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4. Collecte et stockage des données


Méthodes de collecte des données
Collecte des données au cours des différentes phases du programme
Stockage des données

Quatre méthodes principales de collecte des données ont été utilisées par les habitants, le personnel du projet chargé du suivi, les chercheurs et les évaluateurs extérieurs.

a) mesure(s) directe(s),
b) observation basée sur la participation ou non,
c) études de cas,
d) enquêtes.

Ce sont des méthodes complémentaires qui peuvent servir à répondre aux questions posées dans les chapitres précédents. Comme il a déjà été démontré, on utilise diverses combinaisons de techniques durant les différentes phases de mise en oeuvre du programme. Le choix de la méthode dépend du type d'information requis. Chaque méthode doit être expérimentée par des personnes qualifiées avant d'être diffusée à grande échelle. En conséquence, il faut d'abord tester les techniques d'évaluation, créer des fiches d'observation, des listes de contrôle et des questionnaires pour déterminer si:

a) les questions sont ambiguës;
b) les observations ou les enquêtes peuvent être conduites parles agents de terrain;
c) les données sont faciles à traiter;
d) les mesures effectuées par différentes personnes donnent des résultats semblables.

Dans ce chapitre, on indique les techniques et les conditions requises par chaque méthode en donnant des exemples précis. Les techniques les plus répandues ou les plus appropriées selon les différentes phases du programme sont également présentées, ainsi que les difficultés rencontrées durant l'application de chacune d'entre elles.

Méthodes de collecte des données


Mesures directes
Observation basée ou non sur la participation
Etudes de cas
Enquêtes
Elaboration de questionnaires

Mesures directes

Les participants locaux, les concepteurs et le personnel de terrain doivent disposer de données précises sur la consommation de combustible, la qualité de la production, l'installation, la détérioration du fourneau avec le temps, la quantité de cendres qui s'accumule dans le fourneau, les niveaux de pollution, et les innovations introduites par les utilisateurs. Les mesures peuvent être effectuées soit lors de l'enquête, soit à un autre moment, mais il ne faut pas oublier que les mesures directes risquent d'importuner les gens et, dans certains cas, elles peuvent même les embarrasser ou les effrayer, en particulier s'ils ont été déjà interrogés longuement par d'autres personnes ou par des fonctionnaires de l'administration. On doit expliquer en détail à la population le but de l'étude et la méthode d'observation. L'évaluation directe prend du temps et les enquêteurs doivent avoir reçu une solide formation.

Lorsqu'on mesure la consommation de combustible dans les ménages, il faut s'assurer que les données sont à la fois représentatives et exactes. L'échantillon doit comprendre aussi bien des utilisateurs de fourneaux que des non-utilisateurs.

Des expériences menées récemment au Kenya et au Sri Lanka montrent que la procédure suivante permet d'obtenir des résultats relativement fiables (pour de plus amples renseignements sur les mesures concernant le bois de feu, se reporter au rapport Enquêtes sur les combustibles ligneux, FAO 1983):

a) Apporter chez les ménages - utilisateurs ou non - des stocks mesurés de bois et de résidus.

b) Demander aux familles de ne pas prêter ni emprunter de combustible durant l'essai.

c) Mesurer le combustible chaque jour ou chaque fin de semaine (si les ressources sont limitées).

d) Effectuer les mesures avant d'installer un nouveau fourneau, puis 3, 6 et 12 mois plus tard.

Deux conditions doivent être remplies lorsqu'on entreprend des mesures: les instruments doivent être précis et fiables, et les fiches d'enregistrement des valeurs doivent être bien conçues et contenir suffisamment d'informations pour permettre d'évaluer tout changement dans les résultats. Des instructions précises doivent accompagner les fiches et une seconde personne doit vérifier les mesures sur le terrain. Des fiches et des procédures normalisées ont dajà été conçues pour mesurer la consommation de combustible (annexe 9). Pour mesurer les niveaux de pollution, on peut faire appel à la procédure mise au point au Népal et à celle du East West Center (1983). Pour les mesures concernant les fourneaux, il faudra préparer une fiche avec un dessin coté du fourneau tout en laissant des espaces pour y inscrire les informations nécessaires. Le dessin peut servir à montrer la position exacte des fentes, de même que la quantité de suie et les endroits où elle se dépose, et à indiquer les dimensions ou les installations qui sont mauvaises.

