation forestière appropriée;

- coutume traditionnelle profondément enracinée depuis la période inca, appelée “minga”, qui consiste pour les membres d’une communauté à travailler volontairement et gratuitement;

- volonté de l’Administration forestière de promouvoir le système de reboisement à caractère social;

- disponibilités en terres, à la fois dénudées et en voie d’érosion accélérée;

- disponibilités en certaines essences, surtout l’eucalyptus, adaptées à l’éventail des conditions climatiques et pédologiques du pays;

- aide étrangère destinée à fournir des encouragements aux collectivités.

4. Ethiopie - Les forêts et le développement des collectivités locales dans le Tiro

Ce projet pilote ne fait que commencer et ne sera pleinement exécuté que plus tard. Le Tiro Subworeda comprend une vallée montagneuse peuplée de 15 000 personnes, principalement des Oromo, agriculteurs sédentaires implantés dans la région depuis le dix-neuvième siècle. Le déboisement est généralisé, mais il reste la forêt Tiro qui couvre 5 000 hectares et est principalement composée de Juniperus procera et Podocarpus gracilis. Pour permettre l’exploitation de cette forêt, une route praticable toutes saisons de 50 km a été construite avec une certaine aide des collectivités. Elle entre dans le cadre du projet forestier. La région manque de bois de chauffage et de poteaux et l’on estime que la situation empirera avec le temps.

Avant la révolution de 1974, les propriétaires pratiquaient eux-mêmes la culture extensive, mais depuis cette date, toutes les terres appartiennent à l’Etat. Nombre de ces propriétaires possédaient des troupeaux de bovins, d’ovins et de caprins. Le plan d’utilisation des terres dans la vallée n’a pas été étudié. Selon les renseignements, les populations aspireraient principalement à avoir des dispensaires, des écoles et des occasions d’emploi. Les objectifs sont:

- dans le contexte du développement rural, introduire et encourager un effort d’autonomie soutenu en matière de forêt;

- mettre à l’épreuve et évaluer une méthodologie de développement rural en Ethiopie.

Il faut, au préalable, effectuer des enquêtes sur l’utilisation des terres et du bois. Il est prévu que des blocs de cinq à 40 hectares seront utilisables sur les pentes abruptes - des blocs de 1 à 5 hectares constitueront des zones mineures et des lots de 0,1 à 1,5 hectare seront établis autour des habitations. Aucun détail technique n’est donné car seul le développement du premier hectare est planifié.

L’organisme d’Etat de développement forestier (FWDA) assure les principaux apports techniques et de gestion. La zone du projet comprend 14 associations de paysans (PAs) qui élisent un comité représentatif. Toute la terre est nationalisée mais la population a un droit d’usage. Les PAs contrôlent la terre et le travail. Les forêts de plus de 80 hectares appartiennent à l’Etat et sont contrôlées par le FWDA. Les forêts de superficie moindre sont généralement à l’usage de la collectivité et sont contrôlées par l’association. Le projet réalise actuellement des études sociales pour comprendre l’attitude de la population locale à l’égard des forêts.

L’Association apporte la terre, la main-d’oeuvre et l’organisation communautaire. Le FWDA fournit la technologie, les plants issus de semences, et assure la formation et le transport. Tous les avantages matériels vont à la communauté et l’Etat bénéficie des effets sur l’environnement.

Aucune réalisation n’a pu être encore enregistrée puisque le projet ne fait que commencer.

5. Inde - Les forêts et le développement des collectivités locales (Forêts de village)

Le document analyse les droits coutumiers historiques aux produits forestiers et note que ceux-ci appartenaient aux unités villageoises de base. L’ancien programme de mise en réserve intensive est vu comme la conséquence naturelle de la pression de l’agriculture sur les terres forestières. La destruction de la forêt s’est intensifiée ces dernières années, en partie par suite des libertés accordées et comme affirmation des droits mais aussi en raison de la croissance démographique, de l’exploitation excessive des ressources et de la diminution des périmètres forestiers. Les droits communaux ont généralement donné lieu à des abus et la pénurie de forêts communautaires productives est suffisamment sérieuse pour constituer un problème national et non purement local.

Le document présente des exemples d’attitude face à la foresterie communautaire. Du fait de la disparition des sociétés traditionnelles, phénomène qui s’est accéléré ces derniers temps, il est plus difficile de maintenir avec succès les organisations locales. Même dans le nord-est ou la culture tribale persiste encore, les conseils de village n’ont pas réussi à discipliner l’agriculture itinérante dont les conséquences sont néfastes. Dans le Pendjab, il avait été estimé qu’un programme de plantation le long des routes et des canaux et sur les terres en friche ne serait pas rentable mais l’évaluation des profits financiers et des avantages a prouvé le contraire et le programme a été élargi. Les fermes forestières logiquement aptes à résoudre la pénurie de bois, ont été entravées par les antagonismes agriculture/forêt et les exploitants ont donné la priorité à l’agriculture. Toutefois, on a planté avec succès Dalbergia sissoo - arbre à couronne non dense - pour délimiter les terres dans le Dinajpur et Casuarina sur les sols sableux dans le sud.

Le document examine l’effet sur les ressources forestières d’une consommation accrue de bois de chauffage par habitant dans les villes. Le relèvement des prix du pétrole a modifié ce problème et les combustibles de remplacement, comme le gaz et le coke de pétrole, sont des possibilités coûteuses. Dans les zones rurales, le gaz méthane que l’on commence à produire à partir de déchets organiques, pourrait remplacer avantageusement le bois de chauffage. Pour améliorer les forêts locales, on a eu recours à des mesures juridiques pour limiter l’utilisation tout en préservant les droits locaux. Afin de prendre les décisions au niveau national, le statut juridique des forêts locales relève de l’autorité nationale et non plus du niveau local Ou il était souvent difficile de réaliser les progrès nécessaires. L’application de taux bon marché pour les licences forestières individuelles a généralement conduit à des abus et à l’exploitation aux fins de vente. Le recours à la population locale pour l’amélioration des forêts endommagées a connu un succès modeste. Le défrichement des forêts pour l’agriculture constitue un problème majeur et a parfois couvert des opérations d’exploitation.

La Commission nationale de l’agriculture a souligné la nécessité d’une utilisation plus intensive des terres forestières. Un programme national fondé sur une utilisation viable des terres est en cours d’élaboration. Cependant, le rythme de détérioration des forêts impose une limite au temps disponible pour réaliser des programmes fructueux. Les chefs coutumiers sont rares au niveau de la collectivité; cependant une direction, qu’elle soit coutumière ou légale, est essentielle à la mise en oeuvre des programmes. Le gouvernement local repose sur un système d’élection à trois niveaux, village, région et district (Panchayat). Le Panchayat est responsable pour les forêts de village, mais ces organismes élus sont plutôt portés à résoudre les problèmes immédiats par des solutions à court terme qu’à s’occuper de projets forestiers à long terme. Les Panchayats ont connu de grosses difficultés dans leur tentative de contrôler l’utilisation des forêts.

L’emploi forestier à temps partiel de la population qui vivait auparavant de chapardage dans les forêts a un effet bénéfique. L’organisation de la cueillette des produits forestiers mineurs, sur une base individuelle et non contractuelle, a augmenté les profits de la collectivité. La mise en place de centres d’achat offrant des prix équitables pour les produits renforce les possibilités des cultures de rapport. Le système “taungya” qui utilise plus complètement la terre peut constituer une source de profits tout comme l’emploi à plein temps dans d’importants projets de plantation.

Dans l’ensemble, la participation communautaire dans la foresterie de village n’a pas été un succès. Alors qu’il est admis que les programmes forestiers d’Etat ne peuvent pourvoir à l’ensemble des besoins locaux, la responsabilité en matière de forêts de village a été assumée par le Département forestier qui entreprend la mise en place et l’entretien des plantations et en partage l’usufruit avec les Panchayats de village. Les causes d’échec ne sont pas analysées mais les fautes principales sont implicitement attribuées aux collectivités; cependant les points suivants peuvent y avoir contribué:

- cadre institutionnel médiocre;
- absence de traditions forestières et d’organisation traditionnelle;
- insuffisance des encouragements à la participation;
- insuffisance des apports initiaux du gouvernement et de la planification.

Malgré ces difficultés, la ferme forestière est encouragée au niveau national. Dans l’Uttar Pradesh, certains signes indiquent que les collectivités désirent participer à la foresterie locale. Le Département forestier recherche comment diversifier les forêts et accroître les avantages au bénéfice des collectivités locales.

