Page précédente Table des matières Page suivante


LES OUTILS

Les outils du DSEP sont les instruments qui servent à recueillir, à synthétiser et à analyser les informations de manière à la fois appropriée et participative.

Il convient donc d'aborder ces outils avec une certaine ouverture d'esprit; il sera le cas échéant nécessaire de les adapter ou de les repenser pour répondre à chaque situation. Considérons-les donc comme des “idées” qu'il faut développer en fonction de la réalité du terrain. Jonglez avec eux pour trouver ce qui marchera, et ce qui suscitera la meilleure participation.

Combinez les outils de diverses manières. Par exemple utilisez les “jeux” de classement, notation et tri pour rendre les enquêtes plus intéressantes. Associez les études de cas communautaires au théâtre populaire et au spectacle de marionnettes.

Bien des outils permettent, individuellement, de recueillir des informations tout en contribuant à développer l'aptitude à communiquer. Les dessins et discussions en sont un exemple. D'autres outils sont plus spécifiques, comme l'évaluation des taux de survie.

Tous les outils, parce qu'ils sont élaborés avec le concours de la communauté et à son intention, servent aussi à la vulgarisation et à l'apprentissage.

Soyons souples. Si un outil fonctionne mal, il faut le repenser, ou en suggérer un autre.

Choisir le meilleur outil dans une situation donnée est un processus original et créatif. Pour aider à resserrer l'éventail de choix des outils appropriés, nous indiquons dans les pages suivantes les caractéristiques de chacun, en donnant quelques indications pour déterminer ceux que la communauté jugera les plus utiles. Il faut que les communautés sachent ce dont elles peuvent disposer, et qu'elles choisissent ce qui leur semble le plus approprié.

Les outils sont présentés dans ce chapitre de manière à encourager la créativité et la souplesse, tout en proposant des orientations claires à ceux qui en éprouveraient le besoin. Ces orientations (Utilisation de l'outil) pourront être utiles au départ, les utilisateurs trouvant une certaine latitude d'adaptation à mesure qu'ils se familiarisent avec la méthode. Les descriptions qui suivent sont brèves, et portent sur les adaptations d'outils que connaissent bien la plupart des vulgarisateurs. Il existe des textes méthodologiques sur l'utilisation de la plupart de ces outils et ce qui suit ne prétend pas les remplacer (choix et taille des échantillons, ou méthodes de recherche). Notre propos est seulement d'illustrer les adaptations que l'on peut apporter, ou qui ont déjà été pratiquées pour renforcer la participation des populations locales.

Bonne chance avec ces outils! Le DSEP doit être une expérience stimulante et dynamique, riche d'enseignements pour tous.

8. LES OUTILS DU DIAGNOSTIC, SUIVI ET EVALUATION PARTICIPATIFS

8.1 QUELQUES DIRECTIVES POUR CHOISIR LES OUTILS LES MIEUX ADAPTES A UNE COMMUNAUTE DONNEE

  1. Observer et écouter. Apprendre comment les membres de la communauté pensent et communiquent. Cela fournira des indications sur les outils susceptibles de donner les meilleurs résultats.

    Demandez par exemple à plusieurs personnes de vous indiquer le chemin du village voisin, et observez la manière dont ils transmettent l'information.

    Dans certaines cultures, on tracera un dessin sur le sol; cela peut signifier que les outils visuels seront les mieux adaptés.

    Dans d'autres, on expliquera: “Suivez la route sur 17 kilomètres et prenez à gauche”. Ces gens-là seront à l'aise avec des outils plus directs et plus complexes.

    Ailleurs encore, on vous dira: “Allez jusqu'au marché du village, et quand vous verrez la boutique du marchand de charbon, prenez la route qui la borde jusqu'à l'arbre penché qui a une grosse branche tombante. Là il y a deux chemins. Le bon, c'est celui qui a deux ornières…etc.”. Les gens de cette communauté pourront préférer les outils qui font appel aux récits et au théâtre.

  2. Observer les habitudes de la communauté. Y a-t-il des livres et des revues dans les maisons? Celles-ci sont-elles décorées d'images? Les outils et ustensiles sont-ils ornés de représentations symboliques?

    Ce genre d'observation indiquera quel type de communication (écrite, orale ou visuelle) est bien assimilé par la communauté.

  3. Chercher à savoir comment l'information circule dans la communauté. Transmission orale exclusivement? Y a-t-il des journaux? Des affiches?

  4. Chercher à déterminer si les efforts de vulgarisation ont été fructueux (ou décevants) dans le passé.

    Une fois que l'agent de terrain sait quelles sont les méthodes de communication les plus courantes dans la communauté visée, l'éventail des outils qui ont des chances de fonctionner se réduit: il ne reste plus à la communauté qu'à choisir parmi les possibilités qui restent.

8.2 INVENTAIRE DES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DES OUTILS

La liste suivante aidera à opérer un tri parmi les outils, en fonction de leurs principales caractéristiques (visuel / oral / écrit) et de leur finalité principale: Analyse des problèmes communautaires (APC); Collecte des données de base (DB); Suivi Participatif et évaluation permanente (SPep) et/ou Séances d'évaluation (SE).

Nom de l'outilVisuelOralEcritObjet principal
1Réunlons de groupexxxxxxtous
2Dessin et discussionxxxxxx APC/DB/SE
3Peintures murales et affichesxxxxxx DB/SE
4Pictogrammes autocollantsxxxxxxAPC/DB/SE
5Histoires à compléter xxxxxxAPC/DB/SE
6Séries d'affiches non classéesxxxxxx APC
7Etudes de cas communautaires xxxxxxDB/SE
8Repérage historiquexxxxxxAPC/DB
9Entretiens semi-structurés xxxxxxDB/SE
10Classement, notation et trixxxxxx APC/DB/SE
11Diagnostic communautaire de l'environnementxxxxxxDB/SPep
12Evaluation des taux de surviexxx xxxSPep
13Recherche-action participativexxxxxxSPep
14Utilisation de cartesxxxxxxTous
15Registres des agriculteursxxx xxxSpep/SE
16Registres de la pépinièrexxx xxxSPep/SE
17Comptabilité communautairexxx xxxSPep/SE
18Analyse PFOCxxxxxxSE
19Théâtre populairexxxxxx APC/DB/SE
20Spectacle de marionnettesxxxxxx APC/DB/SE
21Réalisation de supports visuels sous la direction de la communautéxxxxxx APC/DB/SE
22Réalisation d'enregistrements sonores dirigés par la communauté xxxxxx DB/SE
23Réalisation de vidéos dirigées par la communautéxxxxxx DB/SE

OUTIL 1
REUNIONS DE GROUPE

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Les réunions avec les bénéficiaires, la communauté ou certains groupes (pasteurs, femmes, écoliers) seront l'un des outils les plus importants pour recueillir et communiquer des informations. L'objet de la réunion pourra être d'aider les communautés à:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. On peut s'adresser à un grand nombre de personnes en un temps relativement bref.