Lorsqu'on évalue la qualité de la production, il peut s'avérer nécessaire de choisir au hasard un échantillon de fourneaux et de mesurer leurs dimensions, pour les comparer aux normes fixées par le projet. On peut alors calculer les écarts par rapport aux mesures correctes. Il faut rendre visite régulièrement aux fabricants, ce qui permettra d'apprécier les changements de qualité au bout d'un certain temps. Il faudra mesurer tout changement des dimensions du fourneau sur un échantillon représentatif, à intervalles réguliers pendant au moins un an. Au cours de ces visites, il conviendra d'observer les changements apparus dans l'agencement de la cuisine, les modifications techniques apportées au modèle de fourneau, l'entretien ou les réparations effectuées récemment. Les notes prises au cours des visites sur le terrain doivent être classées et traitées au fur et à mesure.

Il est important de disposer de livres ou de registres spéciaux permettant l'entrée et la sortie aisées des données. Le nombre de fourneaux fabriqués, distribués et installés, le nombre de séances de formation ou de réunions de la communauté, le nombre de nouveaux producteurs et distributeurs et les dépenses engagées pour le projet sont des informations qui doivent toutes être transcrites dans les registres, car il s'agit de données opérationnelles cruciales pour établir si les objectifs ont été atteints. Ces registres doivent être réunis à intervalles réguliers pour permettre d'examiner les données dans un bureau central.

Observation basée ou non sur la participation

L'observation participative est une technique utilisée par les chercheurs. Ils vivent dans une ou plusieurs petites communautés auxquelles ils s'efforcent de s'intégrer pour recueillir des informations détaillées et objectives par des observations et des entretiens libres ou dirigés. En général, ils ramassent et débitent du bois, font la cuisine, et acquièrent ainsi une meilleure compréhension des problèmes des utilisateurs. Les informations qu'ils obtiennent portent sur des sujets variés: valeurs locales, politique et organisation sociale, facteurs influant sur les décisions, perception des problèmes de développement, position des femmes dans la société, emploi du temps, usages culinaires et habitudes de ramassage du bois. Au début de l'étude, il convient de rédiger une liste des données nécessaires. Celles-ci sont ensuite recueillies pendant un temps déterminé à l'avance parles responsables du programme. Plus ce délai est long, plus les données peuvent être approfondies et variées.

Le chercheur organise un système de classement des informations recueillies par des informateurs-clé et d'autres renseignements divers. Les informateurs-clé sont des personnes qui ont une connaissance approfondie d'un sujet ou qui ont de l'influence dans leur communauté. Le chercheur, en tant qu'animateur, peut aussi réunir des groupes pour discuter de certaines questions liées à l'utilisation et à l'adoption de fourneaux. L'étude peut prendre plus ou moins de temps, mais elle fournit l'essentiel de l'information de base et de s renseignements complémentaires. Elle permet d'effectuer une analyse approfondie d'un événement ou d'un résultat particulier, mais non d'établir de généralisations. Elle peut aider les responsables à comprendre pourquoi le taux d'adoption est faible ou élevé dans une région donnée, pourquoi la communauté participe ou ne participe pas activement au programme, ou encore pour quelle raison les économies de combustible ne sont pas aussi importantes que prévu. Elle peut également fournir des informations détaillées sur l'impact du programme. Le sexe ou l'âge du chercheur peut influer sur les données (par exemple, un jeune homme peut être considéré comme trop jeune, une femme peut ne pas être admise aux réunions du conseil, et, de même les hommes risquent ne pas pouvoir parler aux femmes ou d'utiliser le fourneau).

L'observation non participative est une méthode de collecte de données qui peut être réalisée sans la participation active des habitants. En voici quelques exemples:

a) noter le nombre de personnes qui examinent ou qui achètent un fourneau et la technique de vente;

b) se promener dans les ateliers des artisans ou dans les villages et observer le nombre de personnes qui fabriquent des fourneaux et les méthodes de production;

c) observer l'interaction entre la communauté et le personnel de terrain au cours des réunions.

L'observation peut fournir un instantané de la situation réelle. En outre, il y a moins de risques que les personnes modifient leurs comportements en présence du chercheur. L'information dépend toutefois de la subjectivité de l'observateur, et la quantité de données recueillies peut être faible par rapport aux besoins. L'observation non participative est une excellente méthode pour confirmer et compléter l'information obtenue au moyen d'enquêtes.