6. Indonésie - Système de forêt d’altitude et de pâturage sur les terres privées

Le “Solo River System” est le plus important à Java. Comme en de nombreux autres points de l’île, l’érosion et les crues sont des phénomènes généralisés dans le bassin du Solo et ont atteint un degré tel que plus de 100 000 hectares ont été virtuellement abandonnés par l’agriculture dans la seule région du Haut-Solo où l’énorme pression de la population sur la terre est estimée à 870 personnes/km² et augmente à un rythme rapide. Les revenus agricoles sont faibles et la grande majorité de la population rurale vit d’une agriculture de subsistance. Il est prévu que la dégradation des ressources naturelles et la croissance démographique se poursuivront à un rythme tel que, faute de mesures énergiques, la production vivrière d’un sous-bassin du Haut-Solo, passera de 93 pour cent (niveau actuel) des besoins nutritionnels acceptables à 36 pour cent dans 40 ans.

Conscient de la nécessité de mesures de conservation des terres et des eaux, le Gouvernement d’Indonésie a élaboré, en 1973, un projet multidisciplinaire visant à étudier la détérioration des ressources du bassin versant, définir des mesures correctives, faire la démonstration de ces techniques dans des zones pilotes, et à formuler des procédures de planification et des recommandations pour renforcer l’appareil administratif. Le PAM a fourni d’importantes quantités de denrées alimentaires, la CMCF des engrais et le PNUD/FAO des conseils techniques.

Le reboisement est considéré comme un élément important d’un programme d’aménagement global des bassins versants. Quatre systèmes forestiers sont proposés:

i) forêt de protection permanente sur les terres forestières domaniales;

ii) forêt de protection permanente sur les terres privées le long des fleuves;

iii) plantation temporaire de régénération des sols sur les terres privées fortement érodées et quasi abandonnées, à pente inférieure à 50 pour cent, qui après une ou deux révolutions d’arbres, seront rendues à l’agriculture;

iv) forêt de protection/production permanente sur les terres privées à pente supérieure à 50 pour cent. Etant donné que la survie de la population locale dépend souvent de ces seules terres, un système sylvopastoral a été mis au point qui associe les arbres, les graminées et les animaux; l’élément graminées/animaux fournit à l’entrepreneur un revenu annuel peu après la mise en place des forêts. L’espacement des arbres est de 2 x 2 m afin d’obtenir la fermeture rapide du couvert. Le choix des essences dépend principalement du climat et tout particulièrement des précipitations ainsi que de l’altitude; les principales essences sont Pinus merkusii en plantation intercalaire avec Albizia falcataria ou Eucalyptus alba. Les pins ne reçoivent aucun engrais car Albizia, une légumineuse, améliore la fixation et le recyclage des éléments nutritifs. Pour assurer son établissement, Eucalyptus reçoit des applications d’engrais les deux premières années. Dans ce système, la révolution du pin est estimée à 30 ans, Albizia est coupé à ras la quinzième année, et le pin gemmé à partir de la dixième année. Sur d’autres sites, le système Eucalyptus/graminées est aménagé en taillis avec révolution de 10 ans. L’herbe à éléphant (Pennisetum purpureum) est plantée avec un espacement de 0,80 x 0,80 m. La densité de l’herbe est accrue par l’exploitant moyennant la plantation de boutures les deux premières années et la pleine production, de 30 à 60 tonnes/ha/année selon les conditions du site, est obtenue la troisième année. Les graminées exigent 200 kg/ha d’urée. Une compensation financière suffisante à l’entretien du propriétaire et de sa famille est accordée durant ces trois années. Ce système devrait permettre à l’exploitant d’élever dans l’étable de 1,5 à 3 têtes de bovins par hectare et d’obtenir un revenu satisfaisant et régulier à partir de la quatrième année.

Le système Pinus/Albizia/graminées devrait employer à plein temps deux hommes par hectare alors que le système Eucalyptus/graminées occuperait en permanence un homme par hectare. D’après les estimations, le rapport intrants/revenus varie, selon les conditions du site, de 16 à 21 pour cent pour le système pin/Albizia/graminées/bovins et de 13 à 14 pour cent pour le système Eucalyptus/graminées/bovins.

L’élément sylvopastoral sur terres privées est encore au stade de la recommandation et de la phase pilote et il n’existe aucune organisation pour exécuter un programme à grande échelle. Depuis 1974, quelque 300 hectares ont été plantés dans quatre sous-bassins versants.

En dehors des systèmes forestiers ou sylvopastoraux, le projet du Haut-Solo envisage également d’améliorer les potagers traditionnels où prédomine déjà la végétation à étages et à usages multiples qui forme depuis des temps immémoriaux un système écologique parfaitement stable. Il s’agirait (cet élément est encore, en partie, à l’étude) de rationaliser la production des cultures vivrières et de rapport annuelles, d’établir dans chaque jardin une section pour les arbres fruitiers et une autre pour les essences productrices de bois de chauffage et de construire un petit bassin pour la pisciculture saisonnière. L’objectif est d’améliorer les pratiques de conservation des sols et le régime alimentaire de la population locale, d’augmenter les revenus agricoles par la vente des excédents de production, de fournir le bois de chauffage manquant et, par voie de conséquence, d’empêcher l’exploitation excessive des forêts et les coupes illégales.

Facteurs clés:

La phase pilote des activités de reboisement et des activités sylvopastorales a montré qu’il faut: a) prévoir dans le cadre du programme gouvernemental de crédit en faveur des engrais, des crédits pour le bétail et les cultures fourragères, b) diversifier et intensifier les programmes de vulgarisation et d’éducation afin d’assurer la compréhension des exploitants, c) veiller à la participation de la population au stade de la planification et à celle des exploitants aux activités d’amélioration réalisées par le projet sur leurs propres terres et d) verser une partie de l’aide en espèces, ce qui constitue un meilleur stimulant que les denrées alimentaires.

Cette expérience indique quels seront à l’avenir les principaux éléments de succès du programme:

i) recourir à une formule bien définie et multidisciplinaire de l’aménagement global des bassins versants dont les forêts sont l’un des nombreux éléments;

ii) créer une organisation unique pour la planification et le contrôle des programmes d’aménagement des bassins versants et la fourniture d’une aide technique permanente; et, au stade de l’exécution, instaurer des liens opérationnels efficaces entre les diverses branches de l’appareil gouvernemental pour assurer la livraison en temps voulu des apports complémentaires et notamment du crédit, des engrais, de la vulgarisation et de la formation;

iii) assurer la participation active de la population depuis la planification jusqu’à l’exécution et la gestion de façon à engager la collectivité locale dans un processus de développement automatique.

7. Indonésie - Programme de développement des collectivités locales implantées dans la forêt domaniale de l’est et du centre de Java

Les forêts d’une superficie proche de 2 millions d’hectares dans l’est et le centre de Java, sont gérées par la Société Forestière d’Etat, Perum Perhutani. La principale essence est le teck qui couvre quelque 845. 000 hectares. Le périmètre forestier est doté d’une infrastructure ramifiée. La région se caractérise notamment par une densité démographique de 570 personnes/km², ce qui soumet les terres et les zones forestières à une certaine pression. L’un des objectifs de Perum Perhutani est d’améliorer la vie des personnes qui vivent dans le voisinage de la forêt pour atténuer les pressions exercées sur les terres forestières. Les familles sont étroitement liées, la hiérarchie sociale est grande et les anciens sont particulièrement respectés. Tous les membres de la famille participent aux récoltes agricoles. La société emploie une main-d’oeuvre importante. Le programme envisagé d’améliorations de la vie communautaire vise principalement à accroître la production grâce aux systèmes agrisylvicoles dont le principal est le “tumpangsari” (taungya) qui associe la production vivrière et les essences forestières, le teck notamment. Un autre système fait appel à la culture de fourrage sous teck pour un programme d’engraissement des bovins selon le système de zéro-pâturage (fourrage apporté à l’étable). D’autres projets comportent la plantation de Calliandra calothyrsus pour la production de bois de feu en faveur de l’industrie et des collectivités. Des projets pilotes d’apiculture et de sériciculture ont également été introduits il y a quelque temps.

Les principaux objectifs sont premièrement la conservation des ressources forestières et deuxièmement le relèvement du niveau de vie des collectivités locales par une production vivrière accrue dans les terres forestières en recourant aux systèmes agrosylvicoles, avec un programme annuel de plantation de 50 000 hectares en “taungya” d’ici 1978/79, et l’aménagement de 10 000 hectares selon d’autres méthodes de plantation.

