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Avant-propos

L'introduction de plus en plus fréquente d'objectifs de développement rural dans les activités forestières engendre un besoin croissant d'informations de caractère socio-économique. Quoique certaines des informations requises puissent être présentes dans les travaux réalisés pour leur propre compte par les sociologues et les anthropologues, bien souvent celles-ci ne sont pas axées sur le développement ou l'aménagement des ressources naturelles. Lorsqu'ils sont invités à participer à la définition de projets forestiers ou à leur exécution, les spécialistes des sciences humaines ont souvent le sentiment qu'on ne leur laisse pas le temps d'explorer à fond des situations complexes, intimement liées à tel ou tel site. Les forestiers, pour leur part, estiment fréquemment que la profusion de données socio-économiques complique l'analyse, que les informations sont difficiles à mettre en relation directe avec les activités prévues par le programme ou avec les décisions opérationnelles, ou bien que le temps requis pour leur collecte est tel qu'elles arrivent trop tard, ou sont périmées avant de pouvoir être exploitées dans la pratique.

De toute évidence, il était nécessaire de recourir à d'autres techniques de collecte d'informations de caractère socio-économique pour répondre de façon spécifique aux attentes des projets de foresterie communautaire. L'une des méthodes en plein essor dans les projets de développement est celle que l'on qualifie de diagnostic rapide. II s'agit essentiellement d'un processus permettant de comprendre une situation rurale de façon intensive, itérative et rapide, dans un souci à la fois de qualité, de réduction des délais et de limitation des coûts. Le diagnostic rapide se réalise par le biais d'un dialogue direct entre une équipe interdisciplinaire d'effectif léger et la population locale, l'objectif étant d'identifier les contraintes que subit cette dernière et les possibilités de les éliminer.

La FAO souhaitait explorer la gamme des techniques qualifiées de diagnostic rapide et les possibilités qu'elles offrent en foresterie communautaire, à savoir: quelles informations elles livrent, soit à elles seules, soit en combinaison avec d'autres méthodes: comment elles peuvent être appliquées de maniére participative; et quels sont les impératifs, de formation et autres, à observer pours' assurer de la qualité des informations. Une spécialiste, Mme Augusta Molnar, a été chargée d'étudier les diverses méthodes de diagnostic rapide appliquées par les spécialistes et les praticiens dans divers domaines et d'apprécier leur efficacité. Mme Molnar a passé en revue la documentation pertinente et a interrogé un grand nombre de spécialistes des sciences humaines et de différentes disciplines techniques, de chercheurs et d'évaluateurs de projets. Elle a constitué une documentation sur l'application, par les responsables de la conception et de la mise en œuvre d'activités de gestion des ressources naturelles, de méthodes plus ou moins codifiées de diagnostic rapide, et sur la façon dont cette pratique s'harmonise avec les principes et les méthodes exposés par les théoriciens en la matière. La Banque mondiale a apporté une contribution au financement de cette recherche, et a ouvert l'accès à ses réseaux afin d'élargir l'éventail des sources de données. La Banque mondiale et l'Oxford Forestry Institute ont accueilli des réunions de groupes de travail chargées d'examiner la documentation ainsi réunie.

Notre intention initiale était d'élaborer un document sur le diagnostic rapide à l'usage interne de la FAO, dans la perspective d'un examen plus complet des méthodes des sciences sociales. Toutefois, les techniques de diagnostic rapide s'avérant incontestablement fort utiles dans les activités de foresterie communautaire, et compte tenu de la qualité du travail effectué par Mme Molnar et de l'afflux de demandes d'assistance dans ce domaine adressées à la FAO par ses pays membres, il a été décidé de diffuser largement le rapport initial. Il a donc été révisé dans cette optique et trouve aujourd'hui sa place dans la collection des documents de travail publiés dans le cadre du programme «Arbres, forêts et communautés rurales».

Ce programme a vocation d'élaborer et d'enrichir les méthodes, les approches et les outils qui permettront d'aider les populations rurales dans leurs propres efforts d'amélioration de leurs conditions de vie par la gestion de l'espace forestier et agroforestier. En ce qui concerne la FAO, ce programme est dirigé par Marilyn W. Hoskins, Fonctionnaire forestier principal (Foresterie communautaire), de la Division des politiques et de la planification forestières, Département des forêts.

M. R. de Montalembert
Directeur, Division des Politiques et de la Planification Forestières

Objet de la présente note

Les techniques de diagnostic rural rapide (DRR) sont adoptées par un nombre croissant de spécialistes de diverses disciplines et par le personnel des projets, pour répondre aux besoins des programmes de gestion des ressources naturelles: foresterie classique et foresterie communautaire. aménagement des bassins versants, irrigation et mise en valeur des périmètres irrigables, enfin aménagement des parcours. On dénombre une multiplicité d'approches (et de manuels qui les exposent) faisant appel aux techniques de DRR pour définir les projets, analyser les situations locales. planifier les activités sur le site en coordination avec la population locale (ce qu'à la FAO on appelle «négociation locale»), et évaluer l'impact et l'efficacité des interventions.

Ceux qui souhaiteraient mettre en œuvre cette méthodologie ont parfois du mal à choisir entre les différentes approches, à prendre des décisions en matière de temps et de ressources, humaines notamment, nécessaires pour effectuer une enquête ou un travail de planification, ou encore à identifier les pièges dont il faut se garder pour préserver la fiabilité et la pertinence des renseignements recueillis. Avec la prolifération des méthodes et le nombre croissant de nouveaux termes, un «jargon» s'est développé, ce qui plonge le néophyte dans l'embarras quand il cherche à déterminer les points communs entre les différentes approches et à évaluer les compromis inhérents aux choix à opérer.

La présente note de synthèse vise à combler cette lacune. Nous ne prétendons point avoir le dernier mot sur l'utilisation des méthodes de diagnostic rural rapide; notre objectif est simplement de dresser le bilan de la situation actuelle et de fournir des orientations quant aux méthodes prometteuses qui se dessinent. La présente note s'adresse donc à plusieurs catégories de lecteurs:

  1. ceux qui interviennent dans le domaine de la gestion des ressources naturelles et souhaitent connaître les approches prometteuses:
  2. le personnel des organismes donateurs responsables de la conception de projets de gestion des ressources naturelles qui ont besoin de savoir ce que ces méthodes peuvent apporter à leurs projets et de prévoir dans les budgets les éléments de formation professionnelle requis pour effectuer des travaux d'enquête et de planification:
  3. les utilisateurs des techniques de DRR qui veulent savoir quels sont les pièges éventuels à éviter, et comment d'autres s'y sont pris pour y parer; enfin
  4. le personnel des pays bénéficiaires qui ne disposent pas de la documentation voulue pour comparer les différentes méthodes et discerner leurs traits communs.

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