Etudes de cas

Dans les études de cas l'observation participative est utilisée pour effectuer une analyse approfondie de quelques ménages. Des habitants du lieu (adultes ou écoliers) et/ou des chercheurs vivent dans des familles pendant un temps assez long et recueillent ainsi des renseignements sur la consommation de combustible, les modifications dans l'emploi du temps et les activités. Les chercheurs locaux ou extérieurs peuvent avoir accès à un certain nombre de ménages, représentatifs soit des divers groupes socio-économiques, soit de tradition culinaire différente. Ils travaillent avec les femmes pendant au moins un mois en ramassant le bois ou en observant les habitudes dans la cuisine et les processus de décision au sein du ménage. Par ailleurs, ils s'entretiennent longuement avec les femmes. A partir de ces études de cas, on émet une hypothèse préliminaire que l'on peut vérifier au moyen d'enquêtes à plus grande échelle. Les résultats des études de cas présentés sous forme de tableaux peuvent aider à déterminer s'il existe une possibilité d'erreur majeure dans l'enquête.

Cette méthode présente les mêmes inconvénients que l'observation participative. L'échantillon peut ne pas être représentatif, et il faut beaucoup de temps pour rassembler et analyser les données. Toutefois, le chercheur peut fournir au responsable du programme des éclaircissements valables sur les raisons pour lesquelles on observe certains types d'utilisation et d'adoption dans une zone déterminée.

Enquêtes

Il s'agit de la méthode de collecte de l'information la plus répandue dans les programmes de diffusion de fourneaux. Les enquêtes servent à recueillir des données sur les taux d'adoption du nouveau fourneau et sur l'impact du programme. L'enquête est menée par des enquêteurs qui posent à des individus ou à des groupes représentatifs (constituant un échantillon) une série de questions dans une région donnée.

Un échantillon est un sous-ensemble représentatif d'un groupe d'objets, de personnes ou de districts dénommé population. Une population peut être divisée en unités (personnes, ménages ou villages). La liste des unités d'échantillonnage s'appelle système d'échantillonnage. Au début du programme, tous les ménages peuvent être suivis. En revanche, lorsqu'on arrive à installer plus de 200 fourneaux et à étendre le programme à de nouvelles zones, il devient impossible d'effectuer des enquêtes détaillées auprès de chaque ménage. L'échantillonnage est alors nécessaire.

Si vous n'avez pas été formé aux techniques d'échantillonnage, adressez-vous à un spécialiste


Le choix d'un échantillon n'est pas une tâche facile. Lorsque les types de cuisine et d'utilisation du combustible, les niveaux de revenus, les croyances religieuses, entre autres facteurs, sont très différents, il faut mettre au point un processus de sélection soigné, avec l'aide d'un sociologue ou d'un statisticien qualifié.

Pour ceux qui ont déjà une formation aux enquêtes par sondage, un certain nombre d'exemples pratiques sont présentés ci-dessous. Pour que la méthode donne de bons résultats il faut tenir un registre de distribution.

Exemple 1: Méthode d'échantillonnage utilisé par le Département de foresterie communautaire au Népal

étape 1 Dresser une liste exhaustive de tous les ménages qui ont reçu un fourneau amélioré, à raison d'une liste séparée par année de distribution. Numéroter en partant du n°1 les ménages figurant sur la liste.

étape 2 Diviser, pour chaque année, le nombre total de ménages par le nombre total à étudier pour obtenir l'intervalle d'échantillonnage (IE), par exemple 693 ménages divisés en échantillons de 150 donnent un intervalle de 4,62 (IE). On garde 2 à 3 décimales.

étape 3 Choisir un nombre (µ) au hasard entre 1 et l'intervalle d'échantillonnage (IE). Le ménage portant le numéro correspondant est le premier retenu pour le sondage. Exemple: µ = 2.

étape 4 Ajouter ensuite l'intervalle d'échantillonnage (IE) au premier nombre prélevé au hasard et arrondir les résultats jusqu'à la fin de la liste. Chacun de ces nombres arrondis correspond au numéro de série du ménage choisi (ex: µ = 2, IE = 4,62).


Numéro



Premier ménage choisi

2

(= µ)



7

(2 + 1 x 4,62)



11

(2 + 2 x 4,62)



16

(2 + 3 x 4,62)

etc.

Exemple 2: Echantillonnage en milieu urbain

1) Au début, il faudra peut-être dessiner une carte de la zone sur laquelle porte l'enquête.