Les essences principales sont le teck planté avec un espace de 3 x 1 m, dont la culture est bien connue et les techniques éprouvées. Le système taungya, limité aux sites plats ou légèrement en pente, relativement fertiles, est aussi bien au point mais l’emploi de variétés végétales améliorées et d’engrais a permis de tripler le rendement. Les applications d’engrais semblent également avoir augmenté les taux de croissance du teck.

En 1973, la société s’est engagée dans des recherches sur la productivité de l’herbe à éléphant, Pennisetum purpureum, cultivée sous teck, méliacées et pins. L’herbe est vendue aux exploitants et le bétail n’est pas autorisé à paître dans la forêt.

Pennisetum est productif pendant 4 à 5 ans et peut être coupé de 10 à 11 fois par an, ce qui donne jusqu’à 150 tonnes de graminées humides/hectare/an en culture irriguée et jusqu’à 75 tonnes en culture pluviale. On peut espérer des rendements moyens de 60 tonnes/hectare/an.

La société organise et contrôle toutes les activités réalisées sur les terres forestières domaniales qu’elle gère; elle fournit un certain nombre d’apports:

- prêts pour les engrais ou le bétail;

- logements améliorés en bois autres que le teck dans des camps forestiers temporaires (5 - 6 ans); après quoi les maisons sont démontées et données aux travailleurs,

- prestations à caractère social, installations sanitaires notamment,

- formation et vulgarisation au bénéfice des ouvriers forestiers et des exploitants.

Les participants aux programmes apportent leur travail et en retour bénéficient de revenus accrus provenant des cultures et du fourrage et reçoivent une prime d’encouragement après deux ans.

Les prêts et la vulgarisation autorisent l’application de méthodes agricoles améliorées.

La société engage une gamme d’apports qui permettent principalement de réduire les coûts d’établissement des plantations, de renforcer la croissance des arbres et de s’assurer contre les risques d’activités des occupants sans titre.

La plupart des projets viennent de commencer et les réalisations sont encore peu importantes. Quelque 5 000 hectares sont cultivés intensivement selon le système taungya avec application d’engrais, semences de qualité supérieure, etc.; on prévoit un taux rapide de développement. En 1976, 881 hectares ont été ensemencés en fourrage et 733 hectares plantés de calliandra calothyrsus. Il existe une liste d’attente de personnes désireuses de participer à ces projets.

Facteurs clés:

- le principal facteur est la faim de terre qui permet le développement généralisé des systèmes de plantation “taungya”.

- Les autorités forestières reconnaissent la nécessité d’établir de bonnes relations publiques et locales en encourageant un certain nombre de projets en faveur des collectivités locales.

- Le domaine forestier a été établi pour une période très longue et, en conséquence, l’aménagement des forêts à la prééminence sur d’autres facteurs.

- Il est nécessaire de quantifier les apports fournis et les avantages obtenus pour déterminer le profit relatif tiré de ces apports par la communauté et l’organisme forestier.

8. Kenya - Le système Shamba

Face à la rareté des terres, les membres de la tribu Wa Kikuya ont aisément accepte de devenir des exploitants sous contrat au titre du système Shamba appliqué par le département forestier pour la première fois en 1910.

Depuis lors, le nombre de personnes ainsi employées a augmenté régulièrement et aurait atteint 9 000 en 1975.

Les Wa Kikuyu et quelques tribus apparentées sont des populations agricoles industrieuses dont la demande de terres de culture est grande. En 1966, le Département forestier estimait à quelque 140 000 hectares (situés principalement dans les hauts plateaux) les réserves forestières restantes propices pour ce système, aux sols généralement adaptés pour les cultures.

La principale différence entre le système Shamba et de nombreux systèmes taungya est le fort degré d’intégration des exploitants dans le Département forestier. Avec le système “Shamba” tel qu’il a été organisé dans les années soixante, l’ouvrier résident accepte de travailler pour le Département forestier pendant neuf mois chaque année, d’enlever pendant son temps libre le couvert buissonneux indigène de peu de valeur d’une zone précise de 0,4 à 0,8 hectare par an, de permettre au Département forestier au bout de 18 mois de planter des arbres sur le sol défriché (shamba) et enfin d’assurer le désherbage de ces zones pendant trois ans. Traditionnellement, les hommes effectuent le défrichement initial mais ce sont les femmes qui pratiquent les cultures “shamba” consécutives.

Le Département forestier assure à l’ouvrier résident neuf mois de travail par an, lui fournit une maison et de la terre pour les cultures “shamba”, l’aide à abattre les grands arbres de valeur non marchande se trouvant dans la zone à défricher, lui permet de pratiquer les cultures annuelles (maïs, pommes de terre, haricots, petits pois et autres légumes) et de faire pâturer 15 moutons. L’ouvrier résident réalise les travaux en pépinière, les opérations de plantation, de désherbage et d’élagage et la construction des maisons et des routes. Le produit des cultures “shamba” est considéré comme une part de sa rétribution. D’après une évaluation faite dans les années soixante, la valeur de l’excédent agricole (après satisfaction des besoins de la famille) pouvait atteindre selon la distance et les conditions du marché jusqu’à 2,8 fois le salaire agricole minimum annuel en vigueur dans la zone. Les économies apparentes pour le Département forestier, les cultures “shamba” entrant dans la rétribution se sont trouvées dans une certaine mesure annulées par la nécessité d’employer une main-d’oeuvre assez abondante pour préparer des périmètres suffisants pour le reboisement. L’excédent de production “shamba” a contribué sensiblement à satisfaire les besoins alimentaires nationaux. En 1962 et 1963, le maïs commercialisé par cette fraction de la population (1 pour cent) a représenté 6-10 pour cent de la production totale des petits exploitants et, selon les estimations, la part de la production de pommes de terre a même été supérieure. Au milieu des années soixante, l’augmentation de la production agricole des petites exploitations créées par fractionnement de grands domaines, s’est traduite par une baisse des prix des légumes et des revenus obtenus par le système “shamba”.

Le système a été radicalement modifié en 1976. Tous les ouvriers forestiers résidents sont désormais employés toute l’année et ont le statut de fonctionnaires. S’ils désirent pratiquer des cultures, ils doivent louer les terres au Département forestier. Cette élimination virtuelle du système “shamba” a entraîné une augmentation sensible des coûts directs d’établissement. Il a été estimé que des 9 000 ouvriers “shamba”, seuls 6 000 ouvriers sont nécessaires à temps plein pour les activités du programme de plantation.

Facteurs clés:

- La faim de terre et la présence de paysans industrieux pratiquant l’agriculture itinérante traditionnelle.

- La facilité avec laquelle l’agriculture itinérante pourrait se transformer en système agrosylvicole “shamba” et l’existence de sols fertiles dans les zones forestières.

- Le partage des activités de préparation des sols et de culture entre les hommes et les femmes a permis aux hommes de prendre un emploi rémunéré neuf mois par an.

- Le concours accru du Gouvernement sous forme de logement, services sociaux et installation de villages forestiers, a contribué à la poursuite du système. En revanche, la création de collectivités fixes a créé des problèmes de transport par suite de l’éloignement progressif des zones de culture “shamba”.

9. République de Corée - Système de plantations villageoises pour la production de bois de chauffage

En Corée du Sud, le bois de chauffage disponible ne suffit pas aux besoins de la population rurale, contrainte d’utiliser les feuilles, l’herbe et la litière forestière, ainsi que de grandes quantités de paille de riz, de chaume de maïs et autres résidus agricoles. L’enlèvement de la litière forestière a provoqué l’érosion des sols et l’inondation en aval ainsi que la baisse de la fertilité des sols, alors que l’usage comme combustible des résidus agricoles a privé les exploitants d’une source potentielle de revenus et le pays de matières premières de valeur.

Conscient de la gravité de la situation, le Gouvernement a pris en 1973 un certain nombre de mesures aux fins de renforcer le service forestier, d’alerter la population rurale, d’imposer des règlements interdisant de toucher à la couverture forestière et d’entreprendre un programme national de reboisement afin de créer, avec l’aide de la main-d’oeuvre du village, des plantations villageoises pour la production de bois de chauffage. Une enquête nationale a déterminé les besoins en bois de chauffage des divers villages et fixe l’ordre de priorité des interventions.