  2. Les réunions communautaires sont souvent la première occasion, et la plus significative, pour le personnel de projet de faire connaissance avec la communauté dans son ensemble. Elles renforcent souvent la cohésion de la communauté et sa confiance dans le projet.

  3. Les réunions communautaires ouvertes permettent à tous ceux qui le souhaitent d'y prendre part.

  4. Les réunions ciblées permettent de réunir tous ceux qui ont en commun un problème particulier; ceux qui forment un groupe spécifique de la communauté, comme les femmes ou les chefs; ou ceux qui ne sont pas directement partie prenante, comme les pasteurs nomades.

  5. Les réunions régulières en petits groupes peuvent favoriser une approche collective de l'identification et de la solution des problèmes, être l'occasion de prendre des décisions par consensus, constituer un moyen concret d'encourager le partage des responsabilités, promouvoir les activités de groupe, et permettre de mettre en commun l'expérience collective.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

La réunion concerne en général un grand nombre de personnes. Si elle est bien conçue elle peut être véritablement participative, en encourageant la communication dans les deux sens. Les réunions ciblées, à effectif plus restreint, favorisent mieux la participation, l'échange étant plus équitable quand les problèmes et les ambitions sont partagés, ou quand les membres du groupe sont à l'aise entre eux. Les résultats des réunions en petits groupes peuvent être présentés lors de réunions plus ouvertes, ce qui donne la parole à ceux qui ne savent pas s'exprimer directement devant l'ensemble de la communauté.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:variable en fonction des buts de la réunion, et de l'intérêt qu'elle présente pour les participants.
Dépenses:minimes
Formation:animer une réunion dans laquelle on cherche à établir le dialogue demande un certain savoir-faire et une sensibilisation.

UTILISATION DE L'OUTIL

Pour qu'une réunion soit réussie, il faut l'avoir préparée soigneusement, favoriser le dialogue, entretenir l'intérêt, et faire avancer les choses. Il faut en particulier:

  1. Se donner un objectif bien défini. Savoir ce que l'on attend de la réunion, tant du point de vue des intervenants extérieurs que des villageois. Obtenir l'approbation et la participation des responsables locaux, et veiller à respecter le protocole villageois.

  2. Etablir un calendrier, pour suivre les préparatifs au jour le jour.

  3. Choisir un lieu et un moment commodes. Réfléchir à la taille et à la composition du groupe. Tenir compte de certains impératifs de calendrier et d'horaire, sans oublier que les femmes ne peuvent pas toujours se libérer au même moment que les hommes. Dans certains cas, le lieu choisi peut favoriser ou décourager la présence de certains groupes de la population (femmes, groupes religieux, ou certaines catégories socio-économiques).

  4. Une fois déterminé le moment où la participation pourra être la plus nombreuse, annoncer la réunion assez longtemps à l'avance.

  5. Si des intervenants extérieurs doivent y participer, organiser leur hébergement et les repas.

  6. Informer la communauté ou le groupe de l'objet de la réunion par des affiches, des visites à domicile, des annonces publiques, la radio, le téléphone, et surtout de vive voix.

  7. Si l'on prévoit des réjouissances, s'assurer que l'objectif de la réunion n'en souffrira pas, mais qu'il en sera renforcé.

  8. Prévoir de distribuer des tracts ou des feuillets d'information, et choisir la méthode de distribution.

  9. Prévoir le cas échéant des réunions plus restreintes pour assurer la restitution de l'information, selon une méthode appropriée.

  10. Elaborer une stratégie pour encourager le débat (préparer des questions-amorces, interrompre la projection de diapositives pour ouvrir le débat). Ne jamais perdre de vue que la communication doit fonctionner dans les deux sens, et qu'on favorise l'échange en adaptant convenablement les outils de vulgarisation. Un membre de la communauté, comme un instituteur ou un chef local, habitué aux réunions, peut faciliter l'animation de la réunion.

  11. Quand on anime des réunions, il importe de:

N'oubliez pas qu'une partie de la communauté n'est peut-être pas en mesure de s'exprimer, ou y est réticente. Des réunions distinctes avec ces éléments du groupe peuvent y remédier, les points de vue étant ensuite rapportés devant l'assemblée élargie.

Attendez-vous à une participation nombreuse aux premières réunions, puis à une participation moins fournie par la suite, seuls ceux qui sont particulièrement intéressés ou concernés continuant de venir. Les activités peuvent souvent se décider en réunions de “comité”, le reste du groupe étant tenu au courant périodiquement à l'occasion de réunions élargies. Si la participation aux réunions baisse brutalement, cherchez-en la raison.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

Se méfier des ordres du jour cachés, des groupes qui se servent de la réunion pour mettre leurs propres problèmes sur le tapis… L'animateur peut revenir au sujet du débat en faisant observer que là n'est pas le thème de la réunion du jour, et qu'il faudrait peut-être en organiser une autre pour traiter de tel ou tel problème.

L'animateur doit avoir assez d'autorité pour que le débat suive le cours prévu, mais aussi les qualités d'écoute voulues pour faire participer autant de personnes que possible à la discussion.

La communauté ou le groupe ont volontiers tendance à placer l'animateur en position d'expert, et à lui laisser le soin de la conduite de toute la réunion. Chercher des solutions originales pour renvoyer les questions vers la communauté ou vers le groupe.