2) Si les habitations sont réparties en blocs, attribuer un numéro à chaque bloc. Sinon, dessiner une grille couvrant tout le territoire. La taille de la grille dépend de la densité de population et de la superficie totale. Dans une zone à haute densité, chaque division devrait contenir au moins 50 logements. Numéroter chaque division.

3) Fixer le nombre total de zones ou blocs à inspecter et le nombre d'habitants dans chaque quadrillage.

4) Choisir les zones à étudier de façon aléatoire à l'aide d'une table numérique.

5) Numéroter les points de départ dans une zone et tirer au sort le point de départ à utiliser.

6) Tirer au son (pile ou face) les ménages à étudier (ex: si c'est pile, on enquête. Répéter l'opération pour chaque ménage). On peut utiliser aussi un dé pour restreindre l'échantillon (dans ce cas, le dé doit tomber avec la face 1 en haut).

7) Si la personne ne veut pas se soumettre à l'entretien ou si elle est absente, passer à la maison suivante et répéter le tirage au sort.

Elaboration de questionnaires

Deux types de questions peuvent être posées:

- des questions ouvertes telles que: que pensez-vous du fonctionnement du fourneau?

- des questions à choix multiples, par exemple: utilisez-vous votre fourneau pour cuisiner:

a) tous les repas,
b) certains repas, ou
c) aucun repas?

Dans le second cas, les interlocuteurs ont le choix entre plusieurs possibilités, ce qui fournit une information assez précise et facile à analyser. Dans le premier cas, on demande aux gens d'émettre une opinion, et des réponses variées sont possibles. Les réponses aux questions ouvertes peuvent servir à élaborer des questions à choix multiples. Elles aident également à se faire une idée plus précise des différences d'opinions entre les ménages. Les questionnaires comportent en général les deux types de questions qui sont complémentaires. Les questions à choix multiples sont faciles à poser et à analyser, mais elles limitent le type d'informations recueilli. Les questions ouvertes fournissent des renseignements utiles, mais présentés sous une forme qui peut être difficile à traiter. Les questions devraient se suivre dans un ordre logique pour obtenir la plus grande quantité de données possibles. Elles doivent être adaptées à la mentalité et aux idées des habitants du lieu.

Il ne faut surtout pas poser de questions directes, mais formuler la question de manière indirecte pour en tirer l'information souhaitée. Par exemple au lieu de demander: «votre fourneau fait-il économiser le combustible?», posez plutôt la question suivante:

«quand avez-vous utilisé votre fourneau pour la dernière fois?» (contrôlez la température du fourneau; s'il est chaud, cela veut dire qu'il a été utilisé). Si la réponse est «il y a un ou deux jours», demandez:
«comment marche votre fourneau?, quels genres de problèmes avez-vous rencontrés?». Si la réponse est «aucun», vous pouvez alors demander: «quels changements le fourneau a-t-il introduits dans votre cuisine?» ou encore «qu'est-ce qui vous plaît/vous déplaît dans votre fourneau?»

La quantité et la qualité des données dépend de l'efficacité de l'enquêteur, de sa motivation et des relations qu'il réussit à établir avec ses interlocuteurs.

On a souvent tendance à poser trop de questions. Une grande partie des données obtenues ne sont jamais analysées. L'expérience conseille de suivre la procédure suivante:

a) Déterminer les objectifs précis de l'enquête (par ex: savoir pourquoi un grand nombre de ménages ne se servent pas des fourneaux).

b) Demander au personnel de terrain et au groupe local chargé du suivi quels sont, à leur avis, les problèmes principaux dans la région.

c) Emettre des hypothèses sur la base de ces discussions (ex: la raison principale pour laquelle le fourneau n'est pas utilisé est qu'il ne fonctionne pas toujours).

d) Créer le questionnaire à partir de ces hypothèses et l'essayer dans la zone du projet avec une vingtaine de ménages choisis au hasard.

e) Déterminer les questions impropres à cause de leur ambiguïté, de leur caractère choquant, etc.

f) Apporter les modifications nécessaires au questionnaire de façon à en faciliter le traitement.

g) Préparer une majorité de questions à choix multiples, mais laisser de l'espace en bas de page pour les commentaires et les observations des utilisateurs, des fabricants et des enquêteurs.

Collecte des données au cours des différentes phases du programme


Collecte des données de base
Phase initiale d'essais sur le terrain
Phase élargie d'essais sur le terrain
Phase de diffusion

Chacune des méthodes citées précédemment permet de rassembler des types de données spécifiques. Toutefois, les techniques de collecte appropriées peuvent varier selon la phase du programme et les types d'information requis.