Ces plantations relèvent du Mouvement Saemaul, lancé en 1971 à titre de programme général d’auto-assistance à l’échelle de la nation, pour améliorer les conditions de vie en zone rurale, décentraliser davantage la croissance économique et ralentir la migration rurale vers les grands centres urbains.

Chaque village élit un comité Saemaul composé d’environ 15 membres qui décident des besoins et priorités et adressent les demandes aux Comités de district et de comté. L’association forestière villageoise (VFA), composante du Mouvement, est chargée de l’exécution des travaux forestiers. La VFA peut demander des directives techniques aux forestiers de l’Union VFA et au Bureau forestier. Les terres privées sont soumises à la prescription juridique du Gouvernement selon laquelle toutes les terres en pente doivent recevoir un couvert forestier, et la plupart des propriétaires privés apprécient cette prise en charge du programme de boisement par le VFA ou le Gouvernement qui subventionne complètement les plants, les engrais et autres matériels.

En 1975, le taux annuel de plantation a dépassé 40 000 hectares. Environ 643 000 hectares ont été plantés en vue de la production de bois de chauffage.

Facteurs clés:

Ce programme se caractérise principalement par l’engagement des villageois dans le développement rural et leur esprit communautaire qui les a conduit à entreprendre de façon bénévole une large gamme d’activités d’améliorations rurales dont l’établissement de plantations pour la production de bois de chauffage en vue de relever leurs niveaux de vie et la qualité de leur existence. La création de ces plantations fait partie intégrante du concept Saemaul et les villageois sont engagés dans le développement forestier par leurs associations forestières villageoises.

Autre facteur positif: le Gouvernement est conscient que la demande de bois de chauffage exige d’urgence le contrôle des superficies forestières et le développement accru des plantations ainsi que l’élaboration d’une politique visant à améliorer la qualité des forêts et à encourager et soutenir activement l’établissement de plantations pour la production de bois de feu. Cette politique soutenue par une surveillance rigoureuse et efficace contribue à pousser la société villageoise disciplinée à exécuter les programmes forestiers communautaires. Une législation appropriée a été promulguée.

Autres facteurs importants:

- Ce système de plantation donne des revenus rapides car l’essence fournit du bois de chauffage et du bois commercial au bout d’un an.

- La présence d’une infrastructure assez satisfaisante.

- La forte pression que le Gouvernement exerce depuis plus de dix ans sur les petits propriétaires terriens pour qu’ils cèdent ou boisent les terres non agricoles. Il n’est donc guère difficile d’obtenir les terres de colline marginale d’un faible potentiel agricole.

- La compétence en matière d’essences à planter, de préparation des sites et de techniques judicieuses, associée à des facteurs tels qu’une vulgarisation efficace, faite notamment à travers les moyens de grande information.

Pour surmonter les problèmes majeurs qui s’opposent à un développement accéléré, le personnel de surveillance et un appui technique qui exige une plus grande mobilité du personnel local, ont été fournis par un projet financé par la BIRD.

10. Népal - Systèmes avec arbres fourragers dans un projet de développement rural intégré

La population du Népal vit, à concurrence de 60 pour cent environ, dans les collines, de 30 pour cent dans le Terai et de 10 pour cent dans l’Himalaya. La densité moyenne à l’échelle nationale est de 620 personnes/km² sur les terres cultivées et elle atteint 1 100 personnes/km² dans les collines. Le PNB est estimé à 90 - 100 dollars E.U. par habitant et le Népal est classé parmi les pays les moins avancés.

La stratégie de développement agricole suivie cherche à équilibrer croissance économique et répartition des revenus et à instaurer un développement régional plus équitable. Elle se propose de remédier à la baisse de la productivité agricole et de lutter contre l’établissement spontané dans les forêts des basses terres d’un grand nombre d’exploitants marginaux des collines.

Dans le cadre de cette stratégie, un projet pilote de développement rural a été élaboré pour mettre en valeur une partie des districts de colline où vivent 29 000 familles (191 000 personnes au total), dont 96 pour cent cultivent moins d’un hectare; les exploitations ayant en moyenne une superficie de 0,3 hectare. Quatre pour cent seulement de la population est dépourvue de terres. Actuellement, la population agricole de la zone ne permet de subvenir aux besoins des habitants que 8 mois sur 12; le reste de l’année, ces besoins sont assurés grâce aux salaires obtenus hors du district.

Le projet de développement rural intégral a pour objectifs une vulgarisation agricole intensive, l’amélioration du rendement des cultures, la formation des exploitants et du personnel, le développement de l’élevage, l’amélioration de la commercialisation, une meilleure utilisation des terres et la lutte contre l’érosion des sols, la fourniture de petits magasins, de dispensaires, et de facilités de crédit, les adductions d’eau dans les villages, le reboisement, la construction de pistes et de ponts et la progression de l’artisanat.

La foresterie fait partie d’une ample restructuration de l’économie rurale, ce qui permet de réduire les pressions des cultures et des pâturages sur des terres qui devraient être régénérées ou remises sous couvert forestier.

Les composantes forestières du projet sont:

- le reboisement des terres publiques pour la production de bois de feu et de fourrage;
- la régénération et la protection des périmètres forestiers;
- la lutte contre l’érosion dans les forêts.

Le programme forestier porte au total sur quelque 8 600 hectares pendant une période initiale de cinq ans et toutes les fonctions sont étroitement liées entre elles. Les plantations aux fins de bois de feu et de fourrage couvrent au total 2 100 hectares dont des blocs de 25 hectares aux fins de fourrage seront mis en place dans chaque village de la zone touchée par le système Panchayat. Environ 6 000 hectares de forêts endommagées seront régénérées (mise en place de clôtures et présence de gardes) et 470 hectares de plantations seront établis sur des sites dénudés par l’érosion. Le programme forestier sera précédé d’une enquête qui durera un an sur les zones à mettre en valeur. Tout le programme a une fonction de protection mais, en dehors des zones destinées à une production locale spécifique, les forêts de protection sont également censées fournir du bois de chauffage et, ce qui est plus important du fourrage. Le nombreux cheptel est, comme il a déjà été noté, hautement apprécié par les communautés villageoises et, en conséquence, le fourrage est un produit forestier très précieux. Un buffle mange jusqu’à 7 tonnes de feuilles, ce qui correspond à 41 pour cent de sa nourriture totale dans l’année et une vache jusqu’à 2,5 tonnes, soit 27 pour cent.

Au Népal, les programmes de développement local sont préparés et exécutés par des institutions mises en place dans le cadre du système Panchayat qui est un système d’administration à quatre niveaux structurellement intégrés. La législation qui l’a créé a été promulguée en 1962 et la première élection des membres a eu lieu en 1963. Les quatre niveaux de ce système de gouvernement local par élection sont: les panchayats de village, les panchayats de district, les panchayats de zone et le panchayat national. Le système vise principalement à assurer la participation de la base au développement local et aux programmes sociaux, à sensibiliser les hauts fonctionnaires de l’administration gouvernementale aux besoins de la population et à décentraliser l’administration afin d’utiliser plus pleinement les ressources locales en hommes et en matériel.

Un secrétariat dirigé par le responsable du district (CDO) veille à assurer la coopération et la coordination entre les panchayats de district et les ministères techniques pour le développement local au niveau du district. Le CDO a pour tâche de faciliter la bonne exécution des plans de développement à l’échelon du district et il est également chargé du respect de la loi et du maintien de l’ordre. Lorsqu’un plan a été approuvé, chaque élément est réalisé sous le contrôle direct des fonctionnaires techniques des ministères intéressés, mais sous la direction globale du CDO avec l’appui et la coopération du panchayat de district. Le Gouvernement népalais reconnaît la nécessité de la participation des collectivités aux activités de foresterie. La politique adoptée en 1976 prévoit la prise en charge par les collectivités locales des petites zones boisées sur les terrains agricoles et leur droit de culture dans ces zones. Le développement forestier sera effectué par le Département forestier, avec la collaboration des panchayats de district et de village.

Facteurs clés:

Cette analyse reposant principalement sur l’examen d’un préprojet, l’identification des facteurs clés est fondée sur la théorie plutôt que sur les faits.

- La foresterie pourrait, dans le cadre d’un programme de développement rural intégré, contribuer à relever le niveau de nutrition de la collectivité locale par rapport au niveau actuel de sous-subsistance.