EXEMPLES D'UTILISATION

Les réunions de groupe sont sans doute l'outil de communication le plus largement utilisé en développement communautaire. Mais les réunions fructueuses, où l'intérêt ne se relâche pas et où la communication s'établit dans les deux sens sont rares. Cherchez donc des solutions originales pour que le dialogue se noue et que la participation active soit aussi nombreuse que possible. Quelques exemples:

OUTIL 2
DESSIN ET DISCUSSION

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

“Dessin et discussion” est un outil puissant, qui induit une participation active et critique ainsi qu'un processus de découverte. Les usages de cet outil sont les suivants:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. Il est fréquent que les personnes qui vivent dans des communautés où il existe des barrières de classe ou de langue, ou celles qui s'expliquent avec difficulté, trouvent dans le dessin un mode plus libre d'expression de leurs opinions et de leur sentiments.

  2. Les séances de dessin et les discussions sur ce qui a été représenté renforcent le lien entre l'idée et l'action.

  3. Avec le support des représentations visuelles dont ils sont les auteurs, les individus sont mieux à même de discerner les idées et d'élaborer ensemble une analyse. L'identité du groupe s'en trouve renforcée.

  4. Les coûts sont minimes, et si l'on utilise des bons supports, les dessins peuvent servir plus tard pour faire des comparaisons.

  5. “Dessin et discussion” est un outil dynamique et souple de collecte de renseignements.

  6. L'outil peut servir à planifier à l'échelon de la communauté ou de l'exploitation (macro- et micro-planification). Il s'applique à l'analyse des problèmes communautaires, pour visualiser et valider les questions. Il sert aussi en analyse comparative; les dessins peuvent constituer des données de base, et l'évaluation peut se faire à partir d'une nouvelle série de dessins se rapportant au même sujet.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

Les dessins sont produits collectivement par la communauté ou individuellement, et servent d'amorce à la discussion. Dans le cas d'un dessin collectif, le débat peut s'axer sur l'importance de ce qui a été représenté. Dans le cas de plusieurs dessins personnels, le groupe les compare et discute de leur contenu. Cet outil est à privilégier dans les cultures de tradition visuelle et graphique, qui accordent une grande importance à la décoration des objets quotidiens. On peut aussi évaluer “l'orientation graphique” des communautés en demandant le chemin du village voisin, pour voir si on répond spontanément par un dessin, tracé dans le sable ou sur une feuille de papier.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:très variable, selon que les villageois saisissent plus ou moins vite le principe de l'expression graphique commentée. Formation minimale de l'animateur.
Coût:minime; on utilisera pour dessiner ce que l'on trouve sur place: surface plane, papier, tissu, bois, etc.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Présenter l'idée au groupe, en faisant bien comprendre à quoi vont servir les dessins.

  2. Expliquer que l'on ne cherche pas à produire des oeuvres d'art, mais à ouvrir une discussion et à représenter collectivement les vues de la communauté sur un sujet particulier, par exemple les couloirs de passage des pasteurs nomades et les lieux où s'exercent des droits réciproques de pâturage.

  3. Laisser s'exercer la dynamique du groupe. Souvent il suffit de donner à chacun un instrument de dessin et une chance de s'en servir.

  4. Un débat sur l'importance relative des différentes questions peut favoriser la création de dessins très précis.

  5. Il peut être utile de faire dessiner et discuter les villageois en groupes différents (femmes et hommes, propriétaires fonciers et paysans sans terre, riches et pauvres) et de comparer les dessins en réunions élargies.

  6. Demander à chaque membre du groupe de faire un dessin, puis utiliser les dessins individuels pour composer le dessin collectif est une bonne solution de démarrage.

  7. Quand le dessin est achevé (de préférence après maintes discussions), le groupe passe à son analyse. Qu'exprime-t-il sur le sujet que l'on traite? Y découvre-t-on des facteurs que l'on ignorait auparavant? Les choses sont-elles vues différemment? Les interprétations du groupe doivent être notées pour que l'on puisse s'y référer plus tard.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

Il est parfois difficile aux intervenants extérieurs d'interpréter correctement les dessins. C'est pourquoi il est bon d'enregistrer l'interprétation du groupe.

Les participants sont parfois gênés car ils ont l'impression que leur dessin n'est pas artistique. Les rassurer en expliquant bien que cette pratique doit servir à faire comprendre la situation plutôt qu'à produire un chef-d'oeuvre.

EXEMPLES D'UTILISATION

Dans une communauté Turkana, au Kenya, les habitants ont réalisé deux dessins. Le premier, le dessin A, représentait leur village et les problèmes qu'il connaissait actuellement. Le dessin B représentait ce que leur village deviendrait selon eux, une fois les problèmes résolus.

Source: Kenya 1984


OUTIL 3
PEINTURES MURALES ET AFFICHES

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Les peintures murales et les affiches conçues par la communauté permettent utilement de:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. La communauté participe à mesure qu'elle dirige l'artiste.

  2. Les peintures murales et les affiches sont des rappels constants, qui poussent à agir et à faire évoluer les attitudes.

  3. Elles permettent, si elles sont bien placées, d'effectuer en permanence suivi et évaluation. L'objectif représenté graphiquement (par exemple ce que nous voulons que notre village devienne dans cinq ans) s'offre ainsi à la comparaison avec la réalité présente, visible tout autour.

  4. La présence d'un artiste-peintre dans le village peut stimuler l'intérêt et la détermination des villageois, et contribuer à orienter la recherche de solutions.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

Les peintures murales et les affiches conçues par la communauté et réalisées par un artiste-peintre présentent bien des points communs avec l'outil 2 (Dessin et discussion); elles sont en outre plus durables et ont une forte présence visuelle. Il importe surtout que la communauté procède à une discussion et à une analyse collectives pour diriger le peintre.

Les cultures où la tradition graphique est forte seront à l'aise avec cet outil. Le style du dessin doit être conforme à la tradition, aussi faut-il faire appel de préférence à un peintre local. De nombreux groupes religieux utilisent les peintures murales comme sources d'inspiration. Si les gens ont des images pieuses à la maison, fresques et affiches produiront l'effet recherché.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:selon les dimensions de l'oeuvre et la complexité des questions à représenter, le peintre peut devoir séjourner au village de deux jours à deux semaines.
Coût:matériel et produits, rémunération de l'artiste-peintre. Si l'on décide de réaliser une fresque, il faut prévoir et fournir un grand mur plan et abrité.
Formation:il faut former l'artiste-peintre à la méthode, à savoir se laisser diriger par la collectivité, et le sensibiliser aux objectifs de l'activité.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. La communauté doit se mettre d'accord sur le contenu, la présentation et l'emplacement des peintures murales, car elles devront faire partie intégrante du décor quotidien.