Collecte des données de base

Au Sri Lanka, les agents de vulgarisation ont obtenu des données de base en enregistrant les observations des utilisateurs, au cours de discussions avec les informateurs-clé ou d'entretiens de groupe. Ils ont aussi examiné sur place les documents disponibles en adoptant la procédure suivante:

Avant la visite:

a) se procurer, si possible, des photographies aériennes de la zone qu'on se propose d'étudier.

b) identifier les zones différentes du point de vue écologique et, si possible, les différents types de logements à l'intérieur de ces zones. Rendre visite à des ménages dans chacune des zones.

c) se procurer la documentation, les données de recensement et les informations agricoles disponibles sur la zone en question.

d) identifier les régions à l'intérieur de la zone où les modes de consommation de combustible, les traditions culinaires et les conditions socio-économiques sont différentes.

En arrivant:

e) réunir les organisations locales pour comprendre comment elles perçoivent les différences locales. Choisir les zones spécifiques représentatives des divers types à inspecter.

f) établir une liste des renseignements nécessaires (cf annexe 3).

g) consacrer un ou deux jours à chaque zone. Choisir au hasard les habitations auxquelles rendre visite et noter des observations détaillées. Demander à quelques hommes et femmes s'ils accepteraient d'être interrogés. Si possible, s'adresser à des gens ayant des connaissances spécifiques (fabricants de fourneaux, vendeurs de combustible, etc..). On peut tenir des réunions le soir pour interroger des groupes de certaines régions. Les types de maison, la taille des exploitations agricoles et le nombre de personnes gagnant un salaire en espèces sont autant d'indicateurs qui peuvent être utilisés pour déterminer le statut socio-économique des familles.

Phase initiale d'essais sur le terrain

Il existe quatre techniques principales de collecte des données qui peuvent être utilisées par les groupes communautaires, les agents de vulgarisation et les concepteurs de fourneaux.

Système de registre

Au début du programme, les organisations locales peuvent établir un système de registre très simple pour enregistrer le nom des personnes qui ont reçu un fourneau, la date de réception, le nombre de personnes qui ont participé à la construction et à l'installation, quelle somme le destinataire a versée (ou la quantité de nourriture fournie aux ouvriers) et combien de temps a pris la fabrication du fourneau. Un modèle de registre est présenté à l'annexe 5.

Dans certains programmes, un volontaire collaborant avec le comité local ou une personne s'occupant du programme à plein temps rend régulièrement visite aux ménages.

Au cours de ces visites, cette personne procède à un entretien informel en observant le ménage et peut noter ses conclusions dans le registre. Si l'enquêteur est compétent, il peut tirer beaucoup d'informations de conversations générales sur les besoins. Ces données peuvent être inscrites au bas de la page du registre.

Procès-verbaux des réunions

Le comité local peut aussi instituer un système simple d'enregistrement des activités liées au programme de diffusion des fourneaux, par exemple sous forme de procès-verbaux des réunions. On trouvera un exemple de fiche d'enregistrement à l'annexe 5.

Journal

On peut aussi tenir un journal pour y inscrire les événements locaux. Le responsable d'un projet, financé par la Fondation Ford, ponant sur deux villages au nord de l'Inde a tenu un journal détaillé des impressions des habitants, en matière de variation de la consommation de combustible, du temps de cuisson et de l'aspect de la cuisine. Il a commencé par effectuer des essais pour évaluer le temps que mettait l'eau à bouillir et le volume d'eau bouillie à quantité de bois égale dans les chulas traditionnels et dans les nouveaux. Dans 14 ménages (la moitié d'entre eux disposant d'un nouveau fourneau), le poids de bois utilisé en six semaines a été enregistré par des écoliers sous le contrôle direct du responsable du projet. Des essais ont ensuite été réalisés pour établir si les nouveaux fourneaux étaient plus efficaces que les anciens.

Au Népal, l'institut RECAST a effectué de façon informelle le suivi de l'acceptation des fourneaux dans un village, en se rendant fréquemment chez les habitants pour discuter des problèmes éventuels. Le responsable du programme a tenu un journal des activités. Environ 15 ménages ont réalisé des tests d'ébullition de l'eau. Parallèlement, on a recueilli au moyen d'un questionnaire des données de base sur les ménages dotés ou non de nouveaux fourneaux. Les tests ont été répétés au bout de 6 mois d'utilisation des fourneaux.