- La prise de conscience de l’importance de la sylviculture qui conduit même à convertir des terres cultivées en forêts et l’augmentation des rendements agricoles par l’usage de méthodes améliorées sur les terres cultivées restantes.

- La reconnaissance du fait que non seulement les forêts de production des collectivités, mais aussi les forêts locales de protection, devraient couvrir une partie des besoins locaux, à condition de remplir leur principale fonction qui est la protection.

- L’importance, pour une zone à fort cheptel, des forêts, en tant que source précieuse de fourrage, de fournir une alimentation d’appoint des animaux.

- L’orientation de la stratégie de développement rural, y compris des forêts, par l’intermédiaire du système panchayat (gouvernement local) qui permet l’examen et l’approbation de la planification et de l’exécution au niveau du village.

- la reconnaissance du fait qu’il faut remédier aux insuffisances techniques du panchayat au niveau de district par un concours technique et une formation octroyée par les pouvoirs publics et par une aide extérieure.

11. Nigéria - Fermes forestières

Le document décrit, dans ses grandes lignes, les problèmes de trois sites distincts qui caractérisent les différences entre les zones écologiques, les populations et les objectifs des fermes sylvicoles. Par “ferme forestière”, on entend la culture d’arbres forestiers et fruitiers sur des terres privées et communautaires situées en dehors des réserves forestières. Ces arbres et ce bois appartiennent à l’exploitant ou à la collectivité qui les gèrent, avec ou sans appui technique, financier ou autre de la part des organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux, mais de préférence avec une telle aide. Ce type de culture pourrait être pratiqué sur des terres agricoles, dans les enceintes des villages et sur les pistes inutilisées des terres communautaires. Les forêts jouent un autre rôle important dans le développement rural du pays à la faveur de nombreux autres programmes réalisés dans les réserves forestières, par exemple “taungya”, rideaux-abris, plantation de bois à pâte et autres bois, et par les emplois que procurent les activités d’exploitation et de régénération.

Le document donne trois exemples d’introduction de fermes forestières:

a) Projet de rideaux-abris dans le Nigeria septentrional - cette région nécessite d’urgence des opérations d’amélioration de l’environnement, les précipitations annuelles y sont faibles et atteignent en moyenne 700 mm. Les essais précédents d’établissement de certaines formes de rideaux-abris ont connu des succès mitigés. Toutes les personnes et organisations intéressées ont reçu gratuitement des plants d’arbres fruitiers et, en 1976, 760 000 arbres avaient été plantés. La préférence a été donnée aux arbres fruitiers qui présentent un double avantage et qui, sur les terres agricoles, sont traditionnellement protégés par les communautés rurales.

b) Lutte contre l’érosion des sols dans le Nigéria oriental - Cette région manque de bois et connaît de graves problèmes d’érosion. Les services forestiers des deux Etats y établissent des plantations forestières selon des méthodes agrosylvicoles mais ces derniers temps, ils cultivent surtout des plants d’arbres fruitiers qu’ils vendent à prix réduits.

c) Projet de développement forestier rural dans le Nigéria occidental - La demande de bois à usage domestique et industriel est grande dans cette région. Le Service forestier de l’Etat d’Oyo a participé avec le Département forestier fédéral à une campagne d’encouragement de la culture de Gmelina arborea et du teck pour la production de bois de feu, de bois d’oeuvre, de poteaux télégraphiques et de matières premières pour une usine de pâte et papier. Comme dans le projet de rideaux-abris, les plants ont été donnés aux exploitants.

Durant la première année, 1976, 700 hectares environ ont été plantés et plus de 700 000 plants distribués. Dans cette zone, l’initiative est surtout venue des collectivités locales et le Département forestier a porté ses efforts principalement sur la vulgarisation et l’information du public. Le Ministère de l’information a aidé à la diffusion des renseignements sur le projet par la télévision et la radio.

Il a été constaté que la présence de marchés dans les importantes zones urbaines avoisinantes et l’existence d’industries utilisatrices de bois favorisaient la ferme sylvicole. Le bois serait en premier lieu utilisé par l’exploitant lui-même, mais tout excédent serait aisément vendu en dehors de la communauté, apportant ainsi un revenu supplémentaire.

La coopération des divers ministères intéressés a été recommandée. Puisqu’il s’agit d’un projet forestier, le centre nerveux serait le Service forestier. Toutefois, comme les ressources devraient être aménagées à l’intérieur de la collectivité, le concours d’autres organisations gouvernementales serait nécessaire. Le Service forestier assumerait l’exécution du projet et un comité coordonnateur composé de représentants d’autres branches serait mis en place pour faire périodiquement le point.

12. Philippines - Culture d’arbres par les petits exploitants

A la fin des années 60, conformément à la politique gouvernementale et avec l’appui financier du Gouvernement, la Société des industries du papier des Philippines (PICOP) a lancé un plan de développement combiné de l’agriculture et de la culture d’arbres, premièrement, pour assurer l’alimentation régulière en matières premières de son usine de pâte et, deuxièmement, pour améliorer la situation socio-économique des exploitants qui vivent à la périphérie de ses concessions forestières et en même temps renforcer ses rapports avec eux. Les exploitants sont dans l’ensemble des squatters ou de petits exploitants pauvres qui pratiquent une culture extensive et sont établis depuis peu dans la région de Bislig, en provenance du Mindanao oriental ou d’autres régions des Philippines. Nombre d’entre eux n’ont aucun droit sur ces terres classées par le Gouvernement comme aliénables et disponibles. Après un levé topographique effectué par le Bureau des sols, ces terres peuvent être revendiquées et une demande de titre juridique sur 24 hectares au maximum peut être remplie lorsque 20 pour cent des terres sont cultivés. La plupart des terres ont été subdivisées en unités de 10 hectares après le premier levé topographique. L’exploitant qui participe au programme de culture d’arbres, consacre jusqu’à 80 pour cent de ses terres à la culture d’Albizia falcataria avec révolution de huit ans. PICOP fournit des plants (à prix coûtant) et une aide technique, à la fois pour la production de bois à pâte et de cultures pratiquées sur la superficie restante (20 pour cent). La mise en valeur de la partie agricole de l’exploitation a reçu toute priorité. En 1972, la Banque de développement des Philippines (DBP) a entrepris de financer les exploitants solvables. Pour obtenir un prêt, ceux-ci devaient posséder au moins dix hectares de terre.

Ce programme a été élargi en 1974 avec la participation financière de la Banque mondiale. Les conditions d’admission au programme ont été assouplies - le minimum requis a été ramené a cinq hectares, les exploitants qui occupaient les terres depuis dix ans sans aucun titre mais avaient fait la demande d’un bail d’exploitation familiale ont eu le droit de participer au programme et un délai de grâce de sept ans a été consenti pour le remboursement du capital et des intérêts du prêt. Les autres conditions sont demeurées - PICOP fournit une aide technique, établit un accord contractuel d’achat du bois et fixe un prix minimum. Les fermes sont situées dans un rayon de 100 kilomètres de l’usine de pâte, ce qui est considéré comme la distance économique maximale pour le transport du bois et la fourniture d’aide technique.

En moyenne, la petite propriété a dix hectares, dont deux pour les cultures et l’élevage et 8 pour la culture d’arbres. La famille défriche et plante quelque 4 hectares d’Albizia falcataria au cours de chacune des deux premières années. Cette essence est choisie surtout parce qu’elle convient à la région, est facile à établir et à entretenir et que son bois se prête à la réduction en pâte.

Dans l’ensemble, le relief est légèrement ondulé et l’altitude inférieure à 200 mètres. Les sols sont des limons argileux typiques d’origine calcaire. Les pentes sont jugées peu intéressantes pour les bananiers, cocotiers ou le maïs mais conviennent fort bien pour Albizia.

Comme la terre a été considérablement exploitée, le couvert buissonneux est léger et le défrichement se fait à la main. Les précipitations atteignant 4 830 mm, la plantation peut se faire presque toute l’année. Les opérations de tracé des lignes, de piquetage et de creusement des trous de plantation devraient être effectués environ une semaine avant la plantation. L’espacement est de 4 m x 4 m, soit 625 plants par hectare. Les semences sont recueillies sur place. PICOP assure le transport aux exploitations des plants qu’elle produit dans des pépinières d’une capacité de 5 millions de plants. Les plants sont mis en terre en pot et reçoivent une dose de 50 g d’engrais NPK. Le remplacement des manquants est effectué aussitôt que possible. Albizia a une croissance initiale rapide et une couronne ample et demande un désherbage au pied au bout d’un, trois et sept mois; un désherbage complet après onze mois suffit généralement pour assurer son établissement. Comme l’essence est exempte de ravageurs et de maladies, et que les feux sont rares, aucune précaution spéciale n’est nécessaire.