  2. Pour bien diriger le travail du peintre, la communauté doit discuter et prévoir ce qu'elle souhaite obtenir. Elle peut esquisser un projet (voir outil 2, Dessin et discussion) et le donner au peintre comme point de départ.

  3. Le peintre, sous la direction de la communauté dans toutes les étapes de son travail, réalise la peinture ou l'affiche.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

EXEMPLES D'UTILISATION

Dans le sud de l'Inde, une ONG qui travaillait à la reconstruction d'un village a fait appel pendant deux semaines à des peintres locaux pour représenter en très grand format ce que les villageois voulaient que leur terroir devienne. Les peintures murales ont été réalisées sur les murs des bâtiments communautaires et sur des rochers qui bordaient le chemin menant au puits. En utilisant un langage visuel, ces fresques faisaient fonction de déclarations d'objectifs.

La même ONG a aussi demandé aux peintres de réaliser des affiches sur tissu pour les activités de vulgarisation. Ces affiches s'adressaient aux villageois et illustraient les fonctions et les mérites des arbres de différentes espèces.

Dans un village d'Amérique latine, les écoliers ont participé à la réalisation d'une fresque. On leur avait indiqué le sujet à illustrer, et un concours avait été organisé sur ce thème. Les enfants ont ensuite présenté leurs dessins à la communauté pour qu'elle en juge, et les lauréats ont aidé le peintre à réaliser la peinture murale.

OUTIL 4
PICTOGRAMMES AUTOCOLLANTS

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Les pictogrammes autocollants s'utilisent pour:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. Cet outil s'est révélé particulièrement utile dans les sociétés hiérarchisées et fortement stratifiées où nombre de questions sont trop sensibles pour être discutées ou même explicitement énoncées. Les pictogrammes, par le biais desquels les questions sont pré-identifiées, atténuent la tension dans le groupe.

  2. Il est particulièrement adapté aux cultures à “orientation visuelle”.

  3. L'aspect “remue-méninges” de cet outil peut débloquer l'imagination et induire une recherche novatrice dans le groupe.

  4. Cet outil, utilisé régulièrement, permet de suivre les besoins de la communauté, et de vérifier si les problèmes continuent d'être identifiés et classés de la même manière.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

On applique sur un tableau de feutre des pictogrammes (ou figurines) que l'on peut ranger ou organiser dans n'importe quel ordre. Ils symbolisent les problèmes courants (feu, pauvreté, érosion du sol, sécheresse, accroissement de la population, etc.) et les solutions correspondantes.

La discussion porte sur le sujet représenté par les figurines ainsi que sur leur position sur le tableau.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:réaliser les pictogrammes et le tableau de feutre demande un peu de temps et de talent. Le matériel fait peut-être déjà partie des kits de vulgarisation, mais on peut l'utiliser de façon plus participative que prévu.
Coût:on peut demander à un artiste local de réaliser les pictogrammes; ceux-ci sont en général réutilisables.
Formation:l'animateur doit connaître les techniques du travail en groupe.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Prévoir des pictogrammes représentant les questions d'actualité, et les problèmes sensibles potentiels. Prévoir aussi la représentation d'un éventail assez large de solutions possibles.

    Une poignée de mauvaises réponses évidentes pourra encourager le groupe à dire non aux solutions toutes faites si elles ne sont pas appropriées.

    Prévoir de quoi réaliser sur le champ de nouveaux pictogrammes pour représenter les solutions ou les questions que le groupe formulera.

  2. Présenter l'exercice et ses objectifs devant un petit groupe (6 à 10 personnes).

  3. Faire participer les gens physiquement, en les chargeant de placer eux-mêmes les pictogrammes sur le tableau, et de les déplacer pour classer les problèmes. La participation sera plus active.

  4. Obtenir que, par le biais du débat, les problèmes et les questions soient bien perçus et hiérarchisés, et que l'on recherche ensuite des solutions possibles.

  5. Conserver une trace de l'image finale donnée sur le tableau de feutre (par exemple en le photographiant) pour pouvoir s'y reporter.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

Cet outil risque de limiter la spontanéité et le dialogue si on ne l'utilise pas de manière à toujours laisser des choix.

EXEMPLES D'UTILISATION

Au Rwanda, le Service Forestier, plusieurs organismes donateurs et des ONG avaient mis au point un ensemble de pictogrammes qui racontaient une histoire; mais, de l'avis des agents de terrain, celle-ci ne conduisait pas à la discussion. Ils cherchèrent donc à utiliser le tableau différemment: ils demandèrent au groupe de disposer lui-même les pictogrammes, en ayant pris soin de cacher l'une des figures-clés pour que les participants en découvrent eux-mêmes la fonction et le besoin, ce qui permettait d'amorcer la discussion.

En Afrique de l'Ouest un groupe a mis au point la méthode GRAAP du tableau de feutre. Il existe plusieurs techniques; l'une consiste à représenter le milieu physique local tel qu'il était autrefois et tel qu'il est actuellement. Les illustrations servent à amorcer la discussion sur les changements qui se sont produits, leurs causes, et les moyens de rétablir la situation si elle s'est dégradée.

OUTIL 5
HISTOIRES A COMPLETER

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Les histoires à compléter permettent:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. Cet outil est particulièrement utile quand tous les membres de la communauté ne savent pas lire et écrire, mais que la culture orale populaire est riche et vivante.

  2. Il se combine bien avec le théâtre et les spectacles de marionnettes.

  3. C'est un outil dynamique, qui invite le groupe à participer.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

C'est une histoire dont il manque le début, le milieu ou la fin. Le groupe discute pour découvrir ce qui pourrait se produire dans la partie manquante.

Le début peut par exemple raconter un problème, le milieu peut exposer une solution, et la fin indiquer le résultat.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:il faut imaginer l'histoire à l'avance. Si la discussion est très animée, raconter l'histoire et reconstituer la partie manquante peut prendre jusqu'à deux heures.
Formation:il faut être bon conteur, et savoir faire participer les autres.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Faire en sorte que la partie manquante de l'histoire éveille la curiosité et la participation du groupe.

  2. Le conteur (ou le marionnettiste, ou la troupe de théâtre) doit savoir écouter et réagir à l'analyse faite par la communauté. La présence de deux animateurs permet à l'un de raconter, tandis que l'autre encourage les participants à remplir les parties manquantes.