Méthodes d'essais contrôlés

Les programmes disposant de ressources importantes peuvent utiliser cette méthode de collecte des données.

On choisit au hasard une quinzaine de ménages pour participer à la phase initiale d'essais sur le terrain. On donne à chacun d'entre eux une quantité de combustible fixée à l'avance. On mesure la consommation de combustible une ou deux semaines avant et après l'introduction du fourneau. Des données socio-économiques sur chaque famille sont recueillies au cours des essais. L'annexe 8 indique en détail la procédure à suivre. Dans certains cas, il s'est avéré difficile de suivre cette dernière en raison de facteurs culturels. Au lieu de mesurer le combustible, on peut interroger les ménages sur l'argent qu'ils dépensent pour l'achat du combustible ou on peut faire des essais de cuisson fréquents. Les essais sont renouvelés six mois après l'installation des fourneaux.

L'équipe peut aussi évaluer la réaction des habitants après l'introduction du fourneau en utilisant soit un registre, soit un journal pour y reporter les informations.

Phase élargie d'essais sur le terrain

Des enquêtes sont généralement utilisées pour recueillir les informations au cours de cette phase.

Au Sri Lanka, un questionnaire a été adressé à 200 des 500 ménages disposant d'un nouveau fourneau. L'enquête a été menée par les membres de l'équipe de suivi, choisis dans les villages environnants (il ne s'agit donc pas d'enquêteurs professionnels). Au départ, le questionnaire comportait 30 observations ou questions distinctes. Des tests préliminaires ont révélé que seulement 13 observations ou questions étaient nécessaires pour obtenir des renseignements pertinents. Le questionnaire, tout en étant très simple, a permis de rassembler des informations fondamentales. La plupart des données ont été obtenues à partir d'observations, et la majorité des questions étaient à choix multiples.

Le questionnaire est présenté à l'annexe 6.

Des moyens de vérification ont été insérés dans le questionnaire. Par exemple, si l'entretien avait lieu après le déjeuner, que le nouveau fourneau était froid, que l'ancien fourneau était toujours là, et que l'utilisateur répondait qu'il se servait du nouveau fourneau pour tous les repas, l'enquêteur avait tendance à ne pas accepter la réponse. On a recueilli des données sur la qualité de la construction du fourneau, ce qui permettait de vérifier les idées des utilisateurs concernant les économies d'énergie, car un vieux fourneau a plus de probabilités d'économiser du combustible qu'un nouveau fourneau mal construit. Dans certains ménages, les gens ont indiqué leurs motifs de satisfaction ou de mécontentement à l'égard du fourneau, qui ont été annotés au bas du questionnaire sous la rubrique «commentaires».

Il a été facile de stocker et d'analyser les informations tirées du questionnaire succinct. Néanmoins, bien qu'on ait obtenu ainsi une vue précise des problèmes de conception et des taux d'utilisation, on n'a pas pu avoir d'informations détaillées sur les raisons pour lesquelles certains modes d'utilisation étaient observés dans certaines zones.

Si possible, ce type d'enquête peut être suivi d'entretiens approfondis. On choisit 4 à 8 ménages représentatifs à la fois de modes d'utilisation et de catégories socio-économiques. Un sociologue qualifié peut passer quelques jours dans chaque ménage pour se faire une idée précise des habitudes culinaires, de l'emploi du temps, des processus de décision, des façons d'utiliser le combustible, etc.

Certains programmes, par exemple le Programme de foresterie communautaire au Népal, disposent de davantage de ressources, ce qui permet de faire des enquêtes beaucoup plus complexes que celles des petits programmes. Un exemple d'enquête détaillée est présenté à l'annexe 7. Les questionnaires sont élaborés soit par l'unité de suivi et d'évaluation, soit, dans certains cas, par le responsable. On les expérimente d'abord dans 20 à 90 foyers pour savoir quelles sont les questions redondantes, équivoques ou peu claires.

Au Népal, le questionnaire visait à déterminer la durée d'utilisation du fourneau, sa consommation, et les raisons pour lesquelles il n'était pas employé. Etant donné que les données de base sur les ménages étaient recueillies en début de mise en oeuvre du programme sur le terrain, on pouvait attribuer les modes d'utilisation à des facteurs tels que la taille du ménage, le type de fourneau, l'appartenance ethnique, le type de fourneau tradition, l'état du fourneau, la fréquence d'entretien, le mode d'installation, l'adaptation des récipients au fourneau, les économies de combustible constatées, les temps de cuisson, la commodité, l'efficacité du programme de promotion et de vulgarisation et la catégorie socio-économique.