Les éclaircies, bien que possibles, ne sont pas pratiquées. La révolution est de huit ans; on obtient aisément un rendement total moyen de 240 m³/ha. L’exploitation est faite par la famille aidée par une main-d’oeuvre rémunérée et les boeufs sont employés pour le débusquage. Albizia repousse abondamment sur taillis, les drageons inutiles sont enlevés.

Le rythme de plantation varie selon la taille de l’exploitation. Au début il avait été envisage, pour une exploitation de 10 ha, un rythme d’un hectare par an, mais cette pratique a été abandonnée. Une seconde application d’engrais est parfois faite sept mois après la plantation.

D’après des calculs réalisés en 1974, une exploitation de 5 à 10 hectares a un rendement financier de revenus sur 20 ans de 39 pour cent et un revenu économique, avec un taux de travail théorique de 0,5, d’environ 23 pour cent.

Il est essentiel pour le programme que l’exploitant ait une source assurée de produits agricoles avant la plantation d’arbres commerciaux. Le Service de vulgarisation porte donc d’abord tous ses efforts sur le développement agricole de l’exploitation participante.

Les prêts sont de 15 ans et généralement cautionnés par une hypothèque sur les terres agricoles. L’intérêt est de 12 pour cent et un délai de grâce allant jusqu’à sept ans est accordé avant que ne commence le remboursement de l’intérêt ou du capital. Il est possible de participer au programme et de bénéficier des services techniques sans demander d’emprunts.

Facteurs clés:

- Le petit exploitant obtient la sécurité d’occupation en passant du statut de paysan sans terre à celui de propriétaire foncier.

- Un marché assuré à un prix garanti pour le bois à pâte; une période de récession monétaire a montré aux exploitants, la valeur de ces garanties.

- Un important service de vulgarisation technique, qui, entre autres, veille tout d’abord à assurer la situation alimentaire de l’exploitant.

- Les essences cultivées sont bien connues. Albizia falcataria est cultivé avec succès dans la zone depuis plus de 15 ans et ses coûts et rendements ont été minutieusement étudiés.

L’octroi de prêts s’est révélé ne pas être un facteur clé. Les services fournis par la Société se sont avérés suffisants pour permettre à la majeure partie des participants de poursuivre le programme et seuls les exploitants plus aisés, possédant de vastes étendues, ont demandé des prêts.

13. Le Sahel - Systèmes forêt/bétail

La zone sahélienne est une région peu précise qui traverse l’Afrique en largeur et est comprise entre des limites de pluviosité annuelle moyenne de 100 à 600 mm. En certains lieux, les pluies limitées ne peuvent produire et entretenir qu’une biomasse restreinte de sorte que l’équilibre écologique est sensible aux tensions biologiques ou climatiques. Les habitants de la région demandent aux forêts principalement du bois de chauffage et, en quantité moindre, des poteaux et du bois d’oeuvre. Pour la grande majorité, le bois est la seule source d’énergie pour le chauffage et la préparation des repas. La croissance démographique au cours des cinquante dernières années se traduit par une pression toujours accrue sur les forêts. Quelque 15 millions de mètres cubes sont actuellement prélevés chaque année comme combustible, ce qui représente environ 90 pour cent de la consommation totale de bois des pays sahéliens.

La demande de bois s’est intensifiée autour des nouvelles agglomérations urbaines. Les régions proches des grandes villes ont été largement dépouillées de leurs arbres et ce déboisement atteint actuellement des niveaux critiques. La situation est analogue dans le voisinage des industries utilisatrices de bois, comme les usines de séchage et de fumage du poisson. Dans certaines zones, la pénurie de bois de chauffage est telle que pendant une partie de l’année, la population est contrainte de manger les aliments sans les cuire.

Les zones forestières sont aussi très sollicitées pour le pâturage, très souvent non contrôlé et, dans certains pays, illégal. L’ébranchage des arbres aux fins de fourrage est une pratique commune en saison sèche.

Les problèmes du Sahel ne sont pas récents; ils ont été mis en lumière périodiquement dans le passé et les crises ont conduit à prendre des mesures, toujours localisées dans leur application. Les interventions localisées, limitées à certains secteurs, et non soumises à une quelconque direction d’ensemble, n’ont fréquemment apporté que des solutions temporaires et bien souvent, créé des problèmes nouveaux et plus graves.

L’histoire, la pression démographique et l’évolution économique et sociale ont contraint les éleveurs à augmenter leur cheptel et à entreprendre des cultures et, plus grave encore, ont obligé les exploitants agricoles à augmenter les superficies sous culture et à repousser plus avant vers le nord la frontière agricole sahélienne. Cela s’est traduit par une utilisation encore plus importante des terres du Sahel, sans aucune augmentation appréciable de la productivité du sol.

Les conséquences désastreuses d’une série d’années de sécheresse ajoutées à la hausse très prononcée et imprévue des prix de l’énergie, des céréales et des facteurs de production agricole moderne durant la période 1970-1975 ont été telles qu’elles ont radicalement bouleversé la vie économique et sociale de la population déjà en évolution. La sécheresse a réduit d’un tiers la production de mil et de sorgho et de 30 pour cent les effectifs du cheptel bovin. Mais, en fait, la sécheresse n’a fait qu’aggraver les problèmes qu’affrontent depuis longtemps les pays sahéliens.

Deux projets ont été commencés dans la zone. Celui de N’Djamena au Tchad concerne la régénération de la végétation naturelle endommagée, l’autre au Sénégal a pour objectif de stabiliser les dunes afin de protéger les “Niajes”, zones de terre agricole fertile comprises entre ces dunes. Ces deux projets viennent d’être lancés, mais d’après les renseignements obtenus, les résultats initiaux sont prometteurs et les démonstrations prévues sont achevées.

Facteurs clés:

- La nécessité de consulter la population locale et de coopérer avec elle dans l’exécution de programmes forestiers mis en oeuvre à son intention.

- Les conditions économiques de la collectivité sont telles que la participation se réduit à un emploi à temps partiel.

- Lorsque l’équilibre écologique est gravement compromis, la fonction de protection prévaut malgré les besoins forestiers locaux.

14. Soudan - Système de jachère forestière avec Acacia senegal

La gomme arabique est commercialisée depuis plus de deux millénaires et les archives commerciales du Soudan indiquent que les ventes sont passées de 126 tonnes en 1825 à 52 000 tonnes en 1965 pour redescendre à 42 000 tonnes en 1970.

A l’origine, la gomme était extraite des arbres sauvages. Par la suite, on a cultivé les arbres (Acacia) dans le voisinage des villages temporaires ou des agglomérations, puis on a mis au point un système de village permanent pratiquant l’agriculture avec jachère d’Acacia senegal. Etant donné la croissance démographique récente, les terres agricoles ont pris dans certaines zones, une importance telle que l’on élimine l’Acacia de la jachère, faute de temps pour établir des jardins de gomme. En dehors des répercussions négatives sur la production de gomme, le raccourcissement de l’alternance culture/jachère forestière nuit à la fertilité et à la stabilité du sol, ce qui peut porter préjudice à la production vivrière et à l’économie paysanne. Acacia, en plus de sa valeur comme culture de rapport - la gomme - joue un rôle important à beaucoup d’autres égards dans la vie de l’agriculteur, par exemple;

- les branches épineuses sont utilisées pour les clôtures;

- les troncs servent dans la construction des maisons ou avec leurs branches comme bois de chauffage ou pour la fabrication de charbon de bois;

- les arbres augmentent nettement la fertilité du sol;

- les concentrations d’arbres protègent le sol contre l’érosion éolienne;

- les petites pousses, avec ou sans feuilles, sont une source de fourrage pour les chameaux et les chèvres;

- lorsqu’ils portent des feuilles, les arbres fournissent une ombre épaisse aux animaux qui pâturent;

- les racines sont utilisées pour la fabrication de cordes et le revêtement des puits.

En dehors de la demande de terres agricoles, les facteurs qui ont une incidence négative sur la culture d’arbres sont le feu et le surpâturage. Le feu réduit les rendements de gomme et tue les arbres déjà grands, alors que le surpâturage, sous forme de broutage ou d’étêtage, a un effet similaire mais entraîne rarement la mort de l’arbre.