  3. Il faut garder une trace de l'histoire et des réponses qu'elle suscite. Le magnétophone est utile, quoique les gens de culture orale ont en général une excellente mémoire.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

Il faut absolument un bon conteur, qui comprenne bien où l'on veut en venir; or il est parfois difficile de trouver dans une communauté donnée la personne qui possédera ces deux qualités.

EXEMPLES D'UTILISATION

En Afrique de l'Est, un conteur racontait son histoire caché derrière un écran, tandis qu'un personnage masqué jouait le rôle de la grand-mère (le conteur traditionnel dans cette culture) sur le devant de la scène. L'histoire (authentique pour la communauté) est celle d'un groupe de femmes qui cueillent des herbes médicinales dans la forêt pour soigner leurs familles: un agriculteur, revenant de l'étranger, reçoit une grande superficie de terre forestière pour l'exploiter en cultures mécanisées. Il commence à abattre les arbres. Les villageoises sont très tristes, mais ne savent que faire. Le “milieu de l'histoire” est volontairement omis. A la fin du récit, on apprend que les femmes du village non seulement ont assez de médicaments pour leurs propres besoins, mais qu'elles vendent leurs remèdes à la ville voisine. La communauté a ensuite reconstitué ce qui avait pu se passer entre temps, pour que la fin de l'histoire soit vraisemblable.

OUTIL 6
SERIES D'AFFICHES NON CLASSEES

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Cet outil permet de:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. La discussion qui s'établit autour de la mise en ordre des affiches est l'aspect le plus intéressant de cet outil.

  2. On peut l'utiliser avec différents groupes de la communauté, et comparer ensuite les différents classements qui auront été établis.

  3. Cet outil est particulièrement adapté aux communautés où le sens graphique et visuel est développé.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

L'outil consiste en une série d'affiches représentant des incidents survenus dans la vie de la collectivité, normalement sur une longue période. Les images doivent être classées par le groupe dans l'ordre chronologique pour illustrer le récit de ce qui s'est passé. Elles peuvent mettre en scène l'histoire de la communauté, ses problèmes, ses croyances, ses pratiques, ses valeurs, ou les questions qui y sont en jeu.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:la réalisation des affiches est assez longue, mais elles resserviront souvent. La mise en ordre peut prendre jusqu'à deux heures, selon que la discussion est animée ou non.
Coût:la réalisation des affiches peut entraîner des frais.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Expliquer au groupe le but de l'exercice.

  2. Montrer au groupe l'ensemble des affiches, et ouvrir un débat sur chacune d'entre elles pour établir en quoi elle concerne la communauté.

  3. Si le classement se fait en petits groupes, les affiches peuvent être manipulées et classées par les participants eux-mêmes. Devant un groupe plus nombreux, la position des affiches sera décidée d'un commun accord, et les affiches seront classées et exposées.

  4. Enlever provisoirement une ou plusieurs affiches, et les réintroduire aide à déterminer leur importance. Les avantages de la méthode sont analogues à ceux des histoires à compléter.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

Les affiches déjà réalisées risquent de ne pas prendre en compte un événement important. Il faut avoir sous la main des affiches vierges sur lesquelles dessiner ce qui représentera l'événement manquant.

EXEMPLES D'UTILISATION

Une variante de cette méthode a été utilisée au Bangladesh dans le cadre d'un programme de cordonnerie, pour faciliter la planification. A partir des informations réunies à la suite d'entretiens et de conversations informelles, l'avancement des activités du groupe a été représenté visuellement par une série d'affiches. Elles représentaient les buts, les étapes et les activités nécessaires pour atteindre les objectifs. Les membres du groupe devaient ensuite classer ces affiches dans l'ordre qui leur semblait le plus approprié à la réalisation des objectifs fixés, ce qui conduisait à analyser les progrès effectués et à planifier l'avenir.

OUTIL 7
ETUDES DE CAS COMMUNAUTAIRES

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Les études de cas communautaires permettent:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. Les études de cas, rédigées dans la langue locale, contribuent à accroître l'identification sociale des habitants à leur village. Elles peuvent servir de manuel de lecture dans les écoles et les cours d'enseignement pour les adultes.

  2. Le processus de sélection et de prise de décision que le groupe entreprend pour réaliser un portrait de la communauté favorise le débat sur un thème précis. Les études de cas sont un excellent moyen de développer l'auto-suffisance car, pour les réaliser, il faut apprendre à analyser les raisons du changement et les effets que celui-ci entraîne.

  3. Les études de cas communautaires permettent d'obtenir une vision globale d'un problème au niveau de la communauté. Elles favorisent une réflexion profonde et la prise de conscience de la complexité des situations réelles. Elles donnent en outre des informations utiles aux intervenants extérieurs et aux villageois.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

L'étude de cas communautaire fournit une description et une analyse collectives de la communauté ou du groupe bénéficiaire. Cette forme de collecte et d'analyse de l'information permet de situer les questions d'intérêt particulier (liées à la forêt par exemple) dans le contexte général (social, culturel, économique et écologique).

La présentation de l'étude de cas peut prendre diverses formes: dessins, théâtre, chanson, récit, photographies, montage audio-visuel ou enregistrement vidéo. La communauté doit choisir le moyen d'expression avec lequel elle se sent le plus à l'aise.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:variable selon le degré de connaissances recherché. Un intervenant extérieur peut y consacrer jusqu'à six mois; un travail collectif prendra certainement moins de temps.
Coût:variable selon le mode de présentation.
Formation:le travail doit être dirigé par un animateur compétent et enthousiaste.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Les études de cas doivent être axées sur un ou deux thèmes principaux, qui seront développés et situés dans leur contexte. Il faut veiller à ce que ces thèmes soient bien compris et restent le sujet principal, car, à mesure que l'on évoque diverses questions importantes, on court le risque de digressions.

  2. Le personnel du projet doit guider et encourager le travail de recherche, mais la responsabilité doit en revenir à un ou plusieurs membres de la communauté désignés conjointement par leurs chefs et par le personnel du projet.

  3. A la demande de la communauté, des vulgarisateurs peuvent fournir certaines informations, par exemple des statistiques commerciales ou des données sur l'évolution du couvert forestier naturel sur une certaine période.

  4. La méthode de présentation de l'étude de cas doit être choisie assez tôt dans la phase de collecte et d'analyse des informations.