Des moyens de vérification similaires à ceux du questionnaire utilisé au Sri Lanka ont été prévus. On a également ajouté une question sur "l'intention d'acheter un fourneau de rechange" pour aider à déterminer l'acceptabilité du fourneau. Le questionnaire a été conçu de façon à ce que les données puissent être introduites rapidement dans le micro-ordinateur du projet. Il a été géré par des enquêteurs qualifiés cl expérimentés.

Les expériences menées au Kenya et en Indonésie ont montré qu'il n'est pas rentable d'utiliser un seul questionnaire pour obtenir à la fois les données de base et les renseignements concernant les modes d'utilisation et l'acceptabilité. En effet, ces questionnaires sont longs et difficiles à interpréter. Ils peuvent être mal utilisés et traités si les fonds et le temps sont limités, ce qui peut aboutir à des résultats peu fiables. Dans la plupart des cas, il a fallu si longtemps pour analyser les données que celles-ci n'ont guère servi à la gestion du projet.

Phase de diffusion

Au cours de cette phase, on peut contrôler quatre éléments du programme: la qualité des actions de vulgarisation dans les programmes où les fourneaux sont installés par les fabricants; la production de fourneaux; les ventes de fourneaux sur le marché (ils peuvent être portatifs ou avoir besoin d'être installés par le ménage); enfin, les raisons pour lesquelles les gens adoptent ou n'adoptent pas les fourneaux ainsi que l'impact du programme.

Fiche concernant l'installation

L'annexe 5 présente une fiche de suivi des fourneaux améliorés qui a été mise au point par la département de foresterie communautaire au Népal et qui a été utilisée pour évaluer la qualité de l'installation. Le fourneau se compose de trois parties en céramique reliées avec de la terre. Il est installé par un habitant du lieu, et le promoteur du district (l'agent de vulgarisation chargé des fourneaux) fait une visite dans les ménages après son installation. Les données recueillies fournissent des renseignements sur l'efficacité du programme de vulgarisation (ex: le vulgarisateur s'est-il rendu dans le foyer à temps, et les gens savent-ils nettoyer le fourneau). L'agent peut se servir d'une liste comme aide-mémoire. Au cours de la première visite, le promoteur montre comment utiliser et entretenir le fourneau. Il revient trois mois plus tard pour voir si des problèmes se posent concernant soit le fourneau lui-même, soit la façon dont les utilisateurs s'en servent. Les fiches sont examinées régulièrement par le responsable du projet ou par l'unité de suivi et d'évaluation.

Les informations tirées de ces fiches peuvent aider à établir l'efficacité de la vulgarisation. Le personnel du programme devrait parfois examiner les données obtenues avec les vulgarisateurs afin, d'une part, de vérifier les informations et, d'autre part, de les encourager à prendre le temps de remplir les fiches correctement.

Suivi de l'unité de fabrication

Plusieurs méthodes peuvent être adoptées pour le suivi des informations en provenance de l'unité de fabrication. Au Népal, on a effectué une étude des cadences de production sur deux unités. L'étude a été réalisée au démarrage de la production, puis 3 et 6 mois plus tard. On a établi un registre très simple pour enregistrer les données suivantes:

Date

Nombre de fourneaux produits

Nombre d'ouvriers

Kg d'argile

Nombre de fourneaux passés à la cuisson

Nombre de rebuts

Nombre de fourneaux vendus























Suivi des ventes

On peut utiliser un diagramme mural pour illustrer les ventes de fourneaux. Les informations peuvent être inscrites sur un registre et transcrites directement sur le tableau dont les coordonnées indiquent le nombre et le prix des fourneaux vendus à différents points de vente ou par différents vendeurs chaque mois. L'expérience a montré que les prix varient en fonction de l'offre et de la demande, de même qu'en fonction du lieu. On peut aussi tenir des fiches pour chaque vente, sur lesquelles on transcrira les renseignements sur les ventes, sur les prix et les réactions des utilisateurs.