Le revenu moyen annuel que la famille paysanne tire de l’agriculture est de 66 livres soudanaises, qu’elle doit compléter par l’extraction de la gomme. En 1966, le revenu moyen tiré de la gomme aurait représenté 25 à 28 pour cent du revenu agricole.

La seule espèce est Acacia senegal. Sa culture est largement connue et les méthodes de régénération, de croissance et d’utilisation sont bien au point. Il est généralement admis qu’il faut disposer de 25 hectares dont un quart est consacré à la production vivrière, un quart porte des arbres de 0 à 4 ans et l’autre moitié des arbres productifs de 5 à 12 ans. Le pâturage entre les arbres est inclus dans le cycle de jachère. La rotation devrait, dans l’idéal, être organisée de façon à ce qu’une série normale de classes d’âge soit établie dans la jachère Acacia. La régénération avec Acacia doit être complétée par l’ensemencement direct et il est souhaitable de maintenir une densité de 600 arbres à l’hectare.

Le Gouvernement a pour politique de permettre la poursuite du négoce de la gomme qui s’est développé à l’échelon local au cours des 60 dernières années, et sa principale intervention a concerné la réglementation du système des ventes au bénéfice du producteur. Le Gouvernement peut stimuler la production en vertu de “l’accord sur le prix minimum” en stabilisant ou en relevant les prix, lorsque les conditions du marché le permettent. Cet accord, entré en vigueur en 1962, a défini la structure des prix de la gomme. Chaque année, le Gouvernement réexamine les prix et fixe un prix aux enchères minimum à la production et un prix minimum à l’exportation.

En théorie, toutes les terres appartiennent au Gouvernement, mais en pratique, les particuliers ont acquis des droits sur les terres qui leur ont été allouées et sur les revenus de ces terres, qu’ils les travaillent eux-mêmes ou les louent.

Facteurs clés:

- Le principal facteur est la demande ferme et régulière de gomme arabique. L’industrie repose sur une seule espèce bien connue, Acacia senegal.

- Avec le développement de l’agriculture sédentarisée dans les zones à Acacia, l’essence a été incorporée à un système agricole adapté à l’écologie de la région en vertu duquel, durant la période de jachère arborée, non seulement la fertilité du sol se reconstitue, mais la production de gomme est stimulée. La collectivité locale a montré un fort degré d’initiative en organisant le ramassage de la gomme et en mettant au point le système agrisylvicole.

- Du fait de l’augmentation de la population et de la rareté de l’eau, facteur qui limite la mise en culture de nouvelles terres, l’équilibre des conditions écologiques du système agrisylvicole est devenu fragile. Tout raccourcissement de la période de jachère provoque des tensions dans le système, d’où une réduction de la production de gomme et de la fertilité du sol. Actuellement, le Gouvernement s’intéresse activement à la production de gomme et au système agricole.

15. Tanzanie - Bois de village, district de Dodoma

Les forêts communautaires font partie du “procédé Ujamaa” par lequel l’Etat souhaite mobiliser toutes les ressources pour éliminer la pauvreté, l’ignorance et la maladie. L’unité de base est le “village Ujamaa” et la politique forestière implique la promotion et le soutien des forêts par les organisations locales et villageoises. Le district de Dodoma comprend quelque 120 villages d’environ 500 familles chacun, d’exploitants agricoles ayant un revenu annuel de 34 à 45 shillings tanzaniens. Chaque exploitant possède en moyenne 5 têtes de bovins, ce qui pèse lourdement sur les terres de pâture. Les plantations communautaires ont débuté en 1967 mais sont plus rationnellement organisées depuis 1973. Le bois de chauffage et autres produits forestiers nécessaires proviennent d’une forêt naturelle de savane en régression constante.

L’objectif essentiel est d’établir des bois pour couvrir les besoins locaux en bois de chauffage et en poteaux, mais aussi pour la conservation des terres et des eaux et la remise en état des terres épuisées.

Une prospection préliminaire des sols à caractère général a été réalisée. Environ huit essences sont utilisées dont Cassia, Eucalyptus, Grevillea et le margousier. L’eucalyptus est la principale essence cultivée; sa révolution est de dix ans et son accroissement moyen annuel de 12 m³/ha. Les plants sont cultivés en pot de polyéthylène dans des pépinières départementales. Ils sont transportés jusqu’au village et les villageois effectuent les opérations de plantation et d’entretien et bénéficient des conseils techniques du Département forestier. Dans certaines régions, les opérations d’entretien ont été ressenties comme une contrainte.

Le projet est contrôlé à la fois par le Commissaire de district ou le Secrétaire du Parti dans le district, qui est nommé à l’échelon politique, et le Directeur de développement du district, qui est un fonctionnaire. Toutes les terres appartiennent à l’Etat. Le Département forestier dispense des conseils techniques, fournit des services de vulgarisation, établit les pépinières et assure le transport des plants. Les villageois reçoivent une formation aux pratiques forestières mais pas d’encouragements financiers. L’effectif forestier qui comprend un cadre supérieur, deux agents forestiers et dix-neuf autres membres est trop peu important pour le programme voulu. Le programme fait appel également aux Ministères de l’agriculture, des terres et de l’éducation.

La collectivité fournit la main-d’oeuvre et le Gouvernement les terres et les services techniques et de vulgarisation. Les principaux avantages pour la collectivité sont:

- le bois de chauffage et les poteaux,

- la production agricole accrue par suite de la réduction de l’érosion et de l’économie de temps réalisée puisqu’il n’est plus nécessaire d’aller au loin chercher du bois de chauffage,

- le revenu tiré de la vente des excédents,

- les connaissances techniques en matière de foresterie.

Quelque 650 ha, de plantations ont été établis entre 1972 et 1976, ce qui représente approximativement 40 pour cent de l’objectif. Certaines de ces plantations sont déjà productives et répondent aux besoins de la population, d’autres ont été perdues par manque de soins, par le feu ou la pâture.

Facteurs clés:

- La permanence de l’engagement du Gouvernement dans le relèvement du niveau de vie rurale.

- La nécessité d’un système intégré d’utilisation des terres pour réduire l’antagonisme entre l’agriculture et la foresterie.

- Le procédé “Ujamaa” à approche “non tribale” a remplacé le système traditionnel mais le développement de la foresterie locale semble exiger une vulgarisation plus intensive ou des stimulants pour encourager la participation.

- La nécessité de mieux définir les exigences techniques des bois locaux et la réduction éventuelle du nombre des essences.

- L’apport des collectivités et les avantages qu’elles retirent n’ont pas été quantifiés de sorte qu’il est difficile de convaincre la population que leur peine trouvera sa juste récompense. L’échec enregistré sur certaines parcelles ne peut manquer d’avoir un effet négatif sur la participation.

16. Thaïlande - Système de villages forestiers

La destruction des forêts par l’agriculture itinérante est un grave problème en Thaïlande, surtout dans les régions du nord et du nord-est. Un système de villages forestiers a été élaboré pour tenter d’établir un lien entre les travaux de foresterie et l’action sociale, et de promouvoir le développement rural, le reboisement et une bonne utilisation des terres.

Le programme de villages forestiers a pour objectifs: a) d’inciter les personnes sans terre à s’établir dans des villages forestiers qui offrent des services améliorés, un meilleur niveau de vie et une plus grande stabilité que la vie nomade; b) d’encourager les villageois à établir des plantations “taungya” pour reboiser les périmètres du domaine forestier qui ont été endommagés par une exploitation excessive ou par l’agriculture itinérante; c) de créer ainsi des occasions d’emplois forestiers permanents.

Un village forestier comprend une centaine de familles et une superficie de 1,6 hectare allouée à chaque famille qui la défriche et y pratique le système de culture “taungya” pendant trois ans. Le projet et le programme villageois sont sous la surveillance d’un fonctionnaire de l’Organisation des industries forestières (FIO). Le Gouvernement fournit également la terre, les outils, les services sociaux et l’infrastructure et accorde une prime en espèces allant jusqu’à 155 dollars E.U. par an, lorsque les résultats sont bons. En dehors de cette prime, les villageois retirent un certain revenu, qui peut atteindre 50.0 dollars E.U. par an, des cultures intercalaires qu’ils pratiquent dans la plantation. Le programme est soutenu par un service de vulgarisation.