  5. Des informateurs-clés peuvent fournir les données de base, sous réserve de confirmation par d'autres membres de la communauté.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

La réalisation d'une étude de cas peut prendre beaucoup de temps, et si l'on s'enlise dans les détails, l'élan et l'enthousiasme risquent de s'émousser. Il faut que l'animateur apporte en permanence ses encouragements et son appui matériel pour éviter ce piège.

EXEMPLES D'UTILISATION

Au Sri Lanka, le personnel de terrain a utilisé cet outil avec un certain succès pour évaluer des projets achevés. Mais les villageois avaient tendance à donner des réponses toutes faites car ils n'étaient pas directement concernés. C'est pourquoi les agents ont estimé que le travail devait être plus participatif.

Au Pakistan, le personnel de terrain a recommandé de réaliser des études de cas pour renforcer la participation.

Enfin dans une communauté indienne du Canada, c'est la collectivité qui a raconté son propre développement social et économique. Cette histoire a ensuite été adaptée et tournée en vidéo, au bénéfice d'autres communautés indiennes.

OUTIL 8
REPERAGE HISTORIQUE

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Le repérage historique permet:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

Comprendre l'origine d'un problème permet à la communauté et au personnel de projet d'échafauder des solutions sur une base saine.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

Il s'agit de retracer par des images, un texte ou des symboles l'histoire de la communauté ou du groupe bénéficiaire. On établit un calendrier (une grille de temps, par tranches de cinq à dix ans) que l'on remontera aussi loin que va la mémoire des participants. Ce calendrier est axé sur un sujet particulier, par exemple l'aménagement des ressources naturelles ou communautaires, ou la croissance du village et ses effets sur l'environnement.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:minime. Réunion de groupe.
Coût:minime. De quoi écrire ou dessiner le calendrier.
Formation:minime. Le travail peut être animé par quiconque sait utiliser les techniques d'animation de groupe.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Etablir un axe chronologique, avec des intervalles de cinq à dix ans, les événements venant s'y inscrire au fur et à mesure que le groupe en discute.

  2. Laisser le temps voulu pour la discussion sur chacune des “époques”, et s'assurer que tous les événements pertinents sont notés.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

Des questions autrefois sensibles peuvent réapparaître. L'animateur peut alors passer à une autre époque, pour revenir par la suite au point sensible. Le groupe ne doit pas s'enliser dans une discussion détaillée sur chaque fait que l'on évoque.

EXEMPLES D'UTILISATION

Au cours d'une même réunion, une communauté en Asie a établi la chronologie suivante, qui a été illustrée par la suite:

1930Abattage massif dans la forêt pour le palais de Rana
1940Premier recrutement au village pour servir dans l'armée britannique
1945Extraction massive de teck et d'acajou pour l'exportation
1960Introduction du système de panchayat
1970Ouverture de l'école primaire du village
Construction de la route
Début de la liaison quotidienne par autocar
1980Création de la pépinière villageoise et de la forêt du panchayat

OUTIL 9
ENTRETIENS SEMI-STRUCTURES

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

L'objet de l'entretien semi-structuré est:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. L'entretien semi-structuré favorise la communication dans les deux sens, et n'est donc pas ressenti comme un interrogatoire, car les personnes avec qui l'on s'entretient peuvent questionner à leur tour. Cet outil peut aussi servir à la vulgarisation.

  2. Ce type d'entretien permet de confirmer ou de nuancer ce que l'on sait déjà, mais aussi d'apprendre des choses nouvelles. Les informations que l'on réunit ainsi ne sont pas seulement des réponses, mais expliquent aussi les motifs des réponses.

  3. L'entretien semi-structuré facilite la discussion sur les sujets sensibles.

  4. Il aide l'agent du projet à faire la connaissance d'une grande variété de membres de la communauté. Les intervenants extérieurs sont favorisés dans ces entretiens, car ils sont perçus comme étant plus objectifs.

  5. La pratique d'entretiens individuels et d'entretiens de groupe permet d'optimiser les avantages de chaque méthode.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

Les entretiens semi-structurés servent de cadre à une communication réciproque axée sur un sujet précis et menée sur le ton de la conversation. Ils peuvent être réalisés avec des individus ou avec des groupes.

Au lieu de formuler des questions détaillées à l'avance, l'entretien de ce type commence par des questions ou des sujets de caractère général. Les facteurs pertinents sont identifiés dans un premier temps, et les liens éventuels entre ces facteurs et le sujet font ensuite l'objet de questions plus précises (sujets secondaires) qu'il est inutile de préparer à l'avance.

L'entretien semi-structuré n'est guidé que dans la mesure où un ensemble de sujets secondaires (ou un autre fil conducteur, comme le tableau ci-après) est arrêté par avance. Ces préparatifs permettent de structurer l'entretien, sans que le détail des questions soit fixé; la plupart des questions sont spontanées, ce qui laisse la souplesse voulue pour demander des précisions ou débattre de tel ou tel point.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:variable selon le degré d'approfondissement de la question (un entretien d'une demiheure semble optimal) et de la forme de l'entretien (en groupe ou individuel). L'entretien en groupe peut prendre de 2 à 3 heures, l'analyse de 2 à 4 heures.
Coût:minime.
Formation:l'animateur doit être parfaitement formé aux techniques de communication à double sens et d'analyse.

Tableau d'entretien semi-structuré (exemple)

DATE                                
NOM                                 

 SITUATIONGESTION
Description  
Raisons  
Résultats  
Autres facteurs  

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Elaborer une grille comme dans l'exemple ci-dessus et y porter les sujets de discussion (animateur ou équipe chargée des entretiens).

  2. Déterminer la taille de l'échantillon et la méthode d'échantillonnage.

  3. Les enquêteurs peuvent réaliser entre eux des entretiens d'essai pour se familiariser avec les questions, et tester la façon dont ils les posent. Faire aussi quelques essais avec les membres de la communauté pour prendre un peu de recul.

  4. Enregistrer les informations au fil de l'entretien, ou ne prendre que quelques notes et les transcrire par la suite.

  5. Analyser les informations avec l'équipe ou le groupe à la fin de chaque journée d'entretien.

  6. Discuter les résultats de l'analyse avec les membres de la communauté pour qu'ils puissent réagir le cas échéant aux appréciations de l'équipe d'enquêteurs. C'est là un moyen d'accroître la participation.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

De nombreuses informations superflues peuvent apparaître. On recherchera les réponses similaires lors des réunions d'enquêteurs.