Modes d'adoption et impact

Pour contrôler les modes d'adoption et l'impact du programme sur les ménages, il faut rassembler des informations pendant au moins deux ans. Choisir au moins deux villages représentatifs (ou groupe de maisons en milieu urbain) dans chaque zone d'application du programme. Entreprendre une étude socio-économique détaillée sur les types de cuisine, l'hygiène et la consommation de combustible. Les fourneaux peuvent être introduits dans un village et pas dans l'autre afin d'effectuer des mesures détaillées, des observations et des entretiens pendant deux ans pour déterminer les changements entraînés par l'adoption du nouveau fourneau.

Le programme peut notamment servir à déterminer:

1) si les fourneaux ont été diffusés d'un village (ou groupe d'habitations) à un village (ou groupe) voisin et pour quelle raison?

2) quels changements d'ensemble sont attribuables à l'introduction du fourneau en matière de: consommation, type de combustible, temps de cuisson, maladies liées à la fumée et au manque d'hygiène, organisation de la cuisine, emploi du temps, niveaux de participation aux programmes de développement en cours, volume de nouveaux programmes?

Il est extrêmement difficile de préciser le type de questionnaire à utiliser. Des enquêtes à grande échelle ne sont pas souvent réalisées. L'annexe 8 présente un type de suivi utilisé par un programme, qui montre comment un questionnaire peut être structuré et conçu.

Stockage des données


Système de cartes
Registre de recherche
Stockage sur ordinateur

Un programme de suivi complet fournira une grande quantité d'informations. Certaines peuvent être utilisées sur le champ, tandis que d'autres pourront être stockées pour utilisation ultérieure. Le traitement et le stockage sont souvent peu organisés, d'où pênes de données et difficultés d'analyse. Les programmes peuvent disposer d'un ensemble de techniques de stockage manuel et informatique à des coûts relativement modérés.

Système de cartes

Cette technique est très appréciée des anthropologues. Les données sont normalement segmentées, codées et stockées dans un fichier principal, qui peut être divisé en villages et subdivisé en ménages. On peut transcrire les informations principales sur une carte:

Nom:

Type de fourneau:

Nombre de fourneaux:

Date d'installation:

Nombre d'enfants:

Date des visites des vulgarisateurs:

Groupe ethnique:

Noms des agents:

Indicateurs socio-économiques:

Date d'arrêt d'utilisation du fourneau:


Date de réparation:


On peut noter au dos une série de numéros de référence concernant d'autres renseignements sur la famille.

Information

carte n°

Coûts et avantages perçus (11):

Données sur la consommation de combustible (15):

Modes d'utilisation (14):


Ces données seront souvent codées pour en faciliter l'analyse. Voici, par exemple la cane n°14:

14. Modes d'utilisation

Village n°

N° de la maison

Utilisation:

1

c

2

e

3

a

4

d



a = tout le temps...
e = pas du tout


Certaines données sont regroupées avant d'être codées. Par exemple, le statut socio-économique peut reposer sur une combinaison d'indicateurs tels que: logement, propriétés foncières, occupation. Une famille peut avoir une position élevée si elle possède plus de 5 acres ou si un des membres est fonctionnaire. La situation moyenne pourrait correspondre à une maison de 3 pièces et des terres de 3 à 5 acres.

Registre de recherche

Certains programmes utilisent un grand registre. Toutes les informations concernant une famille sont codifiées puis inscrites sur le registre, comme dans l'exemple ci-dessous:

Date

Nom

N° de la maison

Nb de personnes

taux d'utilisation

Economies de combustible

Niveaux de fumée

1/10/83

Min

8

6

C

E

A

3/02/84

San

6

5

D

A

B







Etc.


Stockage sur ordinateur

Si on dispose de ressources suffisantes, on peut stocker les données sur des micro-ordinateurs relativement bon marché. On peut acheter un programme spécial de statistiques ou de gestion de données, qui permet de créer des fichiers de ménages dans chaque village ou chaque district. Les données concernant chaque ménage sont enregistrées. Le programme permet de recueillir des informations sur un thème particulier (ex: acceptabilité) à partir de chaque fichier. Il permet aussi de rechercher le fichier contenant les informations nécessaires.

On peut utiliser deux types d'ordinateurs: l'un basé sur le système d'exploitation MS-DOS (ex: IBM PC ou compatible), l'autre Apple de Macintosh. Ce dernier est plus cher mais plus facile à utiliser et produit des rapports de bien meilleure qualité. Si le personnel du programme ne s'est jamais servi de micro-ordinateurs pour les statistiques, il est vivement conseillé de faire appel à un spécialiste pour configurer le système et former le personnel, ou d'embaucher un programmeur qualifié.


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