Le programme, commencé en 1968, a progressé lentement; il n’a d’ailleurs jamais été prévu qu’il se déroulerait rapidement. Citons par exemple le village Mae Moh où 31 familles ont participé les quatre premières années, plus 55 familles la cinquième année et 14 nouvelles familles la sixième année, soit l’objectif prévu de 100 familles. Durant cette période de mise au point et d’installation, l’objectif annuel de 160 hectares de plantations taungya n’a pu être réalisé qu’avec l’apport d’une main-d’oeuvre extérieure rémunérée. En 1973, le système de villages forestiers effectuait quelque 2 000 hectares de plantations taungya par an, ce qui est bien loin du taux possible de 32 000 hectares par an, mais constitue un bon départ.

En 1976, l’ensemble du programme de reboisement de FIO comprenait quelque 30 unités et 10 600 hectares étaient plantés. Il existait 21 villages forestiers comptant 817 familles, soit en tout 4 325 personnes. FIO avait organisé 11 écoles primaires permanentes qui recevaient 886 élèves.

En 1977, FIO contrôlait 35 unités de reboisement. Ce chiffre devait être porté à 40 en 1978. Il est projeté de créer 5 nouvelles unités par an jusqu’en 1980.

(Une unité du programme FIO de reboisement est une équipe qui reboise 160 hectares par an pendant toute la durée de révolution d’une essence donnée, par exemple le teck. La superficie globale d’une unité plantée de teck, serait de 9 600 hectares pour une révolution de 60 ans, pour Parkia spp, elle serait de 4 800 hectares pour une révolution de 30 ans, etc.).

Facteur clés:

- L’intégration des agriculteurs itinérants dans des communautés villageoises forestières permanentes, où leur sont accordés des encouragements qui devraient améliorer leur niveau de vie et, en même temps, des stimulants en espèces pour l’établissement de “plantations taungya” et ou ils ont la perspective d’un emploi forestier durable.

- Le lien à établir entre la planification des villages forestiers et les études sociales sur les tribus de colline qui déterminent en profondeur les besoins et possibilités de la population locale.

- Le teck, principale essence plantée, est indigène et sa culture est bien définie.

- Les points négatifs comprennent le bas revenu et le caractère périodique des distributions de fonds, source de fréquentes difficultés financières pour les participants, les problèmes de transport avec l’éloignement progressif des périmètres taungya, et les aspirations insatisfaites des participants qui veulent posséder en permanence une terre agricole. On s’efforce d’éliminer les facteurs négatifs par l’établissement de villages de réinstallation de 200 à 500 familles, l’octroi à bail de 2,4 hectares pour l’agriculture permanente et de prêts à long terme pour la construction de logements et les investissements agricoles initiaux. Ces recommandations tiennent compte des principaux facteurs négatifs notés mais la fourniture de terres agricoles pose des problèmes de concurrence pour la main-d’oeuvre disponible entre l’exploitation et la plantation taungya.

17. Thaïlande - Une façon d’aborder l’aménagement intégré des bassins versants, Mae Sa

Le problème majeur dans ce bassin versant est la destruction continue et anarchique du couvert forestier protecteur. Les terres appartiennent pour l’essentiel à la Couronne et s’il existe des zones agricoles privées en plaine, aucune terre de colline ne peut appartenir à un particulier. En conséquence, les activités agricoles des exploitants des collines sont techniquement illégales. Jusqu’en 1975, les membres des tribus de colline ne pouvaient devenir citoyens Thaï; depuis la modification de cette loi, peu ont adopté cette citoyenneté. Leur mode d’agriculture traditionnel ne comporte aucun apport à la terre pour améliorer la conservation et la fertilité des sols et, en conséquence, ces exploitants se préoccupent peu des terres qu’ils cultivent.

Un projet a été élaboré en 1973 en vue de réaliser un programme pilote et de démonstration d’aménagement intégré du bassin versant dans le périmètre hydrographique de Mae Sa. Le projet porte sur plusieurs domaines tels que: aménagement des bassins versants, horticulture, agriculture de conservation, construction et entretien de routes, reboisement, lutte contre le feu, sociologie rurale et de nombreuses autres activités secondaires.

Au titre du projet des inventaires détaillés des ressources naturelles et humaines ont été effectués comprenant une étude de la vocation agricole des terres, un inventaire forestier et des enquêtes socio-économiques. Chacune de ces enquêtes a donné d’importantes informations, mais l’enquête socio-économique a révélé un certain nombre de facteurs dont diverses méthodes tribales d’agriculture ainsi que la limitation et le mauvais usage des ressources. Les Meo pratiquent un défrichement important et destructeur vers les 1 000 mètres d’altitude pour cultiver du riz de coteau comme culture de subsistance et de l’opium comme culture de rapport. Le défrichement des Thaï est généralement beaucoup moins intensif, concerne des forêts moins denses et implique un abattage moins radical des arbres. L’enquête a révélé que 30 pour cent des Thaï et 97 pour cent des Meo ne possèdent pas de terre en ce sens qu’ils n’ont de titre de propriété sur aucune terre.

L’allocation des terres après les études sur leur vocation agricole est d’importance cruciale si l’on veut en améliorer les pratiques d’utilisation mais en fait le programme pilote a montré que ces études et allocations progresseraient lentement sur une vaste échelle car les fonds et la main-d’oeuvre sont limités. Une attribution de terre à titre purement expérimental et fondée sur les besoins des divers exploitants du village a été réalisée de la manière suivante:

i) 0,25 rai (0,04 ha) à pente inférieure à 35 pour cent pour la maison et le jardin;

ii) 1 rai (0,16 ha) de terres irriguées ou 2 rai (0,32 ha) de terres tributaires des pluies ou une solution combinée équivalente, à pente inférieure à 35 pour cent pour les cultures de subsistance;

iii) 1 rai (0,16 ha) à pente inférieure à 85 pour cent et à sol approprié, sur lequel des mesures de conservation ont été apportées pour l’arboriculture fruitière et à autres fins alimentaires;

iv) 3 rai (0,48 ha) à pente inférieure à 85 pour cent, à titre de part des bois villageois communaux, aménagés sous le contrôle du forestier du chef de village.

On se propose de délivrer pour cinq ans un certificat temporaire d’occupation des terres puis, si les résultats sont satisfaisants, un certificat de location ou un titre de propriété. Les loyers seront nominaux et leur transfert autorisé seulement dans certaines conditions strictes. Pour empêcher les activités préjudiciables des prêteurs, les titres de loyer ne pourront pas être utilisés comme garantie hypothécaire. Le gouvernement devra organiser des prêts à faible intérêt pendant la phase d’établissement des participants. Les villageois ont été tenus au courant des objectifs du programme d’allocation des terres et ils ont exprimé leur accord.

Facteurs clés:

Le projet se trouve au stade d’élaboration de l’aménagement intégré du bassin versant; néanmoins, on possède suffisamment d’informations pour faire progresser les travaux sur une grande échelle. Il existe une longue liste de propositions en vue de vastes opérations pour le proche avenir dont les plus importantes pourraient être:

- La mise en place d’institutions techniques et organisationnelles judicieuses;

- La réalisation d’inventaires des ressources humaines et naturelles pour l’allocation des périmètres en fonction d’une utilisation correcte des terres;

- L’allocation, aux habitants de la zone actuellement sans terre et qui pratiquent une agriculture itinérante, de terres convenant à la culture permanente; la fourniture de conseils techniques sur l’agencement des terres et les techniques d’agriculture permanente;

- Le contrôle rigoureux de la vente ou du transfert de baux ou des allocations de terre individuelles, et l’interdiction pour les non-participants d’obtenir des terres ainsi que des mesures pour empêcher la spéculation foncière;

- Les stimulants, tels que subventions pour les apports de main-d’oeuvre et d’engrais, afin d’encourager et d’aider les exploitants à réaliser des ouvrages de conservation sur leurs terres;

- L’allocation de terres exige des apports de la part du participant qui devrait pouvoir tirer profit de sa condition de propriétaire. L’allocation de bois communautaires qui exige le concours de tous à certaines activités communautaires vise aussi à l’éveil d’une prise de conscience collective.

- L’établissement d’un système et d’une organisation de lutte contre le feu au niveau de la zone ou de la région;

- L’établissement de zones de travail forestier répondant à la demande locale. Il est probable qu’avec le développement de l’agriculture permanente, ces zones engloberont les bois villageois communautaires.

- Lors de l’établissement des plantations, il conviendrait de relever les normes d’entretien après plantation.

- L’utilisation des systèmes de plantation taungya et de pâturage forestier devrait être élargie.


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