Dans un entretien personnel, s'assurer que la personne comprenne bien que ses réponses resteront confidentielles.

Trouver le bon dosage de questions ouvertes tout en dirigeant l'entretien demande une certaine pratique.

Dans les entretiens semi-structurés de groupe les participants peuvent s'interrompre les uns les autres, s'aider mutuellement, ou répondre chacun à leur tour. Il arrive aussi que la discussion dérape et sorte complètement du sujet.

Les enquêteurs doivent être compétents et expérimentés; les erreurs les plus fréquentes sont les suivantes: écoute inattentive, répétition de questions déjà posées, erreur de jugement sur les réponses, questions vagues ou maladroites, questions sortant du domaine d'expérience de la personne interrogée, et enfin, le plus fréquemment, questions qui induisent la réponse. S'entraîner et écouter les critiques d'autres enquêteurs permet d'éliminer les problèmes de ce genre.

EXEMPLES D'UTILISATION

Les entretiens semi-structurés se sont avérés plus participatifs et permettent de réunir davantage de faits pertinents que les questionnaires classiques. Cet outil a été employé au Soudan, au Kenya, en Bolivie et au Nicaragua. L'Université de Khon Kaen, en Thaïlande, l'utilise souvent pour la collecte d'informations dans le cadre de sa méthode de diagnostic rapide en milieu rural.

OUTIL 10
CLASSEMENT, NOTATION, TRI

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

L'outil “Classement, notation, tri” permet:

Cet outil s'utilise pour mieux comprendre les prises de décision individuelles, pour identifier les critères selon lesquels les gens choisissent certains objets ou certaines activités, et pour mettre en évidence les différences de perception entre groupes, par exemple entre propriétaires et paysans sans terre, ou entre forestiers et populations locales.

Il peut déboucher sur la poursuite de la discussion et de l'analyse parmi les villageois, ou permettre de former les intervenants extérieurs aux réalités locales. Il a sa place dans toutes les phases du projet pour: choisir entre plusieurs activités lors de l'identification des problèmes, suivre l'évolution des préférences, et évaluer les projets en découvrant les raisons pour lesquelles la communauté adopte ou rejette telle ou telle technique ou stratégie proposée par le projet.

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. C'est un outil souple et ludique. On utilise des fiches illustrées ou écrites, qu'il faut trier, classer et noter.

  2. Il fait participer concrètement les gens aux décisions, car ils doivent manipuler et trier les cartes eux-mêmes.

  3. Les informations qualitatives peuvent se traduire en données quantitatives.

  4. L'outil révèle la logique des décisions de groupe; il permet donc de déceler les points qui méritent d'être examinés plus attentivement.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

Cet outil encourage à faire des choix, puis à les évaluer (soit individuellement, soit en groupe). Il est simple et peu onéreux, et permet de réunir des informations indiquant quels choix font les gens, comment ils les font et pourquoi.

Cet outil est très souple. Si par exemple on a besoin de renseignements sur les espèces locales, on a le choix entre les solutions suivantes pour réaliser concrètement et utiliser l'outil:

  1. on étiquette des paniers “premier”, “deuxième”, “troisième” et “quatrième choix”, et on distribue à chacun des participants un jeu de fiches illustrées représentant les différentes espèces. Chacun choisit quatre cartes et les classe par ordre de préférence en les plaçant dans les paniers correspondants. On peut ensuite discuter des raisons des choix, et faire un pointage auquel on pourra se reporter par la suite.

  2. les paniers correspondent à des types d'arbres qu'il est possible de se procurer, et on distribue aux membres du groupe des cartes (ou tout autre ensemble d'objets) représentant les premier, deuxième, troisième et quatrième choix. Les personnes interrogées indiquent alors leurs préférences en attribuant un classement aux espèces, c'est-à-dire en plaçant les cartes dans les paniers.

  3. les cartes correspondant à différentes espèces (représentant l'arbre, ses feuilles, ses fruits, ou simplement son nom si les gens savent lire) sont distribuées, et les participants les classent par ordre de préférence en expliquant les motifs de leur choix.

  4. on distribue les cartes aux participants par paires, et on leur demande de dire leur préférence pour l'une ou l'autre des espèces.

Cet outil permet aussi de connaître l'opinion du personnel de terrain: les membres de la communauté posent les questions, et les agents de projet y répondent.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:variable selon la complexité des objets à représenter. Il faut concevoir, essayer et gérer l'outil.
Coût:minime. Se servir de ce que l'on a sous la main.
Formation:l'animateur doit être familiarisé avec la pratique de cet outil, et il est nécessaire de procéder à un essai rigoureux avant de passer à la pratique.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Organiser une réunion des membres de la communauté ou des bénéficiaires en vue de la conception de l'outil. Le groupe doit recenser ses objectifs et choisir un sujet à examiner. D'autres outils (entretiens, dessin) pourront être nécessaires pour déterminer quels sont les objets-clés à comparer. Ne jamais en choisir plus de six à la fois.

  2. Etablir un formulaire de compte rendu pour l'animateur; ce peut être un simple tableau où sont indiquées les variables à prendre en compte.

  3. Il n'est pas toujours possible d'interroger tous les membres de la communauté ou de l'équipe de projet. Choisir un échantillon représentatif de bénéficiaires. Le sujet traité limite de lui-même le nombre des participants potentiels (s'il s'agit de choisir des espèces pour l'agroforesterie, les non agriculteurs seront éliminés d'office).

  4. Il faut une équipe d'au moins deux personnes pour poser les questions. Elles doivent disposer d'un minimum d'expérience quant au maniement de l'outil et en maîtriser les principes.

  5. Expliquer le principe de l'exercice à chaque individu ou à chaque groupe. S'assurer que les questions et le processus de choix sont bien compris.

  6. Dans le travail par paires, commencer par les deux objets les plus semblables (deux variétés d'Eucalyptus par exemple). Exemple de bonne question: si on vous offrait un de ces deux arbres, lequel choisiriez-vous en premier? La question suivante pourrait être: pouvez-vous me dire pourquoi vous avez fait ce choix? Continuer jusqu'au bout de la liste des comparaisons. Laisser aux participants le temps d'enregistrer matériellement leurs choix.

  7. Enregistrer impérativement les résultats sur les formulaires établis par avance, pour pouvoir en faire un tableau par la suite.

  8. Résumer les résultats selon une présentation aisément compréhensible, par exemple un tableau ou un graphique (voir section 7).

  9. Réunir la communauté pour lui présenter les résultats et en discuter. Cette rencontre avec un auditoire plus nombreux peut faire apparaître des éléments d'information nouveaux et utiles.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

Il importe de bien tester l'outil. La méthode de sélection et les choix à faire doivent être bien compris de tous. Eliminer impitoyablement les méthodes et les choix d'une clarté douteuse.

Il est parfois difficile d'enregistrer les réponses si on demande d'expliciter les choix, notamment en séance de groupe. Un magnétophone peut être utile.

Les décisions sont subjectives. Etre attentif à la situation des participants. Les résultats doivent être aussi fiables que possible. Les conclusions ne sont pas toujours applicables ailleurs, en raison de la subjectivité qui entache nécessairement le travail.

Cet outil peut être d'une utilisation complexe, et exiger beaucoup de temps si l'on veut faire trop de comparaisons à la fois. Se limiter à six choix possibles.

EXEMPLES D'UTILISATION

Dans un projet de développement en Ethiopie, six espèces étaient proposées pour la foresterie communautaire. Mais les agriculteurs étaient de toute évidence insatisfaits, et le taux d'adoption de certaines espèces était faible.

Cet outil fut utilisé pour déterminer les préférences des agriculteurs et celles des vulgarisateurs. Les animateurs commencèrent par poser à plat deux carrés de papier représentant deux espèces. Les personnes interrogées devaient dire quel élément de la paire était le meilleur, et pourquoi. On demanda ensuite si l'espèce qui venait en second présentait certaines qualités supérieures, et si l'une ou l'autre des espèces avait d'autres avantages à tel ou tel égard.

Les réponses révélèrent de grandes différences d'opinion entre les deux groupes (agriculteurs et vulgarisateurs). Les agriculteurs préféraient les arbres les plus polyvalents, pas forcément à croissance rapide, les motifs de leur choix étant très différents de ceux des vulgarisateurs.

OUTIL 11
DIAGNOSTIC COMMUNAUTAIRE DE L'ENVIRONNEMENT

OBJECTIFS ET FINALITE DE L'OUTIL

Le diagnostic communautaire de l'environnement sert à recueillir des informations sur les effets des activités prévues ou achevées sur le milieu, et à les analyser afin de:

QUALITES ET AVANTAGES PRINCIPAUX

  1. Cet outil est utile aux bénéficiaires, à la communauté et au personnel de terrain.

  2. Les évaluations permettent de mieux comprendre dans quelles conditions des effets pervers risquent de survenir.

  3. Elles sensibilisent la population locale aux effets, tant positifs que négatifs, que les projets peuvent avoir sur l'environnement.

DESCRIPTION DE L'OUTIL

Cet outil offre un cadre à l'observation de groupe et à la formulation de jugements de valeur collectifs. L'importance des effets est déterminée par des intervenants-clés, et s'exprime par une valeur numérique, ce qui permet d'établir un score en matière d'environnement. Quoique ce score ne soit pas ce qui compte le plus en soi, la comparaison des notations permet de distinguer l'importance relative de différents facteurs et domaines qu'il faudra surveiller.

RESSOURCES NECESSAIRES

Temps:réunions pour mettre au point l'outil et familiariser le personnel de terrain avec sa pratique. Fabrication du matériel: panneau mural, tableau d'enregistrement des valeurs. Environ deux heures par exercice.
Coût:matériaux pour fabriquer les panneaux et tableaux, etc.

UTILISATION DE L'OUTIL

  1. Après la réunion de la communauté ou des bénéficiaires au cours de laquelle on détermine le sujet à examiner, établir les catégories et construire les questions se rapportant à ce sujet. Travailler avec un groupe de personnes-clés au sein de la communauté. Par exemple:

    La question-clé qu'il faut poser est la suivante:

  2. Les valeurs et les catégories peuvent être inscrites dans un tableau, comme dans l'exemple qui suit. Les valeurs peuvent se noter de la façon suivante:

Effet très positif, clair et décisif+2
Effet positif indiscutable, mais limité+1
Pas d'effet, sans objet, aucune incidence  0
Effet négatif indiscutable, mais limité-1
Effet négatif très spécifique ou important-2

EXEMPLE DE FICHE DE DIAGNOSTIC COMMUNAUTAIRE DE L'ENVIRONNEMENT

PARAMETREScore non ajustéAJUSTEMENTSScore ajusté en + ou en -EFFETS NEGATIFS/POSITIFSCOURT TERME/LONG TERME,
GroupesParamètres individuelsImportance relativePersonnesZonetotal +total -court termelong terme
1234567891011
Numéro          
1aeauqual.        
1beausurface        
1ceausouterraine        
2avégétationcomposition        
2bvégétationdensité        
3asolérosion        
3bsolfertilité productivité        
4agibier poissonfaune        
4bparcs, réserves-        
5asantémaladies liées à l'eau        
5bsantéconcentration de la population        
5csantéexposition aux risques        
6asocio-économiquesécurité alim.et adéquation        
6bsocio-économiqueéquité du revenu        
6csocio-économiqueefficacité institutions locales        
6dsocio-économiquemode de vie        
7aadministrationrègles, lois        
7badministrationdroits, devoirs et avantages pour la population        
7cadministrationpolitiques et services gouvernementaux        

Exemples de paramètres et de facteurs portés dans les colonnes 1 et 2:

  1. Il faut procéder à deux opérations distinctes: observations (résultats des mesures ou jugements); et calculs.

  2. Essayer les questions avec un petit groupe afin que les imperfections soient corrigées et que les animateurs se familiarisent avec l'outil.

  3. Procéder à l'évaluation par groupes. Chaque groupe doit donner une appréciation par consensus indiquant quels facteurs liés à l'environnement doivent être étroitement surveillés.

  4. Cet outil peut être utilisé périodiquement pendant la durée du projet, pour suivre l'évolution des facteurs liés à l'environnement.

PRECAUTIONS D'UTILISATION

EXEMPLES D'UTILISATION

Cet outil est nouveau, et n'a pas encore subi l'épreuve du terrain. Pour plus de précisions, voir Weber dans la bibliographie annotée.


Page précédente Début de page Page suivante